Tower Of Karma

Unknown

Chapter 233

Chapter 231
Chapter 231 of 402
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Chapitre 233 Le champ de bataille menant à Marbourg paralysait leurs sens. Ce n'est qu'en m'appuyant sur la prédominance issue des préparatifs méticuleux de William jusqu'à présent que j'eus l'illusion d'un avantage temporaire. Ils sont forts. Nous pouvons gagner. « Un gamin, c'est fini ? » Il me regarda de haut, comme il l'avait fait il y a longtemps, avec des yeux qui observaient des insectes, et la magie se brisa enfin. « Moi ! » La force de me relever était toujours là. Je devrais pouvoir me lever et montrer ma détermination. Même si mon corps refuse d'obéir. Mon cœur est brisé. « Faible, petit garçon. Épeler des mots forts est la preuve de ta faiblesse. Nous ne renforçons les cœurs fragiles qu'avec des mots. C'est visible et transparent. Un faible qui étale sa vulnérabilité naturelle. » Quand Claude Liwius n'était encore que Claude, avant d'obtenir son nom, tous les adultes le regardaient ainsi. Rabroué, rapetissé, il crachait des mots forts en retour, et ils voyaient ce regard qui les rendait réels. Avec ces yeux qui voyaient la chose pathétique— « Je peux encore le faire. » « Dans ce cas, essaie. Montre-le-moi ! Me battras-tu ? » Seule la bouche. Le corps ne bouge pas. Mon cœur hurle. « Je ne fuis pas et ne me cache pas ! » La coercition de Banjaman, et en réponse, l'esprit combatif qui n'était qu'une lumière venteuse avait disparu. Se voyant faible, Claude fut sur le point d'être écrasé par la pitié. Mon cœur envie ce moi faible qui n'était qu'un faux, face à la vraie force. Mon cœur était brisé. Je n'y peux rien, et c'est accablant. « Si c'est pour te relever, alors j'ai gagné. Comme promis, place le Chevalier Blanc devant moi. » Claude n'était plus dans le champ de vision de Banjaman. Il ne valait même pas la peine de croiser son regard. Mon cœur se brise à nouveau. Je ne peux m'en empêcher, je suis faible. (Il y a du talent, de l'entraînement, mais pas assez d'expérience et d'années. Ce niveau est prématuré. Il y a un mur qu'on ne franchit pas par la seule détermination. C'est ainsi.) Bien qu'il fût un Banjaman indifférent et prétentieux, une certaine affection l'incitait à sourire face à l'ascension d'un jeune homme intéressant. Il montra une technique maladroite, un corps immature, et des mouvements qui trébuchaient maintes fois. (Alors, je vais le consumer aujourd'hui.) Quelque chose deviendra visible lorsque la colonne sera brisée. Même s'il s'agit de l'ennemi, il serait tentant de participer au destin d'un jeune homme plaisant. Tout en songeant que c'était une mauvaise habitude, Banjaman libéra un sentiment de proximité envers « le prochain adversaire ». La pression sur le taureau est bonne. Aucune fluctuation là-dedans. L'atmosphère qui approche progressivement depuis le point précédent mérite la prudence. (Je vais te montrer le champ de bataille.) Au-delà du regard de Banjaman, se tenant là— « Tu plaisantes en prenant un coup ? Tu as fait tomber cent têtes de Galias et d'autres encore. » Elle avait des cheveux blanc-argenté qui flottaient, et son corps était imposant pour une femme. Son aura n'avait rien à envier à celle du « Taureau de Fer » devant elle. « Épargne-nous tes discours sur l'envoi d'enfants au combat. » Son nom était « l'Ours Blanc », Sylvia von Niklinen. « Tais-toi, et fais vite place à l'obscurité derrière toi. » « Quoi ? Je l'ai arrêtée. » « Non. Les négociations sont terminées. La guerre commence. » « Autoritaire... très bien. Je vais te botter le cul. Allez, toi ! » Les subalternes qui s'étaient arrêtés docilement derrière Banjaman firent leur apparition. Le sentiment de proximité de Banjaman et la volonté de ses subordonnés se combinèrent pour créer un flux immense. « Pour les gens gâtés qui ont grandi au chaud dans le sud, allez-y, montrez-leur l'âme du nord ! » « Oh ! » C'était colossal, sans perdre en intensité. L'atmosphère des survivants du nord et celle de Sluvia se mêlèrent, donnant naissance à une aura d'attaque massive. Sluvia brandit sa hallebarde, son arme de prédilection, et avança d'un pas décidé. Banjaman saisit aussi sa masse, comme pour répondre à ce geste, et marcha en avant. « C'est imposant pour une femme. » « On dirait qu'elle rapetisse à l'avant. » Un instant de silence. Deux personnes face à face. Avec un sourire terrible, ils s'élancèrent— « Ne meurs pas ! » Le rugissement devint le signal de la guerre ouverte. Le deuxième jour, le front est fut agité, et