Chapter 189 - Revision Interface
The Storm King
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**Chapitre 189 : Le Pouvoir des Dieux**
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**Chapitre 189 : Le Pouvoir des Dieux** La première action d’Aquillius en revenant dans la salle de Rakos fut de désigner une chaise d’un geste sec avant d’ordonner à Léon : « Assieds-toi. » Ce dernier obéit sans discuter, tandis qu’Anzu, tremblant de peur, se blottissait derrière ses jambes comme un refuge. Sans un mot supplémentaire, Aquillius pivota sur ses talons et quitta la pièce d’un pas décidé, rejoignant Rakos en compagnie de Juliana, Antonius et d’une escorte de six soldats. Les autres occupants de la salle maintinrent une distance prudente avec Léon, leurs regards oscillant entre une curiosité mal dissimulée et une hostilité à peine voilée. Même Alix et ses collègues diplomates l’évitèrent ostensiblement : l’érudit préférait feindre de lire — ou du moins fixer un livre ouvert avec intensité — tandis que les deux autres chuchotaient dans un coin reculé. Léon s’en accommoda parfaitement, y voyant l’opportunité idéale pour évaluer les transformations internes opérées par sa récente ascension. La modification la plus flagrante résidait dans sa capacité à convertir son mana en éclairs pulsants, signature indubitable d’un mage de cinquième tier. Cette maîtrise constituait d’ailleurs la seule distinction tangible avec le niveau précédent. Après une série d’exercices respiratoires et une méditation approfondie, il constata que ses réserves magiques n’avaient connu qu’une expansion marginale depuis son élévation. Une question le taraudait particulièrement, mais son investigation exigeait une discrétion impossible dans ce contexte : le feu de Xaphan. Le démon lui avait assuré, plusieurs lunes auparavant, que le cinquième tier lui permettrait d’utiliser ces flammes sans péril. Cependant, tester cette assertion devant une centaine de témoins relevait de l’inconscience. Certes, quelques initiés connaissaient ses affinités pyriques, mais le recours au feu démoniaque devait rester une ultime contingence. Par ailleurs, il jugeait profondément inconvenant de convoquer soudainement éclairs ou flammes au milieu des salles d’accueil de Rakos, entouré d’une foule compacte. Alors qu’il passait en revue ses nouvelles capacités, Léon lança mentalement à Xaphan : [Comment te sens-tu, démon ?] [Hmm ? Où veux-tu en venir ?] rétorqua Xaphan, perplexe. [Où en es-tu dans ta progression vers le sixième tier — ou comme vous nommez ça dans votre jargon infernal ?] Une grimace de frustration et d’embarras déforma les traits du démon. [Je gère parfaitement la situation, gamin.] [J’en suis convaincu, mais est-ce que « gérer » suffira à maintenir ton avantage ?] persifla Léon, forçant un ton enjoué. [Je stagne à l’équivalent du cinquième tier, et cela perdurera encore longtemps… à moins que tu n’aies découvert une méthode pour accélérer le processus ?] [Non, je m’interrogeais simplement si… tu redoutais que je ne sois sur le point de surpasser ta puissance.] Le démon émit un soupir mental avant de répondre avec une retenue calculée : [Ma seule préoccupation concerne ton devenir. Même si les géants te laissent quitter ce cratère vivant, sois assuré que tes compagnons ne te portent pas dans leur cœur présentement.] [Ah, tes prodigieuses facultés d’observation t’ont permis de le déduire, n’est-ce pas ?] rétorqua Léon, sarcastique — un aveugle aurait perçu l’atmosphère de réprobation ambiante. Quelques regards intrigués se posaient néanmoins sur Anzu, toujours agrippé à ses jambes et lançant des œillades assassines à