Chapter 916 211.2 - Politics
Chapter 916 of 1033
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**Chapitre 916 211.2 - Politique**
Trevor expira bruyamment, chassant la tension accumulée dans ses mains avant de saisir son communicateur d'un geste ferme. Les paroles de son père résonnaient encore dans son crâne comme un écho persistant, mais il n'était plus temps de tergiverser. L'action s'imposait. Et rapidement.
La connexion s'établit presque instantanément, sans le moindre délai.
Une voix grave, teintée d'une nonchalance calculée, répondit à l'autre bout du dispositif.
« Tu as mis du temps à te décider. »
Les lèvres de Trevor se retroussèrent en un sourire froid, presque carnassier.
« Une journée bien remplie, Leontius ? »
Un rire étouffé, bref, lui parvint en retour.
« Comme d'habitude, tu ne crois pas ? »
L'écran s'illumina soudain, projetant l'hologramme tridimensionnel de Leontius Vargras dans l'espace devant lui.
Leontius Vargras. L'héritier légitime de la lignée Vargras, l'une des plus anciennes familles à s'être ouvertement opposée à l'Alliance du Pentagone — cette coalition des cinq grandes maisons régnant sans partage sur les sphères politiques et militaires.
Contrairement aux Hartley ou aux Middleton, qui respectaient scrupuleusement les règles établies, les Vargras avaient toujours affiché leur mépris pour ce système.
Leur objectif ?
Le retour à l'ancien ordre. Un monde où la puissance brute dictait le droit, bien loin des manigances diplomatiques et des alliances éphémères.
Depuis des siècles, les Vargras forgeaient des guerriers, pas des courtisans. Leur réputation reposait sur un entraînement impitoyable, des mercenaires d'élite et un rejet catégorique des subtilités politiques modernes.
Leur devise ancestrale résumait leur credo :
**« Seuls les forts décident. »**
Et Leontius en était l'incarnation parfaite.
Grand, massif, avec une carrure qui imposait le respect dès qu'il franchissait un seuil. Ses cheveux d'un noir d'encre, négligemment noués en queue-de-cheval, accentuaient les angles tranchants de son visage. Ses yeux dorés pétillaient d'une amusement feint, mais derrière cette façade se dissimulait une vigilance de prédateur — comme un loup guettant le moment propice pour bondir.
Malgré la réputation belliqueuse de sa famille, Leontius n'était pas un impulsif. Méthodique. Stratège. Son apparente désinvolture ne masquait en rien son esprit acéré.
Trevor le savait mieux que quiconque. Ils avaient collaboré par le passé.
Tous deux comprenaient les véritables rouages du pouvoir.
« Tu ne m'as pas contacté pour une simple conversation, si ? » murmura Leontius en écartant une mèche rebelle de son front.
Trevor se pencha imperceptiblement vers l'avant, ses doigts se crispant légèrement sur le bord de son bureau.
« C'est l'heure », déclara-t-il d'une voix sourde.
« Active le plan. »
Les prunelles dorées de Leontius s'illuminèrent, tandis qu'un sourire carnassier étirait lentement ses lèvres.
« Enfin », soupira-t-il en étirant les bras au-dessus de sa tête avant de les croiser derrière sa nuque.
« Je commençais à croire que tu perdais ton nerf. »
Trevor émit un souffle bref.
« J'attendais le timing parfait. »
Leontius éclata d'un rire rauque.
« Et maintenant ? »
Le sourire de Trevor prit une teinte dangereuse.
« Maintenant, l'académie est une poudrière qui n'attend qu'une étincelle. »
Leontius ne le contredit pas. La situation était limpide.
L'Académie croulait sous les tensions latentes, sa structure politique fissurée comme du verre sur le point de se briser. Et Trevor ?
Trevor s'apprêtait à y planter un coup de pied.
« Les Familles du Pentagone règnent sans opposition depuis bien trop longtemps », gronda Trevor.
« Il est temps de leur rappeler qu'ils ne sont pas les seuls maîtres du jeu. »
Leontius émit un grognement approbateur.
« On dirait mon père quand tu parles comme ça. »
Trevor eut un rictus.
« Il a raison. »
Pendant des décennies, les cinq grandes familles du Domaine Humain avaient maintenu une emprise de fer sur la politique et l'armée.
Les Hartley, maîtres incontestés de la lance.
Les Middleton, virtuoses de l'escrime.
Les Emberheart, originaires de la Domination d'Arcadia, dépositaires d'une magie pyrotechnique dévastatrice.
Les Braveheart, commandants suprêmes des forces militaires.
Les Thornheart, dont la fortune colossale et le contrôle sur l'industrie des Chasseurs maintenaient l'économie à flot.
Ensemble, ces cinq dynasties formaient l'Alliance du Pentagone, pilier central du gouvernement. Leur unité apparente était censée symboliser la force de l'humanité.
Mais l'histoire était plus complexe.
Avant eux, d'autres familles avaient dominé.
Des lignées comme les Vargras.
Écartées. Marginalisées. Reléguées aux frontières.
Le Pentagone leur avait tout arraché. Leur influence. Leurs terres. Leur droit de régner.
Et les Vargras n'avaient rien oublié.