la tempête souffla sur les autres champs de bataille. ○ Le troisième jour, bien que des combats acharnés se poursuivissent en divers endroits, ce fut à l'est que l'intensité fut extrême. L'affrontement entre Sluvia et Banjaman n'était plus le son d'êtres vivants. Un choc métallique titanesque retentit, mais le grondement évoquait plutôt la collision de machines lourdes, inconcevables pour cette époque. Personne ne pouvait s'approcher de ces coups, chacun trop massif. Les subordonnés des deux hommes étaient tout aussi redoutables, comme un champ de bataille de géants. À l'est du mur extérieur, il y avait un lieu où personne ne pouvait accéder. « ... Qu'est-ce que c'est que ça ? » La hauteur du champ de bataille était vertigineuse. Une élévation que le jeune Shun Ying ressentait pour la première fois. Je n'ai pas envie de m'approcher. Mon cœur se brise— Adan et Adon continuaient de dominer l'ouest. Quand Rafael tenta de bouger, ses initiatives étaient écrasées avant même qu'il ne puisse attaquer. Raphael ne put accomplir aucun mouvement qu'il désirait, face à cet homme qui manœuvrait le champ de bataille avec agilité. S'il perdait de sa puissance, c'est qu'il était immature. Mais voir une différence aussi nette dans un domaine qui était le sien blessa profondément son orgueil. L'écart se creusait une fois l'avantage pris, et s'il ne réagissait pas, il perdrait tout contrôle. « Raphael, ça suffit. » Les vétérans de guerre que mon père m'avait confiés. Sans eux, l'ouest se serait effondré depuis longtemps. Il comprit qu'il lui serait difficile de les surpasser. Oui, Raphael se répéta qu'il ne pouvait vaincre les chevaliers jumeaux Adan et Adon, expérimentés et victorieux. « Je vous en prie, aînés. Utilisez-moi comme un simple soldat. » Raphael, accablé par l'humiliation. Il n'y avait pas de mots pour mordre ses lèvres ou punir ses regrets. « Laisse faire, mais nous ne pouvons tirer avantage face à ces deux-là. » Des aînés de la même génération que Kevin. La génération la plus expérimentée des enfants Taylors lui vint à l'esprit. Ils se dirigeraient vers l'est et l'ouest, cette génération. « Cependant, si tu te calmes, tu devrais pouvoir contenir avec un léger désavantage. » L'idée d'utiliser l'avantage du terrain, de profiter du bouclier du mur extérieur, pour réduire ne serait-ce qu'un peu l'inégalité. « Si l'adversaire est bon, je ne bougerai pas et resterai en retrait. Dans ces conditions, cinq minutes. » L'expérience de combattre les forts, la frustration avait appris à leur génération l'art de la bataille des faibles. En tant que membre de la famille royale, leur génération avait assez d'expérience pourrie que Raphael n'avait jamais pu acquérir sur des champs de bataille gagnables. C'est pourquoi, même s'ils ne pouvaient être des étoiles brillantes— « L'air de la guerre a changé. » « Je suis immobile, c'est difficile. » Accomplir sa mission dans la boue. Les jeunes ne le savent peut-être pas, mais autrefois, il y eut un homme qui se tenait au sommet d'Arcadia, au milieu des sept royaumes en guerre. Le nom de Valdias, « Fudo ». Encerclé par les nobles des trois grandes familles, il avait pourtant défendu son combat, celui des faibles. C'était la bataille que les forts trouvaient la plus ardue. « Reste calme et adapte-toi. Nous avons la hauteur et les défenses. Pas d'irritation, respecte les bases, aucune raison de perdre seul. Agis avec justesse à partir de là, et tu ne perdras pas. » Valdias grandit, et le sang des faibles coulait en lui. « Je le ferai. » Parmi ceux qui ne l'avaient pas connu directement, « l'héritage » accumulé respirait encore. C'est une seconde victoire. Avançons avec légèreté. Enfin, au sud, ils choisirent de défendre le pont devant eux, et le temps de l'épreuve arriva. Au début, Marie de la « Couronne d'Argent » dominait ou tenait tête. Mais face au jeune génie forgé par la bataille, Marie finit par perdre sa position. Oui, ça suffisait. « Tu joues trop, aînée. » L'homme qui apparut derrière Marie, méprisant. Un corps grand et équilibré, des cheveux blonds flottants évoquant une mer de nuages illuminée. Un bel homme. Une présence naturelle, comme s'il était né pour le champ de bataille. Ni haine, ni esprit combatif. « Bouge, ligne de midi. » « Si tu laisses l'ennemi gagner du temps, tu n'obtiendras pas une seule pièce. Mauvaise habitude, tu ne prends au sérieux que les adversaires à ta mesure ou supérieurs. » « Tais-toi. Si tu me voles mon rôle, assume-le correctement. » « Enchanté, je m'en charge. » Un homme