Chapter 148 33.2 - Aftermath
Chapitre 148 33.2 - Les Conséquences
Chapitre 148 33.2 - Les Conséquences
« Hmm… »
Un bourdonnement léger s'échappa des lèvres de la jeune fille allongée sur le lit, déclenchant une réaction immédiate chez Astron et l'instructrice qui tournèrent simultanément leur attention vers elle.
« ... »
Un silence chargé de tension s'installa tandis qu'ils observaient Sylvie dont les paupières battaient faiblement, signes avant-coureurs d'un retour à la conscience. L'instructrice, visiblement sur le point d'aborder un sujet important, choisit de reporter sa discussion après un regard éloquent en direction d'Astron, préférant se concentrer sur la guérisseuse en train de s'éveiller.
« Ah, te voilà réveillée », murmura-t-elle avec une bienveillance qui transforma instantanément son expression habituellement impassible. Une douceur inhabituelle perça dans sa voix lorsqu'elle demanda : « Comment te sens-tu, Sylvie ? »
La jeune guérisseuse cligna plusieurs fois des yeux, visiblement désorientée, avant que la mémoire ne lui revienne progressivement. « Je... Je ne sais pas trop. Qu'est-ce qui s'est passé exactement ? » questionna-t-elle d'une voix encore empreinte de confusion.
Pourtant, même en prononçant ces mots, elle semblait déjà consciente des transformations subtiles qui avaient affecté son corps et son esprit depuis l'incident.
L'instructrice échangea un bref regard avec Astron avant de répondre : « Tu as accompli l'impossible en guérissant Astron. Visiblement, ton potentiel dépasse largement ce que j'avais initialement estimé. »
Sous l'effet de cette révélation, le regard de Sylvie se porta instinctivement vers Astron, et une tempête d'émotions contradictoires traversa ses yeux - un mélange palpable de soulagement, de stupéfaction, et quelque chose d'indéfinissable qui ressemblait à une reconnaissance profonde.
Néanmoins, elle continua de le fixer avec une intensité presque accusatrice, comme s'il avait commis une faute impardonnable.
Après un long moment de silence, elle rassembla son courage pour poser la question qui lui brûlait les lèvres : « Tu vas bien, Astron ? »
Bien que cette interrogation puisse paraître banale à première vue, elle revêtait une signification particulière pour Sylvie. Elle venait de voir ce même garçon frôler les portes de la mort sous ses yeux.
L'image des blessures atroces qu'il présentait était gravée dans sa mémoire ; elle en avait ressenti toute l'horreur au plus profond d'elle-même.
Ainsi, lorsqu'elle posait cette question en apparence simple, c'était avant tout pour apaiser sa propre angoisse.
« ... Oui... », parvint à articuler Astron en inclinant légèrement la tête. « Grâce à toi », ajouta-t-il après une légère hésitation.
Mais l'expression qu'il arborait n'avait rien d'inconnu pour Sylvie. Cette solennité caractéristique était toujours présente, mais désormais accompagnée d'un évitement manifeste de son regard.
Et pour la première fois, elle pouvait percevoir avec une clarté déconcertante les émotions qui se cachaient derrière ce masque. Depuis l'éveil de son trait, sa perception s'était affinée de manière exponentielle.
« Il est inquiet ? »
La question lui traversa l'esprit. La palette émotionnelle qu'elle discernait révélait une préoccupation certaine, mais elle en comprenait mal la source.
« Et il est en colère. »
Cette colère était indéniable, une émotion vive qui éclaboussait son cœur, probablement en réaction aux événements survenus dans le donjon.
La haine aussi était présente, bien plus intense qu'auparavant, comme un feu couvant sous la cendre.
Mais le plus troublant, c'était l'absence totale de peur ou de remords dans son cœur, comme si sa propre vie n'avait à ses yeux qu'une valeur négligeable.
« Pourquoi ? »
L'interrogation lui brûlait les lèvres.
« Pourquoi ne donnes-tu aucune importance à ta propre vie ? »
Mais elle n'eut pas l'occasion de formuler cette question car l'instructrice intervint à ce moment précis.
« Comment te sens-tu réellement, Sylvie ? Perçois-tu des changements particuliers dans ton corps ? »
Ayant observé l'échange silencieux entre les deux jeunes gens, l'instructrice reporta son attention sur Sylvie avec un sourire empreint de douce sollicitude.
Sylvie prit un moment pour effectuer un examen intérieur approfondi. Sa main se porta instinctivement à sa poitrine, comme pour y chercher la trace de quelque chose d'inhabituel. Une expression subtile de réalisation traversa son visage, illuminant brièvement ses traits.
« Je... Je ne saurais dire exactement. C'est une sensation étrange », admit Sylvie, sa voix teintée d'émerveillement et d'une pointe d'appréhension. « Quand je guérissais Astron, j'ai ressenti cette... chaleur particulière. Comme si mon pouvoir avait changé de nature, devenu plus puissant, plus profond. »
L'instructrice hocha la tête avec compréhension. « L'éveil d'un trait s'accompagne souvent de tels bouleversements. Il semble que ton potentiel soit bien plus vaste que ce que tu imaginais. Les circonstances extrêmes ont probablement créé les conditions idéales pour ce réveil. »
Sur ces paroles, l'instructrice se leva avec une grâce naturelle.
« Maintenant que j'ai pu constater ton état par moi-même, je vais devoir prendre congé », annonça-t-elle, son regard alternant entre les deux jeunes gens. « Il est essentiel que la direction soit informée de cette évolution significative. »
Elle se dirigea vers la porte d'un pas mesuré mais déterminé. « Continue à surveiller attentivement ton état, Sylvie. Astron, si tu ressens le moindre symptôme inhabituel, n'hésite pas à te rendre à l'infirmerie de l'académie. »
Sur ces mots d'adieu, l'instructrice quitta la pièce, laissant les deux étudiants seuls, bien qu'un sourire énigmatique ait fugitivement effleuré ses lèvres au moment de franchir le seuil.
TOK !
Le bruit sec de la porte qui se referma marqua le début d'un silence pesant.
Aucun des deux ne semblait disposé à briser ce mutisme. Si Sylvie ressentait clairement de la gêne, Astron paraissait quant à lui absorbé dans ses pensées les plus profondes.
Pourtant, même dans cet inconfort, Sylvie ne pouvait chasser de son esprit les images horribles dont elle avait été témoin une heure plus tôt dans les profondeurs du donjon.
Cette scène cauchemardesque était désormais gravée à jamais dans sa mémoire.
« Pourquoi ? »
Ne supportant plus cette tension insoutenable, Sylvie finit par céder à la question qui la consumait intérieurement. Les sentiments qu'elle avait tenté de contenir jaillirent finalement, la poussant à rompre le silence oppressant.
« Astron, explique-moi pourquoi tu étais dans un état aussi critique ? » demanda-t-elle enfin, sa voix mêlant curiosité et une colère à peine contenue. « Que s'est-il réellement passé dans le donjon B-3 ? Comment as-tu pu subir des blessures aussi graves ? »
Parce qu'elle se souvenait avec une précision terrifiante de ce moment, une colère sourde montait en elle contre ce garçon énigmatique.
Ses yeux scrutèrent intensément son visage, cherchant désespérément des réponses et peut-être un accès à ces pensées qui semblaient le ronger de l'intérieur.
« Mais pourquoi donc ? »
Si la guérison avait été un succès incontestable, ses conséquences laissaient Sylvie avec bien plus de questions qu'elle n'en avait auparavant.
Le passé mystérieux de ce garçon, ses émotions contradictoires, cette haine palpable et cette colère froide, ces individus qui l'avaient pris pour cible dans le donjon... tant d'éléments qui défiaient toute logique normale.
« Tu ne le devines pas ? » La réponse ne se fit pas attendre - typique de sa part, une réponse qui en réalité n'en était pas une.
« Encore une question en guise de réponse. »
Cette manie qu'il avait de répondre aux questions par d'autres questions l'exaspérait au plus haut point, lui donnant systématiquement l'impression qu'il fuyait toute discussion sur lui-même.
« C'est facile de parler du passé des autres, mais quand il s'agit du tien... Tss ! »
Elle se souvint brusquement de ce moment où il avait envahi son espace personnel, lançant des paroles blessantes avec une froideur calculée.
Mais dès qu'il s'agissait de répondre à des questions le concernant, ou lorsque d'autres tentaient de le faire parler, il employait systématiquement des tactiques d'évitement.
« Si je le savais, crois-tu que je te poserais la question ? » rétorqua-t-elle, adoptant malgré elle son style particulier. Astron afficha une expression stoïque, semblant parfaitement indifférent à ce renversement de situation. « Peut-être bien », répondit-il avec une désinvolture calculée, ce qui ne fit qu'accroître l'exaspération de Sylvie.
« Mais si je te pose la question alors que je connais déjà les faits, cela ne signifie-t-il pas que je veux entendre ta version des événements ? » contre-attaqua Sylvie avec vivacité. La réponse d'Astron fut d'une simplicité frustrante : « En effet. »
« Alors ne devrais-tu pas me répondre ? » insista Sylvie, déterminée à ne pas le laisser esquiver cette fois. La question « Pourquoi ? » qu'Astron lui renvoya résonna étrangement dans la pièce, plongeant Sylvie dans une exaspération croissante.
« Pourquoi ? Que veux-tu dire par pourquoi ? » s'exclama-t-elle, sa frustration atteignant son paroxysme. La tension entre eux devint presque palpable, le poids des non-dits et des événements récents planant comme une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes.
« En quoi est-ce important ? » répliqua Astron avec un détachement étudié, son regard se fixant soudain sur la porte. Le bruit de pas approchant trahissait l'arrivée imminente d'autres personnes, et son trait [Perceptive Insight] lui permettait d'en deviner l'identité probable. « Deux filles », songea-t-il intérieurement.
La frustration de Sylvie atteignit de nouveaux sommets. « En quoi est-ce important ? Parce que... parce que peut-être que je peux t'aider, tout simplement ! » s'écria-t-elle, sa voix vibrant d'un mélange complexe d'inquiétude et de colère contenue. Mais avant qu'elle ne puisse poursuivre, Astron tourna lentement son visage vers elle.
« M'aider, hein... C'est tellement dans ta nature. » La voix d'Astron laissa transparaître une nuance de tristesse mêlée à une amertume profonde. Ses yeux violets, pendant un bref instant, révélèrent une complexité émotionnelle insoupçonnée, offrant un aperçu fugace du tourbillon intérieur qui le consumait. « Mais, Sylvie, tu sais quoi ? » Mais avant que Sylvie ne puisse approfondir cette ouverture inattendue, il baissa les yeux, contemplant ses propres mains comme si elles recelaient quelque secret.
« Certaines personnes sont condamnées à parcourir seules leur chemin », murmura Astron d'une voix empreinte d'une gravité qui semblait résonner bien au-delà des murs de la pièce. « Parce qu'elles ont perdu depuis longtemps le privilège de marcher aux côtés de quiconque. »
Son expression demeura un masque impénétrable, dissimulant habilement les méandres de son monde intérieur, mais malgré tout, Sylvie pouvait percevoir avec une acuité nouvelle la culpabilité qui le rongeait.
« Qui est donc cette personne ? »
CRACK !
La question brûlante lui effleurait à peine les lèvres lorsque la porte s'ouvrit brusquement, révélant les amies de Sylvie qui firent irruption dans la pièce avec précipitation.
« Sylvie, comment vas-tu ? » Jasmine se précipita immédiatement au chevet de son amie, son visage empreint d'une inquiétude manifeste. « On vient de m'apprendre que tu t'étais effondrée dans le donjon. Que s'est-il passé exactement ? »
Submergée par cette arrivée soudaine, Sylvie mit un instant à retrouver ses esprits.
« Ne t'inquiète pas, Jasmine. Tout va bien maintenant », tenta-t-elle de rassurer son amie, s'efforçant de projeter un calme qu'elle ne ressentait pas entièrement. « Il y a eu un incident mineur dans le donjon, et je suis intervenue pour secourir quelqu'un, mais tout est rentré dans l'ordre. »
En entendant cette explication, Jasmine recula légèrement, examinant Sylvie avec une attention soutenue.
« Tu as l'air effectivement en pleine forme. » Elle émit un petit son pensif tout en inspectant Sylvie des pieds à la tête. Les yeux de Jasmine s'arrondirent soudain sous l'effet d'une curiosité grandissante. « Attends, tu es allée sauver d'autres étudiants ? Que s'est-il passé au juste ? Ils vont bien maintenant ? »
Sylvie hésita visiblement, se demandant dans quelle mesure elle devait révéler ce qu'elle avait vu dans les profondeurs du donjon, avant de finalement opter pour une version édulcorée des événements.
« Ce n'était rien de bien grave, juste un étudiant en difficulté. »
« Hum... Tu le connaissais ? »
« C'était Astron. »
« Hein ? Astron ? »
« Oui, lui-même. »
« Je vois... Et que lui est-il arrivé au juste ? »
« Il... eh bien, il était là il y a encore quelques instants. » Sylvie tourna les yeux vers le lit voisin, pour le trouver étrangement vide.
Une expression de profonde confusion envahit ses traits.
« Où est-il donc passé ? » demanda Jasmine, ses yeux parcourant rapidement la pièce comme pour y déceler une trace du disparu.
Sylvie secoua la tête, perplexe. « Je n'en ai vraiment aucune idée. Il était là juste avant votre arrivée. »
Jasmine fronça les sourcils, une ombre d'inquiétude voilant son regard. « Il était présent ? Que lui était-il arrivé exactement ? Et surtout, pourquoi es-tu intervenue pour le sauver en premier lieu ? »
Sylvie marqua une nouvelle pause, visiblement en proie à un dilemme quant à la quantité d'informations à divulguer. « Il y a eu un... incident dans le donjon. Je l'ai trouvé blessé, très gravement blessé. Je ne pouvais simplement pas le laisser dans cet état, alors j'ai tenté de le soigner du mieux que je pouvais. »
Les yeux de Jasmine s'écarquillèrent sous le coup de la surprise. « Blessé ? À quel point exactement ? »
Sylvie hocha la tête avec une gravité inhabituelle. « Extrêmement grave. Il avait le bras presque sectionné, et de multiples blessures partout. J'ai vraiment cru qu'il allait... » Sa voix se brisa légèrement avant qu'elle ne puisse terminer sa phrase.
« Un bras sectionné ? Cela semble absolument horrible. Mais tu as réussi à le soigner ? »
Sylvie acquiesça à nouveau, un éclair étrange traversant son regard. « C'était... différent de tout ce que j'avais connu auparavant. J'ai ressenti comme un pouvoir nouveau en moi, comme si j'avais accès à des capacités que j'ignorais posséder. Et je l'ai soigné. C'était presque... miraculeux. »
À cet instant précis, l'autre fille présente fixa Sylvie avec un mélange déconcertant d'admiration et de perplexité. « Miraculeux ? Que veux-tu dire exactement ? » demanda Danielle, ses yeux s'arrondissant démesurément.
Sylvie parut chercher ses mots, visiblement mal à l'aise. « Je ne sais pas vraiment comment l'expliquer. Quelque chose s'est déclenché en moi, et j'ai pu le guérir d'une manière qui dépasse tout ce que je pensais possible. Mais ensuite... il est parti sans même vraiment s'expliquer. »
Alors qu'elle prononçait ces mots, l'expression de la fille derrière Sylvie se déforma fugitivement en une grimace vicieuse, et cette fois, Sylvie ne la manqua pas.
« Hein ? »
Contrairement à auparavant, elle pouvait désormais percevoir cette expression avec une clarté déconcertante. Quelque chose chez Danielle obscurcissait sa vision, masquant des sentiments bien plus sombres qu'elle ne l'avait jamais imaginé.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? »
C'était une dimension qu'elle n'avait jamais perçue auparavant, mais maintenant qu'elle l'avait vue, elle ne pouvait plus ignorer le malaise grandissant qui s'installait en elle.
« Pourquoi est-elle... ? »
Pour la première fois de son existence, Sylvie prenait brutalement conscience que son trait n'était pas infaillible, et cet instant marquerait le début de l'une des plus importantes déviations dans le cours préétabli des événements.