Chapter 12 - Revision Interface

Tower Of Karma

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Chapitre 11

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<h1>Chapitre 11</h1><p>« Am, William, William ! »</p><p>« ... Hmm. »</p><p>Quand William ouvrit les yeux, le visage en larmes de Karl se trouvait juste devant elle. Le garçon d’une dizaine d’années appartenant au même groupe qu’elle. Le fait qu’il y ait un plafond signifiait qu’ils étaient sous la tente.</p><p>« Moi... qu’est-ce qui s’est passé ? »</p><p>« Comment tu veux que je sache ! D’un coup tu t’es mise à courir toute seule, tu as grimpé en haut du mur, on te poursuivait comme des fous, mais il y avait un monde pas possible, et quand tu es tombée du haut de la muraille extérieure, j’ai complètement paniqué sans rien comprendre ! »</p><p>Face à la colère inhabituelle de Karl, William était à la fois étonnée et vidée. Elle écarta les boucles qui tremblaient de partout et commença à remettre la situation en ordre.</p><p>(Cette fois, j’ai perdu. J’en garde un léger souvenir. Ce « Mouton Noir » qui brûlait d’une flamme noire. Je ne me rappelle pas son visage, mais le poids du dernier coup, ça oui.)</p><p>Sa paume la lançait encore. C’était l’indice qui ramenait les souvenirs.</p><p>(Une bête. Exactement ça. Dans les yeux de l’autre, j’avais l’allure d’une bête maléfique.)</p><p>William se rappelait l’image d’elle-même dans les yeux de l’ennemi qui l’avait « tuée ». Lances sanglantes brandies, visage déformé, regard affolé. Au final, William était hideuse.</p><p>(Et après ça, j’ai rencontré... Hein, comme j’en parlais toujours... Non. J’ai parlé, j’ai joué à la grande ? Non, idiote.)</p><p>Mais l’engourdissement qui restait dans la main de William, ces souvenirs incrustés dans son esprit avaient bel et bien laissé la trace de son monologue et de celui de sa sœur retombée à l’état d’enfant. C’était difficile à croire, mais William avait été incapable de se contrôler complètement devant l’ennemi.</p><p>(Ce type est dominé par quelque chose que je déteste. Il m’oublie, m’écrase, et vend même mes roses mieux que moi... ——)</p><p>William ne put retenir le rire qui montait.</p><p>« Ahahahaha ! »</p><p>Les autres la regardaient, stupéfaits.</p><p>« P-pourquoi, qu’est-ce qui te prend, William ? Tu es fâchée ? J’en ai trop dit ? »</p><p>« Non, non, Karl, tu n’as rien fait de mal. C’est juste que je viens de comprendre que le problème, c’était entièrement moi. Je croyais réfléchir par moi-même, je me pensais calme, et une fois le couvercle soulevé... regarde le résultat : lamentable. »</p><p>William bouillonnait de colère contre elle-même. Elle avait envie de se frapper jusqu’à effacer cette confiance ridicule qu’elle avait eue jusque-là. Elle n’était bonne à rien. Elle avait pris ça pour du talent. Elle croyait que tout ce qu’elle avait tiré des livres était vérité, et s’était fourvoyée en pensant que le simple fait de les mettre en pratique faisait d’elle quelqu’un de valable.</p><p>« William, tu es déjà largement admirable. Moi, je ne vaux rien. »</p><p>Les paroles de consolation de Karl avaient de la valeur aux yeux de William. Recevoir du réconfort de la part de Karl dans cet état était une humiliation immense. Mais pour l’instant, c’était agréable. Elle ne devait surtout pas lâcher cette colère, cette tristesse, toute cette noirceur qu’elle ressentait en cet instant.</p><p>« Merci, Karl. Ça m’aide de t’entendre dire ça. »</p><p>Ce serait le moteur de William. La colère tournée vers elle-même sortirait plus tard.</p><p>« Désolée, tout le monde. Je vous ai causé des soucis. »</p><p>Pourquoi devrait-elle courber l’échine devant des gens dont le nom ne mérite même pas d’être retenu ? Parce qu’elle avait été vaincue, complètement vaincue, elle devait s’incliner. C’est cela, perdre.</p><p>(Je ne perdrai plus jamais...)</p><p>Si elle ne pouvait l’accepter, alors elle devrait continuer de gagner. Gagner sans cesse, jusqu’à atteindre la place où l’on n’a plus à baisser la tête. Plus haut que quiconque, au-dessus de tous.</p><p>(Je ne perdrai plus. Je continuerai de gagner.)</p><p>William se fit un serment absolu. Un serment de victoire ininterrompue—</p><p>○</p><p>Le royaume d’Ostberg. Un pays situé au sud-est d’Arcadia. Son territoire était presque aussi vaste que celui d’Arcadia, et son climat similaire, voire légèrement plus doux. Plus au sud, il partageait une frontière avec la superpuissance Galias, et il était célèbre comme le royaume guerrier qui avait repoussé à plusieurs reprises ses offensives. C’était un grand pays composé de sept principautés.</p><p>« Toutes nos félicitations, Votre Majesté ! »</p><p>Un changement venait de survenir dans ce grand pays. Le héros d’Ostberg, Stracless le « Noir et Or », se retirait.</p><p>« Allons, ce n’est rien d’extraordinaire. Stracless mérite du repos. Je suis même désolé pour toi : à peine quelques jours après la petite déconvenue contre Galias, te voilà affublé du titre de héros vaincu. »</p><p>Le roi était un garçon de quinze ans, à la carrure fine. Ses yeux étaient doux sous sa chevelure, et l’ensemble de sa personne dégageait une aura de bonté. De plus, cette impression était si sincère qu’elle désarmait la méfiance. Tout le monde aimait ce garçon, personne ne se méfiait de lui. En un mot, c’était un enfant qui aimait les gens, et que les gens aimaient.</p><p>Quand le garçon s’inclina profondément devant Stracless, la salle s’agita.</p><p>« ... Votre Majesté. Sire, relevez la tête, vous ne pouvez pas vous montrer ainsi devant tous. »</p><p>À l’avertissement de Stracless, le garçon reprit une expression digne.</p><p>« C’est précisément pour ça que je le fais. »</p><p>« Ahem ! »</p><p>« Ah, oui, Stracless. C’est moi qui t’ai forcé à accepter des fonctions dont tu ne voulais pas. Je ne peux pas faire comme si de rien n’était et rester droit dans mes bottes. »</p><p>Le rire du garçon suffit à détendre l’atmosphère. Stracless poussa un soupir amusé et rit à son tour. Le garçon lui rendit son sourire. Il ne fallut que cela pour que la pièce prenne des allures de lieu de repos.</p><p>« Justement, c’est dans ces moments qu’il faut garder l’esprit ferme : le précédent roi est tombé, le pays est instable. »</p><p>« Oui, pardon, Kimon. Ne sois pas trop sévère avec moi. »</p><p>« ... Si vous prenez cet air-là, c’est moi qui passe pour le méchant. »</p><p>C’était le vice-commandant de Stracless qui tentait de resserrer les boulons, mais Kimon se faisait désamorcer avec aisance.</p><p>« Enfin, anticipant cette instabilité, nous avons tranché les éléments qui l’alimentaient. Ce n’était de toute façon qu’une région d’un intérêt limité. »</p><p>Laconia avait été délibérément abandonnée. C’était l’analyse partagée par tous ici.</p><p>Il n’était nul besoin de lancer une offensive ; pourtant, par le dernier caprice du défunt roi, ils avaient été forcés de tenter de reprendre Laconia, ce qui avait conduit à une grande bataille. Même en reprenant Laconia, Ostberg, qui venait tout juste de changer de roi, n’avait pas les moyens de porter un tel fardeau. Ils avaient donc perdu. À présent, il fallait éviter à tout prix de montrer la moindre faille et dissimuler toute instabilité.</p><p>« L’ancien roi n’était pas un mauvais homme. Il a choisi son successeur avec soin et veillé à ce que l’affaire Stracless ne perturbe pas la transition. Sa dernière invasion de Laconia fut certes inutile, mais pour lui, tout cela était pour Votre Majesté. »</p><p>« Je le sais, Stracless. Mon père voulait qu’on dise qu’il avait pris Laconia pour moi, qui suis encore si faible. Le dernier geste d’affection d’un père ; comment pourrais-je le haïr pour ça ? »</p><p>Kimon écoutait ces mots avec un malaise sincère.</p><p>L’ancien roi n’était pas stupide, mais il était loin d’être sage. L’invasion de Laconia n’avait été que le fruit de son désir de laisser son nom dans l’histoire. Il n’y avait là aucun amour pour son fils, et Stracless comme Kimon s’étaient échinés à réparer les dégâts, jusqu’à enfin porter le jeune garçon actuel sur le trône. Sans la neutralité de Stracless, le garçon n’aurait jamais pu s’y asseoir, et la lutte de succession serait encore un bourbier.</p><p>« Et puis, si je cherche un père, j’en ai plein ici. Vous êtes tous mes pères. Je compte sur vous tous. Ensemble, faisons grandir Ostberg ! »</p><p>Une déclaration sans le moindre calcul. Pourtant, le moral de tous ceux présents monta en flèche. C’était aussi là l’effet de sa vertu. Son unique et plus grande arme.</p><p>« Au fait, il y a des douceurs, venez manger avec moi. »</p><p>Les gens.</p><p>C’est pour cela même que Stracless, qui s’était juré de ne pas se mêler de politique, avait plié et l’avait poussé sur le trône.</p><p>Le roi actuel n’avait déjà plus d’ennemis politiques. Non, plus exactement, il les avait tous absorbés. Sans le vouloir, en les traitant naturellement comme des amis, il avait intégré tous ses opposants. Il n’y avait là aucun calcul, et c’est ce qui rendait sa position si solide.</p><p>Sans ennemis, donc invincible.</p><p>Huitième roi d’Ostberg, Ernst der Ostberg. Le maître de la prochaine génération, à qui l’on commençait à prêter le titre de héros. Son sourire écarlate ne connaissait pas d’ennemi.</p><p>○</p><p>« Au fait, Kimon. Ce petit garçon, tu l’as laissé en vie ou tu l’as achevé ? »</p><p>Ayant terminé leur rapport devant Ernst, Stracless et Kimon traversaient le palais royal. Par respect pour Stracless, Kimon marchait un pas en arrière.</p><p>« Il a survécu. De lui-même. »</p><p>Kimon se contenta de rapporter le résultat. Stracless en fut légèrement surpris.</p><p>« Il s’est tiré des griffes du “Mouton Noir” ? »</p><p>Stracless esquissa un sourire, songeur, son regard déjà tourné vers un futur champ de bataille—satisfait ou non de ce rapport.</p><p>« ... Je le regrette. »</p><p>Kimon dégageait une aura inhabituelle. Pour lui, c’était rare.</p><p>« Un jour, il deviendra peut-être un poison pour Sa Majesté. C’est l’impression que j’ai, une sorte de conviction qui enfle avec le temps. »</p><p>Des paroles étonnamment floues, de la part de Kimon qui répondait d’ordinaire en termes secs.</p><p>« C’est grisant. Intenable ! Cette année encore... je ne découvre rien de vraiment nouveau ! Alors je ne peux pas arrêter de faire la guerre ! Rah, c’est insupportable ! »</p><p>Les inquiétudes de Kimon furent balayées en un instant. Un être encore immature ne pouvait rien contre le monstre que le champ de bataille avait forgé devant lui. Tant que Stracless serait vivant et en pleine forme, il n’aurait de toute façon aucune chance de le rattraper. Kimon en prit conscience, et ce poids se déposa au fond de sa poitrine.</p><p>« La Prison Noire de Galias, la Prison Blanche d’Arcadia, et Sa Majesté. Les Chevaliers d’Arkland s’illustrent aussi parmi les Sept Royaumes, et le monde entier devient illisible, et c’est parfait ainsi ! »</p><p>La présence de cet homme était trop lourde. Le monde tanguait ; serait-ce lui qui le ferait chavirer—</p><p>« Viendras-tu à moi ? Me prendras-tu pour cible...? Guha, ça devient intéressant ! »</p><p>Le héros, toujours debout, toujours souverain.</p><p>○</p><p>Il neigeait. Vue d’une maison close, à l’abri du vent, éclairée par le feu de la cheminée, la scène aurait pu être magnifique. Mais pour les enfants, c’était la Grande Faucheuse blanche. Peu à peu, lentement, elle leur volait leur chaleur, jusqu’à ce que la mort vienne.</p><p>« Grand frère. Tu as pris la couverture que Nika nous a donnée ? »</p><p>« Ouais. Les riches, parfois, ça sert à quelque chose. »</p><p>« Ne dis jamais ça. Pas à propos de Nika-chan, grand frère. »</p><p>« Je déteste les riches. Toi, tu fais juste joujou avec tes copines. »</p><p>« ... Tu es contrariant. »</p><p>Un frère et une sœur légèrement crasseux, enveloppés dans une belle couverture. Le garçon surtout fixait la neige, les lueurs chaudes qu’il apercevait dans les maisons, ce monde qui leur était étranger.</p><p>« Pourvu que l’hiver s’achève vite. »</p><p>« Colle-toi bien à ton grand frère et dors. Si on dort, le printemps finira par arriver. »</p><p>« Oui. »</p><p>Pourquoi nos parents n’ont-ils ni argent, ni maison ? Pourquoi les autres ont-ils des parents, une maison, de l’argent ? Pourquoi ce monde est-il si absurde, si injuste ?</p><p>« Lell, un jour, je te ferai manger à ta faim. De la viande, du poisson, tout ce que tu veux. Et le sel, on en aura des montagnes. Alors attends encore un peu. Je deviendrai roi, moi. »</p><p>« ... Tant que je suis avec toi, ça me suffit. »</p><p>« Bien sûr qu’on restera ensemble. Toujours. Ton grand frère te protègera. »</p><p>« Merci, grand frère. Je t’aime. »</p><p>« ... Bon, allez, dormons. Tant que je suis là, tout ira bien. »</p><p>« Oui. »</p><p>Autour d’eux, des silhouettes figées par le froid, abandonnées telles quelles. Il suffisait d’arpenter les ruelles pour voir partout les cadavres des miséreux. Le monde soufflait un air trop glacé sur les pauvres.</p><p>Le garçon serrait sa petite sœur avec la force de quelqu’un qu’on menacerait de la lui arracher. La fillette, rassurée, s’endormit paisiblement. Le garçon sourit devant son visage apaisé. Lui, en revanche, n’arriva pas à fermer l’œil avant l’aube. Il ne pouvait être tranquille qu’une fois le soleil levé, quand « demain » existait enfin.</p><p>Il la protègerait toujours. Prêt à montrer les crocs pour elle, à tuer tout ce qui se dresserait, pour survivre.</p><p>« Kof. »</p><p>Tout avait commencé avec cette petite toux—</p><p>« Oh, Wolff, chef, tu dors pas ? »</p><p>« ... Je vais aller me coucher. »</p><p>« Allez, chef. »</p><p>C’était un mauvais souvenir. Il s’était passé beaucoup de choses, il avait fini par se soûler et s’endormir comme ça. Une sueur froide lui coulait dans le dos.</p><p>« Tiens, chef. »</p><p>« Hein, c’est pas de l’eau ? »</p><p>« Coupé à l’eau. Avec de l’eau. »</p><p>Même les plaisanteries idiotes provoquaient des éclats de rire chez ceux qui buvaient. Wolff lui-même riait de la mine stupide de ses gars hilares. Puis le calme revint peu à peu—</p><p>« Wolff. Où est-ce qu’on va, ensuite ? »</p><p>La question cruciale fit taire tout le monde un instant.</p><p>Au nord, Ostberg ; au sud, la mer de Mao ; à l’est, une chaîne de montagnes ; à l’ouest, encore une chaîne. Au centre de ce monde se dressait la plus grande nation de l’époque, la superpuissance Galias.</p><p>Près de sa frontière ouest, un camp noir s’étendait. Un bivouac nocturne de plusieurs centaines d’hommes. Les flammes des feux de camp éclairaient la nuit.</p><p>« Eh bien... d’abord, avec l’argent de la dernière bataille, je vais m’acheter une jolie demoiselle, puis filer sur une île du sud dans la mer de Mao, pour y vivre au paradis... »</p><p>Sous les acclamations de presque tous, l’homme ou la femme—difficile à dire—qui avait posé la question lui asséna aussitôt un coup sur la tête.</p><p>« La dernière fois qu’on s’est paumés, c’était en venant à Galias gagner trois sous ! Alors on va ramener l’argent du groupe entier ! »</p><p>Wolff se frotta le crâne en maugréant « j’ai compris » et leva les yeux ailleurs.</p><p>« ... Cette esclave, c’était sa porte de sortie. »</p><p>« ... Mon charme n’est donc pas passé, hein. »</p><p>« Wolff est trop maladroit. Et bien trop gentil avec les femmes. À ta place, j’aurais laissé tomber cette esclave. »</p><p>« C’est bien pour ça que j’y suis allé seul. »</p><p>« Justement, trop tendre ! »</p><p>Les autres regardaient les deux qui se chamaillaient comme un spectacle habituel, lâchant des « comme toujours » ou « allez, buvons ». En vérité, peu suivaient vraiment la dispute, et chacun se détendait à sa manière.</p><p>« Que tu sois doux avec les femmes, ça va, tant que tu as un côté tranchant... Mais tu n’as pas le droit de crever. »</p><p>Le ton tomba d’un coup, et Nika prit un air sombre. Le visage de Wolff s’assombrit aussi.</p><p>« ... C’est ma faute. J’étais trop naïf, honnêtement. Je ne pensais pas qu’il existait autant de monstres dans ce monde. »</p><p>Un mois plus tôt, il y avait eu une escarmouche entre Galias et Ostberg. Sans trop comprendre pourquoi à ce moment précis, Wolff s’y était retrouvé plongé, engagé à la hâte comme mercenaire. Au final, malgré de nombreux exploits, ils avaient essuyé une défaite. Leur unique défaite.</p><p>« Stracless le “Noir et Or” est au-dessus de tous ceux qu’on a affrontés jusqu’ici. Plus fort que quiconque que j’ai rencontré. En stratégie comme en duel, on n’avait pas la moindre prise. Je me suis même laissé distancer, moi ! »</p><p>Les yeux de ceux qui n’écoutaient pas jusque-là se braquèrent tous sur lui.</p><p>« Un type génial, fort, classe, et super cool ! »</p><p>Une remarque appela aussitôt des protestations, mais l’ombre noire qui s’échappait de Wolff, débordant de tout son corps, cloua tout le monde sur place.</p><p>« Qu’il soit génial et fort, d’accord. Mais pour le côté cool, il faudrait qu’il soit beau gosse... Enfin, je dis ça, je dis rien. »</p><p>Quelqu’un grommela à part.</p><p>« Ugh, ça m’agace. Qu’il y ait meilleur que moi, passe encore, mais ce vice-commandant à ses côtés, ce Kimon, est encore plus monstrueux. »</p><p>Nika, l’androgyne, se gratta furieusement la tête. Un autre, dans un coin, resta un moment à caresser son verre. C’était aussi une forme d’affection.</p><p>« En même temps, c’est normal : en face, c’était le dirigeant d’un royaume, les Sept Royaumes et leurs vice-généraux. C’est presque étrange qu’on ait pu croire à la victoire. »</p><p>Aux mots de Nika, qui soufflait sur les braises, Wolff grimaça presque jusqu’aux larmes.</p><p>« Parce que j’ai promis de ne jamais perdre. »</p><p>« Lilla, tu t’en souviens, hein ? On sait tous les deux que si tu meurs, tout est fini. Si tu survis, tu auras encore une chance de te venger. Si tu crèves, tu nous laisses seuls. C’est ça que tu veux ? »</p><p>Un petit médaillon tremblait contre la poitrine de Wolff. Il ne restait plus au monde que ces deux personnes pour se souvenir de celle qui y était dessinée. Pour eux deux, elle était irremplaçable.</p><p>« Je sais. Je sais. Je ne perdrai pas. Et je ne mourrai pas. Je suis peut-être stupide, mais je ne me tuerai pas à la tâche. Ça te va, Nika ? »</p><p>Wolff ouvrit doucement le médaillon et contempla le dessin d’une fillette souriante. Souvenir de la vie de Wolff et des autres jadis, dans un petit pays perdu au nord avant sa chute. Une relique. Ils n’avaient rien pu faire : ni la sauver, ni la rendre heureuse. Ils n’avaient pu que garder ceci. Un avertissement gravé à l’intention de leur ancien moi, impuissant.</p><p>« Bon, choisissons notre prochain champ de bataille. On n’est plus faibles. Mais on n’est pas encore assez forts pour se permettre du laisser-aller. Pour devenir plus forts... il nous faut plus de terrains de jeu ! Hein ? »</p><p>Wolff s’écroula, le visage crispé comme s’il venait de se faire assommer. Nika, qui souriait à son opposé, s’éloigna de lui avec un large sourire.</p><p>Nika s’assit au centre du grand camp, près d’un immense feu de joie.</p><p>« On est un couple ? »</p><p>« Ouais ! »</p><p>Les clameurs fusèrent : « Houhou ! », « Qu’est-ce que c’est chaud ! », « Laissez-nous une chance, vous deux ! » Nika fit jaillir de sa manche un couteau qu’elle lança vers celui qui venait de parler de couple. L’homme sursauta, lâchant un « Hé ! »</p><p>« On n’est pas un couple, on est juste deux tarés ! Espèce de nunuche ! »</p><p>Loin de calmer l’assemblée, la scène déclencha un nouvel accès d’hilarité. Nika renifla avec arrogance et se rassit.</p><p>« Dix ans, hein. Vous pensez qu’on peut le rattraper en dix ans ? Ce monstre. »</p><p>Yuo, qui avait parlé juste avant Nika, lui répondit avec un soupir.</p><p>« On le rattrapera. Ce type a beau être comme il est, c’est un génie, fort, et un bosseur acharné. On ne bat pas un bourreau de travail en glandant. On le dépassera. Et une fois qu’on l’aura dépassé, plus personne ne pourra nous rattraper. »</p><p>Les joues de Nika rosirent légèrement, sans doute sous l’effet du feu de camp.</p><p>« Wolff est “rapide”. Il ne fait que courir, à en perdre haleine. Si on suit son dos de toutes nos forces, l’arrivée s’imposera d’elle-même. Et là... les Mercenaires Noirs (Noir Garou) seront les plus forts. »</p><p>Les Mercenaires Noirs (Noir Garou). Le nom du groupe auquel ils appartenaient tous. Le chef : Wolff. