Chapter 645 142.1 - Void Dragon
Chapitre 645 142.1 - Dragon du Néant
Chapitre 645 142.1 - Dragon du Néant
Lorsque je franchis le seuil du passage obscur, l'atmosphère se transforma instantanément, devenant à la fois plus fraîche et plus oppressante, comme si un voile humide s'était refermé sur moi. La porte derrière moi émit une lueur fugace avant qu'un grondement sourd ne résonne—le sortilège de scellement se réactivant, scellant mon destin dans ce couloir secret. Je me retournai lentement, contemplant la toile complexe de filaments manaques qui recouvrait désormais l'entrée, leurs motifs s'entrelaçant avec une précision chirurgicale jusqu'à ce que toute trace de sortie s'évanouisse.
La sophistication du sortilège dépassait tout ce que j'avais pu concevoir. J'activai mes [Yeux du Discernement], forçant ma perception au maximum, mais les fils énergétiques semblaient se dérober à mon analyse, dansant toujours à la limite extrême de ma compréhension.
Ce n'était pas une simple illusion—c'était une éradication totale, transformant l'entrée en un segment indiscernable de la paroi rocheuse environnante. Même mes capacités perceptives les plus affûtées ne parvenaient qu'à effleurer la surface de ce bouclier mystique.
'Vraiment remarquable', songeai-je en laissant ma paume flotter à quelques millimètres du voile énergétique, percevant à peine les vibrations résiduelles. Le mana présent possédait une qualité particulière, empreinte d'une antiquité et d'une pureté qui trahissaient une origine bien supérieure à mes propres capacités.
L'architecture du sortilège ne se contentait pas de complexité—elle présentait une stratification méticuleuse, conçue pour déjouer même l'observateur le plus perspicace.
'Son créateur ne souhaitait pas simplement dissimuler ce passage—il voulait en effacer jusqu'au souvenir.'
Je connaissais la réputation du Clan du Néant en matière de sortilèges occultants, mais ce niveau de maîtrise en disait long sur leur héritage.
'Sans aucun doute. Cela dépasse de loin les techniques employées par Zharokath.'
C'était l'œuvre d'un véritable maître, utilisant des principes magiques bien au-delà de mon entendement actuel. Chaque filament manaque servait un dessein précis, chaque courbe tracée pour repousser, tromper, égarer.
J'étudiai la chorégraphie des énergies entrelacées, leur synchronisation parfaite révélant une maîtrise du mana dont je n'avais trouvé mention que dans les grimoires les plus anciens. Une lueur fantomatique parcourait les glyphes, comme si le sortilège s'était fondu dans la substance même de la pierre, devenant aussi permanent que le tunnel lui-même.
Plus j'observais, plus une certitude s'imposait : ce sortilège datait d'une ère révolue, forgé par une magie ayant résisté aux outrages du temps, imperméable à la décrépitude.
'Il n'est guère surprenant que ma simple observation ne suffise pas à en percer les secrets.'
Je mémorisai mentalement les motifs. La complexité intrinsèque démontrait clairement que le Clan du Néant l'avait conçu avec des intentions transcendantes—soit par l'utilisation d'un mana d'une rareté inouïe, soit par l'application de techniques aujourd'hui perdues.
'Bien que son étude approfondie doive attendre, cela constituera une référence précieuse.'
Après cet examen satisfaisant, je reportai mon attention sur le chemin qui s'ouvrait devant moi.
'Ah... te voilà enfin.'
Le tunnel s'avérait bien plus court que prévu. À quelques enjambées, une plateforme de pierre se découpait dans la pénombre, baignée d'une lueur spectralement belle.
À mesure que j'approchais, son rôle devenait évident : il s'agissait du nexus central du sortilège de dissimulation, sculpté avec une intention précise. Les symboles gravés sur sa surface palpitait faiblement, réagissant à ma présence par des pulsations régulières, semblables aux battements cardiaques d'un colosse endormi.
Parvenu devant la plateforme, je sortis le collier de ma veste, son métal froid reposant lourdement dans ma paume. Les motifs complexes du pendentif correspondaient parfaitement à l'empreinte creusée dans la pierre, jusqu'au plus infime détail.
Je caressai une dernière fois sa surface du bout des doigts, percevant les vibrations manaques résiduelles, avant de l'aligner avec une précision méticuleuse sur son réceptacle.
