Tower Of Karma

Unknown

Chapter 234

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Chapitre 234

Soudain, avec l'apparition du général en chef, la tension sur le champ de bataille s'intensifia rapidement. Non seulement les deux adversaires face à face, mais aussi les Daltaniens et Lanceros postés au loin se figèrent. La pression atmosphérique n'était pas aussi écrasante qu'on aurait pu le craindre, mais cette incertitude même engendrait une crainte sourde face à l'inconnu.

« Oh, je peux le faire aussi. »

Le visage de Beatrix, qui s'était relevée, trahissait une fragilité inédite. Son cœur vacillait pour la première fois devant cette expérience brutale : la confrontation avec la mort.

« Gêneuse. »

William trancha d'un seul mot.

« Mais enfin— »

Sans même jeter un regard à Beatrix qui protestait :

« Je serai votre rempart. Abandonnez le pont et repliez-vous. Je ne le répèterai pas. »

Un instant. L'aura meurtrière qui émanait de lui ne fut perçue que par les deux guerriers en face. Leurs regards en disaient plus que des mots. Loran eut un ricanement : « Sérieusement ? » Quelle place occupait-il donc dans ce monde ? Combattre cet homme lui donnerait la réponse. Marie, quant à elle, affichait une détermination nouvelle.

Beatrix avait disparu de leur champ de vision. Tous les yeux convergeaient désormais vers le Chevalier Blanc.

« ... Il est fort ? »

« Aucune idée. Je ne ressens aucune pression, mais mes instincts hurlent de fuir. »

Loran et Marie ne quittaient plus William des yeux. Une attraction terrifiante. Cet homme captait toute l'attention comme un vortex. Les légendes accumulées depuis sept ans les assaillaient, intactes.

« Je vais tester ça. Expérimentalement. »

« Je ramasserai tes os. File vers Galias. »

« Avec plaisir ! »

Loran atteignit sa vitesse maximale en un clin d'œil, avec une légèreté déconcertante. En pure accélération, il surpassait peut-être Wolff. Prodige parmi les prodiges, il visa la gorge du Chevalier Blanc.

(Aucune peur. Inimaginable de perdre. Cet homme a vraiment vaincu le Noir Or ?)

Loran, empli de certitude. Comme toujours :

(Mon coup unique— juges-en !)

William para l'attaque de Loran avec une facilité déconcertante. Le véritable talent de Loran résidait dans l'instant suivant l'impact. Son épée absorbait le choc comme une plume, disparaissant du champ de vision adverse. L'adversaire, préparé à un choc violent, restait sidéré par cette frappe fantôme. Seuls les grands maîtres pouvaient même percevoir la collision.

Telle était l'épée de Loran. La lame intangible façonnée par la nature. Salomon, son mentor, lui avait attribué ce nom :

« Nuage Blanc. »

« Je me suis toujours interrogé. »

Insaisissable :

« Lors du conseil royal, puis sur ce champ de bataille— tu es le seul à ne jamais révéler ton fond. »

Une épée reflétant l'essence d'un homme libre. Arme célébrant le génie affranchi. Ni puissance ni vitesse n'y faisaient rien. Personne n'avait jamais triomphé de cette technique. Personne—

« Enfin je vois... »

—jusqu'à aujourd'hui.

Loran, Marie, et tous les témoins tremblèrent.

« Alors, qu'y a-t-il derrière ? »

L'épée intangible était enchaînée. Immobilisée en l'air comme pétrifiée. Une pression ? Plutôt une froideur inédite. Pour quiconque connaissait le « Nuage Blanc », c'était impensable. Le déséquilibre était flagrant. Défaite en un seul geste.

Une odeur ténue de sang flotta. Le parfum de la mort effleura leurs narines.