Surtout pas le père de Leontius, qui avait patienté des décennies avant de préparer sa revanche.
Et maintenant ?
L'heure avait sonné.
« Tu crois vraiment que les autres familles se joindront à nous si nous donnons le premier coup ? » demanda Leontius, sur un ton faussement détendu, mais l'intensité de sa question était palpable.
Trevor eut un sourire cynique.
« Ils n'auront pas le choix. »
Ce n'était plus une simple vendetta personnelle.
Des dizaines de factions guettaient dans l'ombre, attendant leur chance.
Les Vargras n'étaient pas les seuls à haïr l'Alliance.
D'autres maisons avaient tout perdu lors de son ascension.
Des clans réduits à l'obéissance, leur pouvoir lentement dissous.
L'Académie était le creuset des futurs dirigeants. Les héritiers du Pentagone y étudiaient. Leurs protégés, leurs espoirs — tous concentrés en un seul lieu.
Si le chaos y prenait racine, si les fondations craquaient de l'intérieur, alors le règne du Pentagone s'effondrerait.
Leontius observa Trevor longuement, ses yeux dorés brillant d'une lueur indéchiffrable. Puis son sourire s'élargit, lent, calculé, comme s'il attendait ce moment depuis une éternité.
« Dans ce cas », déclara-t-il en se carrant dans son siège avec une désinvolture étudiée, « j'ai déjà tout préparé pour neutraliser Ethan Hartley. »
Le regard de Trevor se fit plus acéré.
Leontius passa une main dans ses cheveux, expirant bruyamment.
« Adrian s'est porté volontaire pour s'occuper de Lilia Thornheart, mais entre nous ? »
Son ton devint presque amusé.
« Je ne fais pas confiance à ce salopard. »
Trevor ricana.
« Moi non plus. »
Adrian Castillo.
Capitaine du Club de Tir à l'Arc. Un homme animé par l'ambition et une rancune personnelle contre le Pentagone — mais contrairement aux Vargras ou aux Philips, son combat était individuel.
Sa famille ne partageait pas leur haine viscérale. Elle n'avait jamais été une grande maison déchue, ni exilée par l'ascension du Pentagone.
Les Castillo étaient une faction neutre, puissante à leur manière, mais jamais intégrée à l'Alliance.
Pourtant, Adrian avait clairement exprimé ses intentions.
Sa cible n'était pas le Pentagone dans son ensemble.
C'était Lilia Thornheart.
Trevor tapota distraitement son bureau, l'air pensif.
« Son combat n'est pas le nôtre », grommela-t-il.
« Il ne cherche pas à renverser l'ordre établi. »
« Il ne cherche que sa propre vengeance », compléta Leontius, les paupières mi-closes.
Trevor acquiesça.
« Mais pour l'instant, nos intérêts coïncident. »
Leontius éclata de rire, secouant la tête.
« Tu ressembles tellement à mon vieux », murmura-t-il.
« Alliances temporaires. Collaborations opportunes. Ficelles à tirer… et à couper au bon moment. »
Le sourire de Trevor ne faiblit pas.
« C'est la seule façon de gagner. »
Leontius souffla par le nez, amusé.
« Quoi qu'il en soit, si Adrian s'attaque vraiment à Lilia Thornheart, ça nous arrange. »
Les Thornheart étaient le pivot économique du Pentagone.
Leur richesse alimentait tout — des chaînes d'approvisionnement en cœurs de donjon aux artefacts de pointe.
Des centaines de familles dépendaient d'eux.
Si Lilia tombait, l'économie tremblerait.
Trevor fronça les sourcils, l'air sombre.
« Et Ethan Hartley ? »
Leontius étira les bras avec un sourire satisfait.
« T'inquiète pas. J'ai déjà identifié son point faible. »
Trevor leva un sourcil, mais ne demanda pas d'explications. Si Leontius affichait une telle assurance, c'est qu'il avait du concret. Et Trevor lui faisait confiance — autant qu'il pouvait faire confiance à quiconque.
Il préféra recentrer le sujet.
« Et Julia Middleton ? »
Leontius tapota un rythme nonchalant sur l'accoudoir de son fauteuil, les yeux pétillants.
« Laissons-les respirer pour l'instant. Inutile de brusquer les choses. Concentrons-nous sur les priorités. »
Trevor hocha la tête. Ce n'était pas de l'hésitation, mais de la stratégie.
La période précédant les Compétitions des Clubs était idéale. Les étudiants seraient absorbés par leurs préparatifs, distraits, moins vigilants.
L'occasion parfaite pour agir discrètement.
« Ethan et Lilia », murmura Trevor.
« Les éliminer créera la première fissure. »
Leontius sourit, les bras derrière la tête.
« Exactement. Si nous jouons bien, les autres se joindront d'eux-mêmes. »
Trevor évalua mentalement le calendrier.
Les Compétitions des Clubs n'étaient pas un simple événement scolaire.
C'était une guerre d'influence. Un moyen d'asseoir son pouvoir parmi la future élite.
Trevor esquissa un sourire.
« Une fois les premières fissures apparues, le reste suivra naturellement. »
Leontius ricana.
« Et quand ils comprendront ce qui se trame ? Ce sera trop tard. »