D'un geste assuré, j'insérai le collier dans sa cavité. Alors qu'il s'emboîtait parfaitement, un bourdonnement profond ébranla l'atmosphère, et les glyphes s'illuminèrent, projetant une lumière laiteuse qui inonda progressivement le tunnel. Les contours de la plateforme se mirent à scintiller, le mana ancestral s'animant en tourbillons complexes, chaque composante du sortilège s'unissant dans une symphonie lumineuse.
Je contemplai l'intensification progressive de la lueur, qui chargeait l'air d'une énergie à la fois paisible et vibrante. L'atmosphère alentour s'épaissit, saturée d'un pouvoir ancien qui semblait appartenir à une ère révolue. Le passage devant moi commença à se modifier, répondant à la clé désormais en place.
'Enfin... le moment est venu.'
Cette pensée me traversa l'esprit tandis qu'un frisson d'anticipation parcourait mon échine.
–ÉCLAT BLANCHÂTRE !
Une lumière aveuglante jaillit soudain de la plateforme, submergeant mon champ de vision et consumant les ténèbres du tunnel en un instant.
Avant que je puisse esquisser un geste, une force titanesque m'aspira, comme si le vide lui-même s'était ouvert pour m'engloutir. La sensation était indubitable—une porte dimensionnelle venait de s'activer, son attraction irrésistible m'enveloppant tandis que l'espace se distordait, comprimant la réalité en un seul instant palpitant.
La plateforme, le tunnel, jusqu'à l'air que je respirais semblèrent se dissoudre alors que j'étais projeté à travers les plis tordus de l'espace-temps, en apesanteur, suspendu dans un entre-deux dimensionnel.
Puis, aussi brutalement que cela avait commencé, la traction cessa. Je sentis la solidité du sol sous mes pieds, et rouvris les paupières.
Devant moi s'étendait un néant cosmique. L'atmosphère ici était dense, saturée d'un mana qui flottait en volutes spectrales. Des lueurs spectrales dessinaient des traînées énergétiques à travers le vide, illuminant par intermittence des structures angulaires jaillissant du sol comme les ossements d'un titan oublié.
Le firmament—si l'on pouvait nommer ainsi la voûte recouvrant ce lieu—arborait une teinte violette profonde, radicalement différente du ciel terrestre ou de tout autre espace connu.
Cet endroit transcendait toute normalité.
'Confirmé... Nous sommes bel et bien dans une dimension parallèle.'
Je m'y étais préparé mentalement depuis le début de cette quête.
La lumière diffuse baignait le paysage d'une clarté envoûtante. Ce n'était ni la chaleur familière du soleil ni l'éclat froid des étoiles, mais plutôt une lueur semblant émaner des confins de l'espace lui-même, comme tirée des restes d'astres mourants suspendus dans le vide pourpre infini au-dessus.
En levant les yeux, je discernai d'immenses corps célestes flottant dans le ciel, leurs formes déchiquetées, fracturées, vidées par des millénaires de décomposition. Planètes mortes ou soleils éteints, ils flottaient tels les spectres d'un cosmos en ruine, témoins silencieux du cataclysme ayant jadis ravagé ce lieu. La voûte céleste tout entière ressemblait à un mausolée de mondes brisés, figés dans une stase éternelle.
'Un plan d'existence séparé du nôtre, perdu dans les limbes du temps et de la destruction', constatai-je, sentant le poids du mana archaïque imprégner chaque molécule d'air. Le sol sous mes semelles était irrégulier et fissuré, jonché de fragments pierreux évoquant les vestiges d'une civilisation disparue. L'atmosphère stagnait, chargée d'un silence si absolu qu'il en devenait presque palpable, comme si le son lui-même peinait à exister en ce lieu.
Des ruines monumentales se dressaient alentour, leurs silhouettes géométriques projetant des ombres nettes sur le sol baigné de cette clarté étrange. Plus que de simples constructions, elles semblaient les reliques d'une réalité alternative, abandonnée aux oubliettes du temps.
J'avançai d'un pas mesuré, chaque contact avec le sol produisant une résonance étouffée, immédiatement absorbée par l'atmosphère dense. Le mana flottait avec nonchalance, formant des serpentins luminescents qui s'accrochaient aux anfractuosités rocheuses comme si la dimension elle-même tentait de préserver les derniers vestiges de vie ayant jadis prospéré ici.