« Pas d'ouverture ! »

Dans le sillage des cheveux de Loran balayés par le vent, l'épée de Marie fendit l'air. La lame qui avait impressionné Beatrix quelques instants plus tôt était désormais limpide. William esquiva avec une précision chirurgicale. Bien sûr, il anticipait. Les variations de « Couronne d'Argent » lui étaient familières.

« Belle épée. Galias reste un vivier de talents. »

Mais la lame n'atteignit jamais sa cible. William saisit le poignet de Marie. Le célèbre « Couronne d'Argent », technique héritée de générations, se retrouva paralysée. Aucune pression de la part de William. Juste cette assurance tranquille. Comme si la victoire allait de soi.

« Ne voulez-vous pas me rejoindre ? Marchons ensemble sur la voie royale. »

Un regard glacé. D'une douceur hypnotique pour la plupart. Mais pour ces deux guerriers et les combattants aguerris, il irradiait une terreur indicible. Sans réfléchir, ils rompirent le contact. Un réflexe instinctif. Pour la première fois, des vétérans doutaient.

« C'est vexant d'être rejetés ainsi. Navré, vraiment navré. »

William rengaina son épée. Trop tôt : le combat n'était pas terminé, ils vivaient encore, et le champ de bataille bruissait toujours.

« Je tiens à valoriser les talents. »

Il leva la main. Un signal. Une pluie de flèches s'abattit entre eux et les deux guerriers. Avertissement clair : avancez, et vous serez transpercés.

« Mauvaise passe. Nous devons nous retirer. »

William semblait presque s'excuser. Tout en neutralisant leurs techniques, il remportait la manche. Les deux champions durent regarder, impuissants, son ombre s'éloigner. Leur expérience leur criait que cet adversaire était hors de portée. L'instinct confirmait : la victoire était impossible. Leurs arts martiaux venaient d'être brisés, sans ambiguïté.

« La bataille ne fait que commencer. Que Galias prospère. »

Le silence de Daimon scella la fin de l'échange. Le Chevalier Blanc s'évanouit dans les ténèbres.

Ainsi disparut-il à nouveau, laissant derrière lui un mystère épais. Un arrière-goût amer pour Galias. Son retrait volontaire pesait plus lourd qu'une défaite. Même leurs deux meilleurs éléments n'avaient pu le stopper. L'absence de pression n'atténuait en rien l'inquiétude. Quelque chose avait changé depuis sept ans. Son épée, son aura— tout semblait différent.

L'état-major de Galias avait déployé ses généraux aux quatre coins : Banjaman à l'Est, Adan et Adon à l'Ouest, Arsène, vice-capitaine des Chevaliers d'Or, au Nord. La salle de réunion bourdonnait d'informations à compiler pour le lendemain. Les rapports s'accumulaient, prêts pour analyse.

« Voilà pour les événements d'aujourd'hui. Des questions ? »

Un silence unanime. L'assemblée semblait pressée de passer aux choses sérieuses.

« Entrons dans le vif. Premier point crucial : la confirmation de la présence de William Liwius à la porte Sud de Hambourg. Il a dévoilé son jeu. L'unité est probablement menée par Gregor von Tonder, avec un ratio de huit contre dix. »

« Risqué, mais c'est le seul capable de tenir la position. Sur ordre de Paul, nos Chevaliers d'Or ont localisé trois passages secrets. Nous avons bloqué les fuites vers Marbourg par le Nord. »

Arsène, chevalier personnel de Jean-Paul de Yubault. 21e au classement des cent généraux. Certains murmuraient qu'il aurait pu viser plus haut s'il n'avait été l'adjoint de Paul. Lui n'y prêtait aucune attention.

« L'Est aussi. Deux passages découverts. Les recherches continuent, mais leur configuration laisse peu d'espoir. Nous resterons vigilants contre assassins et failles. »

Banjaman, bureaucrate dans l'âme. Peu intéressé par ces manœuvres souterraines, son impatience transparaissait.