qui tuerait même un allié s'il gênait son coup. Même leurs subalternes en furent surpris. La retenue de « Couronne d'Argent » Jean-Marie-de-Yuveau n'était pas légère. Un homme qui avait renoncé à bien des avantages mais les avait traversés. Un guerrier uniquement tourné vers les arts martiaux, ne correspondant pas à l'apparence de la vie de « Couronne d'Argent ». Y renoncer— « Un homme sans combat se dresse devant moi ! » Même si c'était un ordre du chef— « Quels sont tes sentiments pour ce combat ? » On disait que celui qui lui succédait était plus fort que Marie. Ce n'était pas une raison pour abandonner « Couronne d'Argent ». « Quoi ? » Beatrix était stupéfaite. Un homme dépourvu d'aura quitta son champ de vision, laissant une réponse évanescente. Elle avait frappé de toutes ses forces, Beatrix le savait. Pourtant, le point d'impact était hors de sa perception. « Je pensais en avoir besoin, mais non. Je ne fais qu'obscurcir l'épée, grand-père. » La voix venait de derrière. Une manœuvre incompréhensible. Beatrix était horrifiée. Elle avait combattu autant d'adversaires plus forts qu'elle. Car ses frères et parents étaient bien plus avancés. Elle était habituée aux forts. « Tais-toi ! » La sensation d'attraper un nuage à nouveau. Bien qu'elle eût frappé, elle aurait dû ressentir quelque chose, mais la pointe de son épée était insensible. Doucement et— « Première mort. » Il trancha la fine peau du muscle cervical. L'homme pivota autour de Beatrix. Peut-être, comme avant, Beatrix combattait à une vitesse qu'il ne comprenait pas. « Ton épée est trop directe. C'est pourquoi tu ne peux gagner. » Les mots venant de derrière témoignaient d'une supériorité écrasante. « L'épée d'Oswald— » Une excuse pour les mots de la fierté d'Oswald. « —Ne doute pas ! » Je suis un démon de l'épée. Même en me retournant, une lame puissante revient. « Ne m'ennuie pas. Je ne comprends pas— Où est l'épée ? » Mais elle trancha à nouveau le ciel avec une touche légère. Beatrix perçut que son sens aigu avait bel et bien intercepté l'épée. Seule l'orbite déviée et le fait qu'elle n'avait pas touché le prouvaient, mais cela n'était d'aucun réconfort. « Voilà, tu risques ta vie pour une telle chose. » L'homme cracha sur l'épée d'Oswald et la méprisa. « Deux morts avec ça. Nous sommes faibles, grand-père. » Une fierté brisée anima Beatrix. Et c'est tout— « Trois morts, quatre morts, cinq morts, six morts— » Elle se brisa face à l'homme. « —Dix morts. » Le nom de l'homme était Loran de Leclerc. Son rang : le plus bas, centième. Un homme sans excuse pour être appelé ligne de midi. Mais personne n'essaya jamais de le déchoir. C'est à ce point qu'il était connu. Même en parlant de talent à l'échelle de Galias, nul ne surpassait Loran. Beatrix ploya le genou, sa fierté en miettes. Ses yeux s'obscurcirent. Le chemin qu'elle avait suivi avec conviction vacillait. La fierté accumulée avait disparu. Porter le nom d'Oswald exigeait une force à la hauteur. Elle ne l'avait pas. Celle qui avait sali l'héritage de ses ancêtres désespérait de sa faiblesse. « C'est répugnant. Tes goûts sont mauvais. » Une lame fine effleura l'épée posée sur sa nuque. Les yeux de Marie étaient emplis de pitié. « Laisse-moi au moins la tuer. C'est une courtoisie. » Une nuque blessée. Dix égratignures fines y étaient gravées. « Non, c'est une proie. Bien sûr, je la tuerai si elle ne se rend pas. » « C'est bien. Il manque de retenue pour un guerrier. » « Un principe qui ne me dérange pas, moi. » « Je dis que j'aime ça. » Sur la nuque de la fille dont l'épée s'était affaissée— « » « ! » Une flèche mortelle passa entre Loran et Marie. Trop occupés à tuer, les deux avaient négligé l'essentiel. Une flèche digne de prudence transperça les Galians médusés devant le pont et atteignit même un homme derrière. Visant le cœur sans erreur. « Elle est l'étoile de nos espoirs. Elle ne mourra pas. » L'homme aussi se tenait sur le champ de bataille, stupéfait. Un espace pour une personne s'ouvrit pour accueillir ceux qui se retiraient. L'atmosphère changea quand l'homme apparut, émergeant de la porte entrouverte— « Permettez-moi de m'en mêler, messieurs. » Il était calme, mais loin d'être absolu, et empli de confiance. Le « Chevalier Blanc » William von Liwius. De longs cheveux d'un blanc neigeux attachés en queue, des yeux froids et profonds. L'un des trois héros ayant terrassé un géant en ce monde. L'homme qui changea son époque régnait silencieusement sur les lieux.
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