quiconque osait le fixer. Personne ne s’aventurait cependant à interroger Léon sur le griffon. Alors que Xaphan s’apprêtait à répliquer, les lourdes portes de la salle d’accueil s’ouvrirent brusquement, révélant Aquillius dont le visage impassible se rivait sur Léon pour déclarer : « Suis-moi. » Sur ce, il tourna les talons et s’éloigna sans attendre de réponse. Léon se leva d’un bond, faisant sursauter Anzu, et emboîta le pas au diplomate. Le petit griffon s’élança derrière eux, ses pattes courtes peinant à suivre leur rythme. Le trajet vers la salle du trône s’effectua dans un silence quasi absolu, Aquillius avançant d’une démarche rapide sans accorder un regard à son suivant. Pourtant, il avait suffisamment de jugement pour ne pas introduire Léon dans l’antre des géants sans avertissement. Il s’immobilisa devant les portes monumentales et fit enfin face au jeune homme. « Les géants exigent ta présence. Ils ont refusé tout dialogue en ton absence », expliqua-t-il d’une voix contrôlée mais où perçait une amertume que Xaphan ne manqua pas de relever : [Ce cher diplomate semble trouver la situation profondément humiliante…] [Je le conçois aisément,] admit Léon. [Après des années d’efforts, voilà qu’un novice compromet sa mission, et ceux qu’il a patiemment apprivoisés refusent désormais de lui parler sans ma présence. J’éprouverais la même fureur.] « Monsieur », répondit Léon avec le respect protocolaire requis. « Je vais tenter de désamorcer les tensions à l’intérieur. Toi, tu gardes le silence et ne t’exprimes qu’en réponse à une interrogation directe. Clairement compris ? » « Clairement compris, Monsieur », acquiesça Léon d’un ton neutre. « Bien. » Aquillius poussa alors les imposantes portes adaptées à la stature des géants et les guida à l’intérieur. Rakos, Lapis et une douzaine de chefs secondaires les y attendaient, flanqués de Juliana, Antonius et de l’escorte militaire. Tous étaient debout — y compris Rakos, qui avait quitté son trône pour l’occasion. Dès leur entrée, Rakos émit un grondement sourd, provoquant une réaction étrange chez Aquillius : « Que désirez-vous exactement de mon chevalier ? Je conçois qu’il ait violé votre terre sacr— » Sa tentative d’explication fut immédiatement couverte par un chœur de grognements et de protestations des autres géants, réduisant le diplomate au silence. Rakos rétablit promptement l’ordre, mais laissa délibérément s’écouler quelques secondes pour bien faire comprendre à Aquillius qu’il devait s’abstenir de toute parole intempestive. Quand Rakos reprit la parole, Aquillius se tourna vers Léon : « Ils exigent que tu t’approches et te présentes devant eux. » Léon opina et avança posément, chaque fibre de son être se préparant au conflit qu’il pressentait inéluctable. Sous le regard scrutateur des géants et les yeux braqués de ses compagnons dans son dos, il se sentait comme un condamné face à ses juges. La pression sociale le transperçait au point qu’il dut résister à l’impulsion de chercher réconfort en posant la main sur la garde de son épée. Il s’arrêta à égale distance entre Aquillius et Rakos. Ce dernier lui adressa la parole dans un langage incompréhensible. Léon réalisa que le géant venait précisément de poser une question lorsqu’Aquillius s’empressa d’intervenir : « Il ne comprend pas, mais je peux servir d’interprète. » Plutôt que de poursuivre, Rakos se tourna vers un autre chef. Ce géant de pierre, plus svelte que ses congénères, échangea quelques paroles avant de s’avancer. Léon réprima une nouvelle fois son réflexe défensif, bien que le géant n’esquissât aucun geste menaçant. Après d’autres grondements de Rakos, Aquillius traduisit : « Ce géant souhaite te remettre un objet… La nature exacte m’échappe, la description de Rakos était trop vague… » Léon fronça les sourcils mais resta immobile tandis que le géant approchait. Derrière lui, le cliquetis des cottes de mailles trahissait les soldats prenant des positions défensives, prêts à intervenir au moindre signe d’agression. Si Léon leur avait mis dans une position délicate, il n’en demeurait pas moins un chevalier du Royaume du Taureau — ils le protégeraient même au prix d’une rupture avec les géants du Cratère. Le géant s’arrêta à une distance respectueuse, conscient de leur méfiance. Avec une lenteur calculée, il tendit une main massive. Comme tous les siens, sa paume comportait six doigts épais et symétriquement disposés. Mais en son centre reposait un objet singulier : un cristal d’un bleu pâle, de la taille d’un œil humain, minuscule dans cette main monstrueuse. Le géant murmura une phrase dont le rythme lent et le ton solennel contrastaient avec l’autorité habituelle de Rakos. « Il dit : “Touche le cristal” », traduisit Aquillius. Léon jeta un regard anxieux vers le diplomate. Ce dernier, bien que tout aussi tendu, lui fit un signe d’encouragement. Après une inspiration profonde, Léon tendit une main hésitante et effleura la surface lisse du cristal. Une douleur fulgurante lui transperça instantanément le front, comme si une dague s’enfonçait entre ses yeux. Il s’effondra à genoux, étouffant un cri. Derrière lui, les soldats dégainèrent dans un concert de métal, tandis qu’Aquillius, Juliana et Antonius matérialisaient leurs armes — respectivement une lance, un sabre courbe et un marteau de guerre. Pourtant, les géants demeuraient immobiles, observant la scène avec calme. Celui qui tenait le cristal recula même pour rejoindre les siens. Quelques secondes plus tard, la douleur s’évanouit aussi brusquement qu’elle était apparue, laissant Léon à genoux, haletant. Il ne paniqua pas, reconnaissant cette sensation : chaque transfert de connaissances par Xaphan s’était accompagné d’une douleur similaire, bien que moins intense. La nature du don des géants lui apparut clairement dès qu’il se releva péniblement. Avant que les chevaliers ne puissent s’enquérir de son état, Rakos tonna, s’adressant directement à Léon : « PEUX-TU ME COMPRENDRE MAINTENANT, JEUNE HUMAIN ? » S’efforçant de masquer sa stupéfaction, Léon répondit : « Je le peux. » Le regard d’Aquillius quitta les géants pour se fixer, médusé, sur Léon, mais les colosses ignorèrent sa réaction pour poursuivre. « NOUS TE SOUHAITONS LA BIENVENUE DANS NOS HALLS, ET NOUS NOUS EXCUSONS POUR NOTRE HOSPITALITÉ PRÉCIPITÉE. » Léon marqua une pause perplexe avant de répondre : « … Merci », dit-il, incertain. « C’EST UN HONNEUR SANS PRÉCÉDENT D’ACCUEILLIR CELUI QUI PORTE LE POUVOIR DES DIEUX », enchaîna Rakos. « NOUS SOUMETTONS UNE REQUÊTE : PARLONS SANS LA PRÉSENCE DE TES COMPAGNONS. » Aquillius, déjà désorienté par les événements, protesta : « Je ne puis en conscience abandonner un des miens ici. Notre pacte de non-agression n’est pas encore— » « CONSIDÈRE DÈS À PRÉSENT QUE LA PAIX RÈGNE. NOS RAID SUR LES TERRES DU GRAND TAUREAU PRENNENT FIN. » Le diplomate dévisagea Rakos, abasourdi. Trois années de négociations infructueuses, et voilà que ces mots tant attendus étaient prononcés… simplement pour l’évincer ! « J-Je vous en suis reconnaissant, chef Rakos, mais ne conviendrait-il pas de formaliser cet accord par écrit ? » balbutia-t-il avant de retrouver son assurance. « MA PAROLE EST INFRANGIBLE. AUCUN CHEF N’OSERAIT LA CONTESTER », déclara Rakos avec une autorité incontestable. « À PRÉSENT, RETIRE-TOI. NOTRE ENTRE