« Trois à l'Ouest. Sans doute plus. Des voies de fuite dignes d'un roi d'Ostberg— leur quantité en dit long sur la qualité de cette royauté. »

Adan et Adon, aussi sarcastiques que d'habitude. Leurs performances n'en restaient pas moins impeccables. Leur génie résidait dans cette désinvolture calculée.

« Rien au Sud. Logique, face à Galias. Nous fouillons encore, mais je doute qu'on trouve. »

Le Daltanien conclut pour le secteur Sud.

« Voilà comment nous coincerons le Chevalier Blanc à Marbourg. Continuons de les harceler. Adan, Adon— serrez la vis. »

« Avec l'adversaire d'hier »

« On aurait pu s'amuser »

« Mais face à celui d'aujourd'hui, seul un imbécile bougerait »

Lydiane se gratta le menton, surpris par cette réponse inhabituellement prudente. Le duo ne se trompait jamais. L'objectif était atteint : localiser William. Inutile d'insister.

« Changeons de sujet. Les liens avec l" Ours Blanc" à l'Est sont tentants, mais trop risqués. Maintenons le siège. À quoi jouent-ils avec cette passivité ? »

Banjaman inclina silencieusement la tête. Aucun mouvement des flancs royaux. Stratégie de Lydiane. Un seul point de rupture possible. Les assassins restaient une menace— d'où la vigilance accrue. Chaque unité pouvait tenir en attendant des renforts.

« Leur ravitaillement s'épuisera. Maintenons le statu quo tout en surveillant leurs tentatives. »

« Bien. »

L'état-major approuva. Malgré les inquiétudes, aucune faille n'était permise. La voie royale restait la seule option. Tous les risques identifiés avaient été éliminés.

« À propos »

« Loran et Marie ont affronté le Chevalier Blanc »

« Impressions ? »

Tous les regards se tournèrent vers eux. Loran prit la parole, l'air troublé.

« J'ai été bloqué. Mon épée... »

« Moi aussi. Il nous a tenus en respect à deux. »

Les assistants froncèrent les sourcils. Le récit des deux guerriers semait plus de questions que de réponses.

« Aucune pression palpable. Ni force ni vitesse exceptionnelles. Mais contrer mon épée requiert une maîtrise absolue. »

« Et cette odeur... cadavérique. »

« Indéniable. Sept ans loin des champs de bataille, pourtant... On dirait qu'il a massacré des centaines. »

« Deux cents ? Insuffisant. Pour qu'un guerrier exhale ce parfum de mort, il faut des milliers. Rien de drôle là-dedans. »

« Exact. »

Le rapport laissait perplexe. Aucune conclusion claire. Une certitude : l'adversaire restait redoutable. Vainqueur du Noir Or sept ans plus tôt.

« Une chose est sûre : il a changé. Impossible de prédire ses intentions. Qu'importe— montrons-lui la force de Galias ! »

Une conviction partagée. La fierté d'une superpuissance. L'enchaînement des victoires définissait leur essence. Daltanian le rappela à tous. Cette pression, ce poids— essentiels.

Car ce fardeau était leur force.

La réunion se dispersa. La guerre reprendrait demain. Malgré leur supériorité numérique, chacun se préparait au prochain coup du monstre capable de miracles. Certaines unités paraissaient détendues— signe d'une tension intérieure maximale.

Troisième jour achevé. Quel mouvement précéderait l'aube ?

Quatrième jour : inertie. Cinquième et sixième jours : avancée méthodique de Galias. Arcadia tentait désespérément de maintenir le moral, mais la chute était inexorable. L'armée de Galias, implacable, instillait un sentiment d'inévitable défaite.

Les réserves s'épuisaient. Les désertions se multipliaient. L'hospitalité forcée de Jean-Paul de Yubault achevait de saper le moral. Même sans pression directe, la fin approchait.

Arcadia allait perdre son Chevalier Blanc. Pourtant, Galias ne relâchait rien. Piégés, étranglés— la victoire n'était plus qu'une formalité.

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