Chapter 623 - Revision Interface
Hunter Academy Revenge Of The Weakest
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Title
Chapitre 623 - 137.1 - L'Enfant
Content
<h1>Chapitre 623 - 137.1 - L'Enfant</h1> <p>Chapitre 623 - 137.1 - L'Enfant</p> <p>« Il a tout perdu », songeai-je en le dévisageant. « Absolument tout. »</p> <p>Cette absence dans son regard me brûlait les yeux.</p> <p>C'était comme contempler mon propre reflet d'autrefois, lorsque je vagabondais sans autre horizon que la mort - quand la vengeance me tenait lieu de souffle vital, mais que mes mains restaient vides. À cette époque, mes prunelles devaient irradier cette même obscurité liquide.</p> <p>Un cadavre qui persiste à mettre un pied devant l'autre.</p> <p>Le gamin n'avait pas tressailli quand Zharokath avait déployé ses crocs pour l'engloutir. Il s'était contenté de rester planté là, offrant sa chair sans même un murmure.</p> <p>Nul effroi, nulle rébellion - juste la certitude viscérale que le trépas constituait l'unique issue logique.</p> <p>Une telle abdication ne pouvait germer que dans un terreau saturé de douleur, là où chaque espoir avait été méthodiquement pulvérisé jusqu'à la moelle.</p> <p>Déjà, je reconstituais le film de son existence. Un orphelin, sans doute, grandi dans un lieu où l'espérance avait déserté depuis des lunes. Un hospice maudit, probablement lié aux légions infernales, où les enfants ne représentaient guère plus que du bétail sur pattes. Élevés non pour devenir, mais pour nourrir des entités comme Zharokath. Usés jusqu'à la corde, puis jetés comme des chiffons souillés.</p> <p>« Il ne conçoit même pas la fuite », constatai-je en étudiant sa silhouette fragile. Dans son univers mental, toute échappatoire relève de l'illusion - aucun sanctuaire ne pourrait lui offrir mieux que ce qu'il a déjà ingurgité de tourments.</p> <p>Je comprenais cette vacuité. J'avais nagé dans ces eaux stagnantes. Un gouffre où la seule consolation réside dans l'attente du dernier souffle.</p> <p>Un instant, je m'interrogeai sur son devenir. Libéré d'un prédateur, mais abandonné dans un cosmos qui ne lui réserverait qu'une litanie identique de cruautés. Cette perspective m'écrasait les entrailles, connaissant trop bien le chemin qu'il arpenterait si je le laissais filer.</p> <p>« Mais quel rôle jouer ici ? » Cette question vrillait mon cortex. Je n'incarnais aucun sauveur, et cet univers ne distribuait pas les ressuscitations. La vérité qui m'avait forgé le martèlerait à son tour, inéluctablement.</p> <p>Pourtant, alors que nos regards s'accrochaient dans un duel silencieux, une certitude cristalline émergea : il ne méritait pas de sombrer ainsi. Pas sans avoir croisé le fer avec le destin.</p> <p>« Hé, toi... », articulai-je avec une douceur armée. « Est-ce que tu veux vraiment continuer à respirer ? »</p> <p>********</p> <p>Eryon ignorait tout du réconfort maternel.</p> <p>Ses paupières s'étaient décollées sur un monde dépourvu de parents, de lignage ou de tendresse. Ses premiers souvenirs palpables convergeaient vers l'orphelinat - une geôle déguisée en abri. Les murs suintaient les ans, leur peinture écaillée comme une peau malade. Chaque angle paraissait érodé par les générations d'enfants abandonnés, comme si l'édifice entier était exténué de servir de purgatoire à ces âmes sans lendemain.</p> <p>Sa couche consistait en un cadre de bois brut coiffé d'un matelas si maigre qu'on distinguait chaque ressort menaçant ses côtes saillantes. Les couvertures, réduites à l'état de chiffons, laissaient passer les morsures hivernales venues des carreaux fêlés.</p> <p>Ses compagnons d'infortune reflétaient la décrépitude ambiante. Les repas se résumaient à des tranches de pain rassis trempées dans un bouillon translucide - juste assez pour entretenir la faim sans jamais l'apaiser.</p> <p>Leurs hardes, héritées d'anciens résidents disparus, flottaient ou serraient selon les hasards des dons, offrant une protection dérisoire contre les éléments.</p> <p>Leurs journées s'écoulaient dans une litanie de corvées : balayer, puiser l'eau à une source lointaine, sarcler le potager famélique que l'établissement tentait désespérément de faire prospérer.</p> <p>Les mains d'Eryon s'étaient durcies prématurément, son corps émacié par des années de carences. Nul éclat de rire ne résonnait entre ces murs - seulement la résignation morne d'une existence réduite à sa plus simple expression.