'Cet endroit... conserve la mémoire vivante de sa propre chute', réalisai-je, suivant du regard les vestiges de tours écroulées et de galeries désertes. On aurait dit que la dimension entière était plongée dans un requiem silencieux.
Pourtant, au cœur de ce silence, une pulsation régulière d'énergie vibrait dans l'air, plus perceptible par résonance osseuse que par l'ouïe. Le mana environnant, cette essence séculaire, ne flottait pas au hasard—il convergeait, attiré vers un épicentre lointain. Je pouvais littéralement sentir cette attraction gravitationnelle, drainant les ultimes forces vitales de cette dimension vers une entité—ou une présence.
Je tournai mon regard vers la source de cette attraction, mon corps toujours enveloppé dans les replis de [Ombre-Née], fusionnant parfaitement avec les ténèbres environnantes. La présence était indéniable, son énergie à la fois immense et patiente, consumant méthodiquement les restes de ce royaume. Je laissai mon esprit analyser les indices, les confrontant à ma connaissance du lore du jeu et à mes observations personnelles.
'Comme prévu', méditai-je. 'Le Dragon du Néant... a bel et bien péri. Sa mort a précipité le déclin du Clan du Néant, les rendant vulnérables et les forçant à abandonner l'hégémonie qu'ils exerçaient jadis.'
Mais les Démons Primordiaux comme le Dragon du Néant ne disparaissaient pas simplement. Leur essence persistait, leur puissance trop colossale pour s'évanouir. Ainsi, le Dragon du Néant s'était réfugié dans cette dimension moribonde, se terrant parmi les débris de son royaume pour entamer le long processus de renaissance. Il puisait chaque parcelle d'énergie résiduelle, renaissant lentement de ses propres cendres, fragment par fragment.
'Trois années', me remémorai-je, évoquant la chronologie du jeu original. Dans trois ans, il émergerait de cette dimension restauré, déchaînant sa fureur sur la Fédération dans un assaut cataclysmique, permettant au Clan du Néant de retrouver sa gloire passée grâce à son retour.
Mais cette estimation de trois ans s'appliquait-elle vraiment à ce monde ? Quelle proportion de sa puissance le Dragon du Néant avait-il déjà recouvrée à ce stade ?
Cette question cruciale demeurait sans réponse.
Je me mis en mouvement, progressant à pas feutrés tandis que je m'enfonçais plus avant dans ce royaume désolé, [Ombre-Née] me rendant aussi intangible qu'une ombre. Mes pensées s'emballaient, échafaudant des hypothèses et recalculant sans cesse les probabilités, comme un stratège ajustant ses pièces sur l'échiquier cosmique.
Le Dragon du Néant était bien présent ici, se régénérant depuis une durée indéterminée, et la timeline du jeu ne constituait qu'un indicateur approximatif—une estimation grossière dans une réalité où chaque variation pouvait altérer le cours du destin.
Trois années pour une renaissance dans un contexte ludique n'équivalaient pas nécessairement à la même durée ici. Pour autant que je sache, la régénération du Dragon du Néant pouvait être bien plus avancée qu'anticipé.
Il pouvait n'être qu'à mi-parcours ou au contraire sur le point d'achever son retour. La différence entre affronter un Dragon du Néant encore affaibli et un sur le point de renaître était abyssale, mais ce risque faisait partie des paramètres que j'avais acceptés.
Un pari des plus périlleux, où la marge d'erreur se mesurait à l'épaisseur d'un cheveu. Pourtant, me voici, ressentant pleinement le poids de mes choix.
En vérité, aucune certitude n'existait en un tel lieu. La Fédération et le Clan du Néant pouvaient tabler sur ces trois années, mais le Dragon du Néant n'était pas une entité liée par la logique mortelle ou les chronologies humaines. Sa résurgence relevait plus du destin inéluctable que de la simple éventualité, et attendre passivement constituait un luxe que je ne pouvais m'offrir.
Le chemin s'élargit soudain devant moi, débouchant sur une caverne dimensionnelle d'une ampleur vertigineuse. L'attraction énergétique y était plus intense que jamais, épaississant l'atmosphère jusqu'à la rendre presque palpable. J'avançai d'un pas supplémentaire, aiguisant tous mes sens et concentrant toute mon attention sur la source de cette puissance.
'Approche... montre-toi enfin.'