Chapter 379 - Revision Interface

Tower Of Karma

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Chapitre 400

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<h1>Chapitre 400</h1> <p>En ouvrant les yeux, je me retrouvai dans une pièce remplie de plantes à l'odeur forte. La profusion de verdure en devenait presque oppressante. Les plantes en pot désordonnées, les fleurs pendantes et les tiges qui s'étiraient avec nonchalance avaient chacune une forme unique.</p> <p>(Qu'est-ce que c'est que cet endroit ?)</p> <p>Un paysage qui ne disait rien à Alfred. Le cadre n'était pas des plus agréables, mais l'odeur, elle, dominait tout. Cette senteur irritante qui picotait les narines ne semblait pas des plus saines.</p> <p>(Et cette chose devant moi ?)</p> <p>Une créature mystérieuse en train de frotter quelque chose avec des bâtons gluants et sanguinolents. Sa silhouette paraissait trapue, mais était-ce de l'embonpoint ou de la saleté ? Impossible de distinguer son teint puisqu'elle me tournait le dos, mais peut-être que—</p> <p>« …? »</p> <p>La créature se retourna brusquement, comme si elle avait perçu un mouvement. Alors là—</p> <p>(Ah, c'est un monstre, évidemment)</p> <p>Un costume noir informe dissimulant sa peau, un masque doté d'un bec invisible sur le visage. Un amas de bizarreries, mais la personne en face ne semblait pas s'en soucier. D'un pas lourd, elle s'approcha, et Alfred fit mine de dormir, tout en entrouvrant son sac.</p> <p>(Hiiii !?)</p> <p>Il réprima un cri qui lui brûlait la gorge. Il continua à feindre l'inconscience, ne sachant comment réagir. Pourtant, alors que la créature l'observait fixement, elle sursauta soudain et se réfugia derrière un pilier en reculant précipitamment. En vain, car sa silhouette trop massive la trahissait.</p> <p>« … »</p> <p>Alfred la fixa à son tour. Sans ciller, il soutint son regard longtemps.</p> <p>« … Pouf »</p> <p>Alfred laissa échapper un souffle. Soit par surprise, soit parce que la créature recula encore davantage. La situation était si absurde qu'il ne put réprimer un rire, ce qui sembla stupéfier davantage l'étrange être. Profitant de ce répit, il eut soudain le souvenir d'une description lue dans un vieux grimoire.</p> <p>Là—</p> <p>« … Les vêtements infects de Marcia ? »</p> <p>« …?! Vous connaissez ? »</p> <p>La voix qu'il entendit pour la première fois était bien plus aiguë qu'imaginé, presque douce. Elle lui rappelait un peu celle de sa mère.</p> <p>« J'ai lu ça il y a longtemps. Les médecins de Marcia portaient des tenues de protection contre les miasmes. La description mentionnait un bec et des herbes que je reconnais maintenant en regardant autour de moi. Beaucoup de choses me restent obscures, cependant.</p> <p>« … Vous êtes le premier à connaître cela en dehors de Marcia. »</p> <p>« C'est aussi la première fois que j'en vois une. »</p> <p>« … Comment va votre corps ? »</p> <p>« … Je vois. J'ai vécu une chute brutale, mais seule une douleur sourde persiste. »</p> <p>« C'est réparé. Votre épaule était démise. »</p> <p>« C'est tout ? »</p> <p>« Un miracle. Les branches ont amorti votre chute en s'accrochant à vos vêtements, et l'arbre sur la falaise a servi de coussin, selon Papa. Juste une dislocation, aucune fracture, et les blessures sont superficielles. Quelques éraflures, déjà guéries. Une chance incroyable. »</p> <p>« … Ah bon ? Oui, j'ai eu de la chance. »</p> <p>Alfred se souvint de son saut. Un saut qu'il avait envisagé comme potentiellement mortel. Pourtant, face à son adversaire, il avait estimé que c'était un moindre mal. Jamais il n'aurait cru s'en sortir avec si peu de blessures. Même quelques égratignures—</p> <p>(Non, comment est-ce possible ? N'ai-je pas envisagé un instant que… Si je ne mourrais pas, aurais-je pensé à ça ? Impossible… Je suis—)</p> <p>« Je vais appeler Papa. Il est un peu particulier, mais c'est un bon médecin. »</p> <p>« … Je vois. »</p> <p>(Si elle est comme ça, son père doit être sacrément étrange.)</p> <p>La créature disparut avec une agilité surprenante pour sa silhouette massive. Peut-être une fille ? Impossible à dire sous ce déguisement—</p> <p>« Pour l'instant, vivre est une bonne chose. »</p> <p>Alfred ressentit un soulagement en constatant que sa mission avait porté ses fruits.</p> <p>○</p> <p>« Imbécile ! »</p> <p>« Bouh !? »</p> <p>Alfred reçut un coup de poing en pleine figure. L'homme qui l'avait frappé s'assit lourdement sur une chaise qu'il avait lui-même apportée, grognant comme un animal. La créature mystérieuse, toujours occupée à broyer des herbes avec son bâton, ne sembla même pas remarquer la scène. Sans doute trop concentrée.</p> <p>« Tu devrais être en train de pourrir dans la rivière, à te comporter comme ça ! Ah, c'est le moment de chercher des plantes médicinales au bord de l'eau… Si tu ne ramasses pas maintenant, ce sera un cadavre que tu trouveras, crétin ! Quel idiot ! »</p> <p>Alfred se ratatina sous les insultes et la violence.</p> <p>« Je retire tes bandages maintenant. Ne bouge pas. »</p> <p>« Euh, oui ! »</p> <p>Alfred, complètement intimidé, obéit sans discuter. L'homme défit rapidement les liens. La sensation de compression disparut, et Alfred se sentit un peu mieux.</p> <p>« Si ça fait mal, je bougerai quelques briques. »</p> <p>« D'accord ! Euh— »</p> <p>L'homme manipula son épaule sans ménagement. Alfred hurla sous la douleur. L'ignorant totalement, l'homme répéta le mouvement plusieurs fois. À chaque fois, Alfred criait. La créature continua imperturbablement son pilage d'herbes.</p> <p>« C'est parce que tu t'es démis l'épaule depuis longtemps. Selon l'articulation, ça peut être atroce si on tarde à la remettre. Bouge pendant quelques jours, mais pas trop. Une blessure mineure, ne néglige pas une dislocation, surtout à l'épaule. Les tissus se rétractent, c'est pour ça que ça fait si mal la première fois. Ça empire avant de s'arranger. T'aurais peut-être préféré t'évanouir, le réveil serait un enfer sinon. »</p> <p>L'homme sortit un bandage triangulaire fripé, immobilisa le bras d'Alfred d'un geste vif, et soutint légèrement son épaule. Quoi qu'il en soit, sa méthode semblait efficace.</p> <p>« Les dislocations, ça revient. Même si c'est mineur, évite de bouger pendant un moment. Quand je te dirai de le faire, tu le feras sérieusement, c'est la rééducation ! »</p> <p>« Oui ! »</p> <p>« Bonne réponse, imbécile ! »</p> <p>Alfred, les larmes aux yeux, aurait voulu protester contre cette manipulation brutale. Plus tard, il apprit de la créature qu'une dislocation partielle (comme pour un genou) différait d'une vraie luxation. Le meilleur traitement était de renforcer les muscles autour pour éviter les récidives, même si c'était douloureux.</p> <p>« … Je l'avais entendu une fois. »</p> <p>« … Voici une infusion. »</p> <p>À en juger par son apparence, elle devait exceller en médecine improvisée.</p> <p>○</p> <p>La rééducation fut brève. Sa blessure la plus grave n'étant qu'une dislocation, et ayant été bien traitée tôt, il récupéra vite. Juran Kiel et Jelena Kiel, ce duo de médecins, ne le chouchoutaient pas, mais ils ne le maltraitaient pas non plus. Aucun risque d'être jeté dehors.</p> <p>Ils se faisaient appeler Al. Il n'apprit jamais leur nom de famille. Sans doute par prudence.</p> <p>Les deux médecins et leur père avaient établi une clinique-mansarde en dehors du village, un espace vaste mais encombré d'outils médicaux. Leur vie tournait autour des soins.</p> <p>« Besoin d'aide ? »</p> <p>« Il faut de la pratique. »</p> <p>Alfred était inutile ici. Juran et Jelena maîtrisaient déjà la médecine, formés par leur père. Alfred ne pouvait rivaliser.</p> <p>« Le village organise une grande fête de chasse avant l'hiver. D'habitude, ils nous ignorent, mais toi, tu fais ta rééducation. Tu as de l'expérience, non ? Tu es arrivé par la rivière entre les montagnes. »</p> <p>« … Je ne suis pas un enfant. Je sais chasser. »</p> <p>Son habileté à l'arc stupéfia le village. Un étranger soigné par des médecins bizarres, dans un village si isolé, ça faisait jaser.</p> <p>« Je ne veux pas déranger. »</p> <p>Alfred gardait ses distances, mais—</p> <p>« Waouh, le meilleur archer du village… quel talent ! »</p> <p>Quand il exhiba son arc, il gagna leur respect. Repérer le gibier, maîtriser son odeur, viser avec précision… Des compétences rares ici.</p> <p>« Si je vous dérange… Oh, désolé. »</p> <p>« Urgh… Si je m'y mettais vraiment, je pourrais faire pareil ! »</p> <p>« Quand verrons-nous cette détermination ? »</p> <p>Alfred, malgré lui, devint le centre de l'attention.</p> <p>« Je rentre ! »</p> <p>« Oh, tu as attrapé une baleine ou quoi ? »</p> <p>« J'ai mes habitudes. »</p> <p>« … Encore ? »</p> <p>Cette tête d'oiseau masquée… Il ne l'avait jamais vue sans son déguisement.</p> <p>« C'est un cadeau. Pour vous remercier. »</p> <p>« … Tu as déjà inondé le village de cerfs, de baleines, de chiens et de reptiles. Avec un tel bras, tu devrais avoir du succès. »</p> <p>« Je ne viens pas des montagnes, mais des plaines enneigées ! »</p> <p>« … Neige. »</p> <p>« Quelque chose ne va pas ? »</p> <p>« Rien. »</p> <p>Jelena s'éclipsa, toujours pas réconciliée. Son espace personnel était sacré. Seul son père avait le droit d'approcher.</p> <p>« Ce soir, ragoût de viande. Avec des herbes pour la santé. »</p> <p>« … Merci pour votre patience. »</p> <p>Un « Guu » retentit, et Jelena s'enfuit, visiblement embarrassée. Alfred, lui, avait surtout faim.</p> <p>« Occupe-toi de ma fille. Détends ton autre épaule. »</p> <p>« Ce n'est pas très professionnel. »</p> <p>Alfred sentait qu'il ne percerait jamais cette famille.</p>