</p> <p>Pourtant, le pire n'était ni la faim, ni le froid. C'était l'absence totale de perspective. L'orphelinat ne constituait pas un tremplin, mais un terminus.</p> <p>Les gardiens s'exprimaient par monosyllabes, leurs voix aussi froides que les dalles. Jamais ils n'évoquaient le monde extérieur. Les enfants apprenaient à subir, non à espérer.</p> <p>Eryon avait cessé de s'interroger sur ses origines. Connaître ses géniteurs n'aurait rien changé à sa condition.</p> <p>Son univers se limitait à ces murs suintants, à ces lits grinçants, à ces regards vitreux croisés dans les couloirs.</p> <p>La sensation d'un ventre plein appartenait au domaine du mythe. Les repas ressemblaient à des simulacres, maintenaient juste assez de vie pour perpétuer la machine. Eryon ne se souvenait même plus du goût de la satiété, si tant est qu'il l'ait jamais connu.</p> <p>L'établissement jouxtait une ville vibrante. Par les fenêtres crasseuses, ils apercevaient parfois des enfants du dehors, suspendus aux mains parentales, leurs rires clairs transperçant l'atmosphère poisseuse de l'orphelinat.</p> <p>Mais pour Eryon et ses semblables, la famille représentait un concept abstrait. Ceux qui conservaient un vague souvenir de leurs parents savaient qu'aucun retour n'était possible. Ils étaient les rejetons de personne, condamnés à pourrir dans cet entre-deux.</p> <p>Ils n'étaient que des ombres parmi les ombres.</p> <p>Jusqu'au jour où tout bascula.</p> <p>Ce jour-là, un rayonnement insolite perça les vitres poussiéreuses lorsque la porte gémissante céda devant un groupe d'étrangers. Leurs atours scintillaient - des étoffes si fines qu'Eryon crut à une hallucination. Leur peau luisait comme polie, leurs traits semblaient ciselés par des mains divines.</p> <p>Le souffle coupé, l'orphelin réalisa qu'il n'avait jamais contemplé une telle perfection. Le contraste avec leur univers grisâtre lui brûla les pupilles.</p> <p>Le meneur, un colosse à la beauté presque surnaturelle, s'avança. Sa voix coula comme un baume :</p> <p>« Nous venons vous tendre la main. » Ses dents étincelèrent. « Les rumeurs sur vos conditions nous sont parvenues. Nous pouvons vous offrir nourriture, chaleur, soins - tout ce qui vous fut refusé. »</p> <p>Un frisson parcourut l'assistance. De l'aide ? Vraiment ? L'idée semblait trop belle pour être tangible.</p> <p>Eryon, tapis dans l'ombre, sentit une étincelle crépiter dans sa poitrine. Après toutes ces années d'enfer, un ange se présenterait-il vraiment ? Il avait depuis longtemps renoncé à toute espérance, mais cette apparition faisait vaciller ses certitudes.</p> <p>L'étranger poursuivit, son regard enveloppant la misère ambiante :</p> <p>« Nous pouvons vous offrir une existence nouvelle. Une porte de sortie. Un avenir à votre mesure. »</p> <p>Les enfants restèrent pétrifiés. Les gardiens, tels des spectres, n'esquissèrent aucun mouvement.</p> <p>Le sourire de l'homme s'élargit :</p> <p>« En échange, nous demanderons simplement votre engagement. Nous disposons d'un havre où des âmes comme les vôtres peuvent s'épanouir, acquérir force et savoir. »</p> <p>Le silence s'épaissit. Personne n'osait rompre le charme de peur de voir s'évanouir ce mirage.</p> <p>Le cœur d'Eryon cognait à se rompre. Pour la première fois, on lui proposait plus que la survie. On le considérait comme autre chose qu'une simple force de travail.</p> <p>Autour de lui, les chuchotements s'amplifiaient, mêlant crainte et excitation. Était-ce enfin leur salut ?</p> <p>Eryon serra les poings. Une voix intérieure le mettait en garde, mais l'appel de ces êtres lumineux était irrésistible. Après une vie d'obscurité, cette lueur l'aveuglait.</p> <p>L'homme perçut leur hésitation :</p> <p>« Je sais que vous doutez. Mais croyez-moi, nous ne sommes pas vos ennemis. Nous voulons simplement vous offrir sécurité et réconfort. »</p> <p>Eryon vacillait. D'un côté, l'orphelinat lui avait appris à se méfier. De l'autre, l'appel de la liberté lui brûlait les veines.</p> <p>Alors qu'il plongeait dans les yeux de l'étranger, son cœur fit un bond. Peut-être que cette fois... Peut-être que le miracle était possible.</p> <p>Il ignorait encore qu'il venait de croiser le regard du diable.</p>