Chapter 195 - Revision Interface

The Storm King

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**Chapitre 195 : L’enquête de Roland II**

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**Chapitre 195 : L’enquête de Roland II** *« Qui aurait jamais envie de vivre dans ces mornes Territoires du Nord… ? »* Roland ruminait cette pensée tandis que son cheval gravissait laborieusement le dernier chemin de terre de son périple. Le ciel plombé, le sol caillouteux et accidenté, les rares forêts clairsemées qu’il avait croisées — tout contribuait à rendre ce paysage désolant. Un mois s’était écoulé depuis son départ de la capitale, et il avait l’impression d’avoir parcouru chaque pouce des Territoires du Nord à la recherche du Consul. Son périple l’avait d’abord mené à Cyrénaïque, imposante citadelle-forteresse située au cœur de la région — un voyage éprouvant de plus de quinze jours depuis la capitale — pour y découvrir que le Consul en était absent. Aux questions de Roland sur sa localisation, on lui avait simplement rétorqué que ce dernier « n’était pas revenu de Cyrène ». Naturellement, Roland s’était alors précipité vers la forteresse portuaire, s’attendant à y trouver des troubles — l’incursion valoise étant depuis longtemps maîtrisée, il imaginait le Consul retourné à son quartier général. Pourtant, à son arrivée, Cyrène baignait dans un calme troublant, ce qui ne fit qu’accroître sa perplexité. Après s’être rendu à la citadelle pour obtenir des éclaircissements, on l’avait finalement orienté vers le Fort 127. Non sans une certaine irritation, Roland avait entrepris ce nouveau trajet accompagné d’un guide qu’il soupçonnait — non sans raison — de lui avoir fait emprunter les chemins les plus tortueux imaginables. Enfin, après un mois d’errance à travers ces terres ingrates, Roland et son guide atteignirent le sommet d’une colline d’où se dessinait, au loin, le fort tant recherché. La transformation était saisissante comparée à la description qu’en avait faite Léon : une légion entière y était désormais déployée — Clovis ayant renvoyé deux de ses trois légions à leurs postes respectifs. Des centaines de baraquements sommaires s’étalaient comme une verrue sur le paysage, tandis que d’immenses pans de forêt au nord et au sud du mur avaient été sacrifiés pour fournir le bois nécessaire. *« … Je n’imaginais pas l’endroit aussi vaste »*, murmura Roland, contemplant l’étendue du camp militaire. *« Ça n’a pas toujours été ainsi »*, rétorqua son guide. *« Le récent raid a tout bouleversé dans la région. »* *« Vraiment ? Je n’avais rien remarqué… »*, ironisa Roland en désignant du regard le camp établi au sud. Moins imposant que la légion retranchée dans le fort — Roland estima sa garnison à deux ou trois mille hommes tout au plus —, ce campement était néanmoins suffisamment proche pour menacer les lignes de ravitaillement. Les bannières flottant au vent révélaient qu’il s’agissait des troupes personnelles du Comte de Whitefield. Tandis qu’ils progressaient sur le chemin séparant les deux camps, Roland sentit le poids des regards acérés des sentinelles des deux factions, rendant ces derniers hectomètres particulièrement éprouvants. *« Halte ! »* Une voix autoritaire retentit devant eux. Le flanc sud du fort était désormais protégé par une muraille de trois mètres, hérissée de créneaux bas et de tours de garde trapues. Roland ne fut guère impressionné par ces fortifications de campagne, bien que leur érection en un mois témoignât d’une certaine efficacité. Le châtelet, en revanche, présentait une architecture plus ambitieuse, avec sa porte manifestement enchantée enchâssée au pied d’une tour robuste. L’homme qui les avait interpellés apparut sur les remparts après être sorti du châtelet. *« Identifiez-vous ! »* aboya le garde. Le soldat — un mage de troisième tier qui sentait instinctivement la supériorité magique de Roland — gardait un ton ferme sans verser dans l’arrogance. *« Je suis le Paladin Roland ! Je demande à voir Sir Clovis ! »* Une légère pâleur envahit les traits du mage, mais celui-ci tint bon. *« Attendez ici ! Je vais faire vérifier votre identité ! »* Vêtu de son armure argentée miroitante, sa cape écarlate de Paladin flottant majestueusement, son aura délibérément déchaînée, Roland doutait qu’on puisse sérieusement contester son identité. Pourtant, il patienta plusieurs minutes jusqu’à ce qu’un mage de quatrième tier — probablement l’officier de garde, supposa-t-il — émerge d’une poterne adjacente. Après un examen minutieux de ses papiers, les lourdes portes s’ouvrirent enfin. Roland ne put réprimer un mouvement d’humeur en ne trouvant pour accueil qu’un simple tribun de cinquième tier. *« Par ici, Messire »*, indiqua l’officier en dirigeant Roland et son guide vers les écuries. Une fois les montures confiées aux palefreniers, le guide fut conduit vers les quartiers des invités tandis que Roland suivait le tribun vers un bâtiment administratif de deux étages, situé près du mur principal. La présence de plusieurs puissantes auras magiques trahissait l’importance des lieux. *« Le poste de commandement, je présume ? Sir Clovis s’y trouve ? »* *« Quartier général du fort »*, confirma le tribun. *« Cependant, le Consul pourrait ne pas être disponible aujourd’hui. Mes ordres se limitent à vous y conduire. »* Une grimace fugace déforma les traits de Roland. *« Les choses eussent été différentes avec un préavis de votre visite »*, remarqua sèchement le tribun. *« Pas de réaction, conserve ton calme »*, se répéta mentalement Roland. Ignorant les raisons de cette hostilité passive, il refusa de se laisser aller à la colère — la position précaire du Prince August exigeait qu’il ménage les hauts gradés des Légions Royales. Reprenant son masque de courtoisie, Roland déclara avec mesure : *« Les circonstances ne l’ont pas permis. Pourriez-vous m’indiquer où attendre que le Consul puisse me recevoir ? »* Le tribun le dévisagea un instant avant de sembler abandonner son attitude belliqueuse. *« Bien sûr, Messire »*, concéda-t-il en guidant Roland à l’intérieur. Installé dans un confortable fauteuil face au bureau du Consul, Roland se prépara à une longue attente. Sa détermination à retrouver Léon le rendait prêt à patienter des heures s’il le fallait. Par chance, l’attente fut brève : après le départ d’un groupe d’officiers, un assistant l’introduisit enfin. Clovis l’attendait derrière son bureau massif. *« Sir Roland ! »* s’exclama le Consul avec une jovialité calculée. *« Quel plaisir inattendu. Comment vous portez-vous ? »* *« Fort bien, Sir Clovis »*, répondit Roland en acceptant le siège qu’on lui désignait. *« Je vous avoue ma surprise »*, poursuivit le Paladin. *« Je ne m’attendais pas à trouver ici une telle concentration de troupes, ni à découvrir que vous jouez aux échecs militaires avec les propres forces du Comte de Whitefield. »* Un éclair de satisfaction traversa les yeux du Consul. *« Vingt à vingt-cinq mille Valois ont tenté de forcer ce mur. Une escarmouche vite maîtrisée, mais le bon comte s’est ingénié à entraver notre réponse. »* *« Il doit mal supporter la présence de vos légions sur ses terres »*, observa Roland. *« Ses états d’âme m’importent peu »*, rétorqua Clovis, son ton soudain glacial. *« Il a laissé pénétrer l’équivalent d’une légion ennemie. Je ne lui laisserai pas dicter comment sécuriser notre frontière. S’il ose nous défier ouvertement, je le ferai exécuter pour haute trahison. »* La bouche du Consul se tordit en une expression qui fit froid dans le dos à Roland. *« Quoi qu’il en soit »*, reprit Clovis avec un brusque changement de ton, *« qu’est-ce qui vous amène si loin de la capitale ? Le Prince-Régent vous accorde trop de loisirs ? »* Roland s’apprêta à corriger le terme au singulier — le Prince Octavius étant toujours dans les Territoires de l’Ouest — mais se ravisa. *« En vérité »*, répondit-il avec un sourire poli, *« je mène une enquête concernant un certain écuyer de l’Académie des Chevaliers, affecté ici pour sa formation. Je vous avais écrit à ce sujet voici quelques mois… »* *« Ah oui, ce fameux courrier »*, acquiesça Clovis avec une feinte bonhomie. *« Dans lequel vous m’indiquiez que cela ne me regardait pas »*, poursuivit Roland en plissant les yeux. *« Argumentant que je n’étais pas un « vrai » Paladin et donc dépourvu de l’autorité nécessaire. »* *« Ce qui demeure vrai »*, rétorqua Clovis, son regard soudain aussi coupant qu’une lame. *« Les Paladins servent la Couronne, pas un Prince-Régent. Sans l’aval du Roi, votre position reste précaire — d’autant que vous n’avez même pas atteint le septième tier… »* Les phalanges de Roland blanchirent sous l’effort qu’il fit pour contenir sa rage. Le Consul venait de toucher là son point le plus sensible. *« Je parierais que Sa Majesté vous démettra dès son retour »*, poursuivit impitoyablement Clovis. *« Inutile de trop vous installer dans ce rôle. »* *« Aurais-je le malheur de vous déplaire personnellement ? »* lança Roland, décidant d’aborder frontalement le sujet. *« Vous êtes un chevalier des Territoires Centraux »*, gronda le Consul. *« Je n’en ai jamais connu un seul qui ne fût pourri jusqu’à l’os. Et voilà que lorsqu’un écuyer de votre précieuse Académie est affecté sous mon commandement, vous accourez pour le soustraire à nos rangs. Qu’est-ce qui vous rend si supérieur à mes hommes qui versent leur sang quotidiennement pour tenir cette frontière ? »* Roland inspira profondément. Le raid récent, bien que mineur aux yeux de la Cour, avait coûté des vies. Il devait peser chaque mot pour ne pas insulter la mémoire des défunts. *« Vos hommes comptent parmi les meilleurs de la Légion »*, concéda-t-il avec mesure. *« Loin devant ces pantins des Territoires de l’Ouest. Mais ce jeune écuyer est particulier. Je l’ai rencontré dans les Valées du Nord, et sa famille m’a rendu un service capital. Je me dois de le protéger. »* Il espérait toucher l’honneur du Consul, mais le visage de ce dernier resta de marbre. *« Vos histoires sentimentales m’indiffèrent »*, trancha Clovis. *« Si ce garçon vous tenait tant à cœur, vous auriez dû agir avant son affectation. Vous arrivez trop tard. »* Les doigts de Roland se crispèrent avant de plonger dans sa tunique. *« J’espérais éviter cela »*, déclara-t-il en sortant la lettre scellée du Prince August. Clovis parcourut le document avec une indécence qui fit grincer des dents Roland, son expression se durcissant progressivement. Terminant sa lecture, le Consul jeta presque le parchemin sur la table avant de convoquer son assistant. *« Faites-moi préparer le dossier complet d’un certain Léon Ursus ! Écuyer affecté ici ces derniers mois ! »* Le silence qui suivit le départ de l’assistant fut aussi épais que la tension entre les deux hommes. Lorsque l’aide de camp revint près d’une demi-heure plus tard, il tendit une liasse de documents surmontée d’une feuille au sceau écarlate. Le cœur de Roland se glaça à la vue de cet emblème sacerdotal. Évitant ostensiblement son regard, Clovis examina le document, son visage dur laissant place à une expression presque compatissante. *« Il semble que notre différend soit sans objet »*, déclara-t-il enfin. *« La garnison a subi plus de quatre-vingt-dix pour cent de pertes avant mon arrivée. Votre protégé figurait parmi les disparus. Léon Ursus est mort. »*