Chapter 162 36.4 - The Forge
Chapter 162 of 1033
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**Chapitre 162 36.4 - La Forge**
« Pour une source d'énergie, est-ce que cela suffirait… »
Au moment où le jeune homme déposa l'objet qu'il avait extrait de son stockage spatial, une quantité phénoménale d'énergie se répandit dans l'atmosphère, saturant l'air d'une puissance presque palpable.
« Ceci… »
Les yeux de Vorgvir s'écarquillèrent, sa pupille se dilatant sous le choc de la révélation.
« Ne me dis pas que… C'est… ? »
Son expression bascula de la stupéfaction à l'horreur en un instant, son esprit reconnaissant immédiatement la nature macabre de l'objet.
Pour un être ayant traversé les âges et témoin d'innombrables atrocités, si l'on devait lui demander quel souvenir le hantait le plus, cette scène figurerait sans doute parmi ses cauchemars les plus persistants.
« Gamin. »
La voix de Vorgvir perdit toute trace de sa gouaille habituelle, révélant la gravité d'un vétéran ayant affronté l'indicible. Les flammes capricieuses autour de lui dansèrent en écho à la tempête émotionnelle qui l'agitait.
« Tu as trois secondes pour m'expliquer comment tu possèdes cette abomination. »
Sa parole trancha l'air comme une lame, soulignant l'urgence de la situation. La caverne sembla retenir son souffle, suspendue à la réponse du jeune homme face à cette découverte ténébreuse.
Le jeune homme conserva son masque d'impassibilité, bien que conscient du poids de sa révélation.
Il soutint le regard du démon ancestral sans flancher, résistant à la pression écrasante émanant de cet être vieux de plusieurs siècles.
« Je l'ai volé. »
Trois mots.
Trois mots simples, mais dont l'écho résonna lourdement dans l'antre rocheuse. Les yeux de Vorgvir, empreints d'une sagesse séculaire, scrutèrent le jeune homme avec une intensité dévorante.
« Tu l'as volé. »
La voix de Vorgvir mêla scepticisme et analyse approfondie. Il connaissait trop bien l'énormité d'un tel aveu, et savait aussi son improbabilité.
Pourtant, son instinct de lecteur d'âmes lui souffla que le jeune homme ne mentait pas.
« Comment ? À qui ? »
Les questions fusèrent, chacune cherchant à percer le mystère entourant l'objet.
« Et sais-tu seulement ce que c'est ? »
Son regard s'intensifia, traquant la moindre faille dans les yeux du jeune homme. Les flammes vacillèrent, comme si elles-mêmes ressentaient la tension transformant cette séance de forge ordinaire en un moment chargé de sens.
« Même si je te disais à qui je l'ai volé, est-ce que tu le connaîtrais, vieil homme ? »
Le jeune homme ne recula pas. Vorgvir perçut une irritation sourde en lui… Sans doute provoquée par l'oppression qu'il exerçait.
« Soupir… Qu'est-ce que je fais ? »
Conscient de la tension qu'il avait exacerbée, Vorgvir inspira profondément, permettant aux flammes de retrouver un rythme plus paisible. Le vieux forgeron adoucit son regard, reconnaissant la rébellion juvénile devant lui.
« Gamin, réponds-moi simplement. Sais-tu ce que c'est ? »
Il répéta sa question, fixant le garçon sans relâche.
« C'est un Noyau de Mana. »
Le jeune homme répondit d'une voix neutre, contemplant l'objet posé au sol. Aucune émotion ne filtrait dans son regard, aucune trace de remords.
« Se doute-t-il de sa composition ? »
Vorgvir réfléchit en silence, observant ses réactions.
« Tu sembles savoir ce que c'est. Alors, connais-tu son origine ? » poursuivit Vorgvir, plongeant son regard dans celui du jeune homme.
Ce dernier soutint son examen sans broncher.
« Oui. Un Noyau de Mana est fabriqué à partir des corps d'humains dotés d'affinités magiques rares. C'est un acte barbare, une corruption de la vie transformée en simple source d'énergie. »
Les yeux de Vorgvir se plissèrent légèrement tandis qu'il assimilait cet aveu, tout en guettant la réaction du garçon face à l'évocation d'une pratique aussi abjecte.
Contre toute attente, le jeune homme ne parut pas ébranlé par ses propres mots.
« Dans ce cas, pourquoi proposes-tu de l'utiliser pour ton arme ? »
Le regard du jeune homme resta aussi dur que l'acier.
« Je connais son origine, et je ne cherche pas à nier son caractère monstrueux. Si cela dépendait de moi, je ne créerais jamais une telle horreur. »
Il baissa les yeux vers ses mains, comme s'il y cherchait une réponse.
Puis sa voix s'éleva à nouveau, tranchante et déterminée.
« Mais je ne rejetterai pas cette opportunité. Je ne suis ni un saint ni un héros, comme je te l'ai déjà dit. Mon arme n'est pas un outil de justice—c'est un instrument de vengeance. »
Relevant la tête avec défi, il croisa le regard de Vorgvir.
« Si j'avais les principes d'un héros, penses-tu que je serais venu te trouver ? As-tu oublié mes paroles ? Même si cette arme est maudite, même si elle est souillée par l'innommable, peu m'importe. Je ferai tout ce qu'il faut pour accomplir ce que je dois faire. »
Vorgvir l'observa longuement, une lueur de compréhension mêlée à une réflexion profonde dans ses yeux anciens. L'atmosphère de la caverne devint pesante, chargée des énergies contradictoires de la vengeance et de l'étrange sérénité de l'atelier.
« Très bien, » déclara Vorgvir, sa voix empreinte d'une solennité nouvelle.
« Je ne remettrai plus en question tes motivations. Si tel est ton choix, alors nous procéderons. Mais retiens ceci, gamin : jouer avec les âmes et la mort n'apporte jamais rien de bon. »
La réponse du jeune homme fut glaçante de détermination.
« Tant mieux. Je n'ai jamais cru mériter le moindre bonheur dans ce monde. »
Ses yeux, en prononçant ces mots, trahissaient une haine de soi si profonde que Vorgvir en fut ébranlé.
« Ah… Je comprends. »
À cet instant, il saisit la vérité.
« Tu te punis toi-même, n'est-ce pas ? Tu essaies d'étouffer ta propre rage en te haïssant… »
Pendant une brève seconde, le jeune homme lui apparut comme ce qu'il était vraiment : un enfant brisé.
« Soit. »
Vorgvir hocha la tête, acceptant la noirceur de sa résolution.
Il ramassa le Noyau de Mana, ainsi que les autres matériaux.
Certes, d'autres composants étaient nécessaires, mais il omit de les mentionner—il les possédait déjà.
« Alors, jeune homme. »
Il regagna son enclume en l'invitant à le suivre.
« Cela prendra du temps. Installe-toi ici, si tu le peux. »
Désormais, il ne pouvait se permettre la moindre distraction. L'arme qu'il s'apprêtait à forger ne serait peut-être pas la plus puissante, mais elle serait sans aucun doute la plus complexe de sa carrière.
« Compris. J'attendrai. »
Le jeune homme inclina légèrement la tête avant de se retirer lentement. Toute trace de colère avait disparu, son visage redevenu un masque de neutralité.
*TAK !*
Alors que la porte de l'atelier se refermait, Vorgvir se retrouva seul avec son art.
Sa main se posa lentement sur le marteau, tandis qu'il s'appuyait contre l'établi.
« Vieil ami… Es-tu prêt ? »
La lueur vacillante de la forge éclaira son compagnon silencieux—le marteau qui l'avait accompagné à travers d'innombrables créations.
« Quel garçon pitoyable, n'est-ce pas ? » murmura-t-il, contemplant les matériaux étalés devant lui. Le marteau, marqué par les ans et les batailles, sembla répondre à son murmure par son poids familier.
Ses doigts enserrèrent le manche usé, trouvant un réconfort dans cette routine ancestrale. Un flot de souvenirs l'envahit—des siècles de forge, des histoires gravées dans chaque étincelle.
*CLANG !*
« Il porte le poids de la vengeance, » poursuivit Vorgvir, sa voix basse et rauque.
« Un chemin pavé de ténèbres. Mais qui suis-je pour le juger ? J'ai vu le monde sombrer dans ses propres péchés. »
*CLANG !*
Le marteau résonna, comme en écho à ces paroles. La caverne devint le témoin silencieux de cet échange entre le forgeron et son outil.
*CLANG !*
« Son arme sera le miroir de son tourment, » déclara Vorgvir, une nuance de résignation dans sa voix.
« Une incarnation de sa quête. Je me demande, vieil ami… Quelles histoires naîtront de cette forge ? »
*CLANG !*
Le marteau, muet mais compréhensif, portait les cicatrices de leurs conversations passées. Dans le silence de l'atelier, les mains de Vorgvir entamèrent leur danse—celle de la création et de la rédemption, une chorégraphie aussi ancienne que le temps lui-même.
*WHOOSH !*
La forge s'embrasa, projetant des ombres mouvantes sur les murs.
*CLANG !*
Vorgvir, absorbé par le rythme sacré de son art, imprégna chaque coup de marteau de siècles de savoir. L'atelier devint un sanctuaire où le métal et la magie fusionnaient, où passé et futur se rencontraient dans la naissance d'une arme hors du commun.
*CLANG !*
Le temps perdit toute signification alors que Vorgvir se plongeait dans son œuvre. Les heures se dissolvèrent, et l'arme prit forme sous ses doigts experts.
Parfois, il soufflait un jet de flammes pour raviver la forge.
Et tandis qu'il martelait le métal incandescent, un chant sourd et mélodieux s'échappa de ses lèvres—une incantation portée par le feu, tissée dans le chant même de la forge.
> « Par l'hymne de l'enclume, l'acier chantera,
> Dans l'ombre dansante, la création s'envolera.
> Par le souffle du feu et la grâce du marteau,
> Forgé divin, une arme à embrasser. »
**? La Divinité de la Forge ?**
**« L'Appel du Dieu Forgeron. »**
*CLANG !*
Le chant résonna dans la caverne, une mélodie mystique épousant le rythme des coups. La voix de Vorgvir, marquée par les ans, invoquait la Divinité de la Forge—une prière au créateur des armes, une demande de bénédiction pour cette œuvre qui transcendait l'ordinaire.
*CLANG !*
Les flammes répondirent à l'appel, dansant avec une ferveur renouvelée. L'air vibra d'une énergie presque palpable, comme si la forge elle-même reconnaissait la dévotion de son maître.
*CLANG !*
Alors que Vorgvir murmurait les paroles sacrées, ses gestes devinrent plus fluides, presque instinctifs. Chaque coup rapprochait l'arme de son achèvement, un symbole à la fois de destruction et de destin.
*CLANG !*
Lorsque le dernier coup retentit, Vorgvir se redressa, épuisé mais satisfait.
Devant lui reposait une arme d'une beauté troublante, imprégnée d'un pouvoir sinistre—
une matérialisation du voyage ténébreux du jeune homme.
Avec un sourire las, Vorgvir chuchota à son marteau : « Une nouvelle histoire s'ajoute à la légende. »
L'arme, irradiant une aura quasi vivante, attendait désormais son maître—un instrument de vengeance, et un témoignage éternel du talent du forgeron légendaire.
« D'innombrables âmes… Prisonnières de cette arme… »
Vorgvir murmura, pensif.
« Sera-t-elle une malédiction… Ou un outil dévoué à son porteur… »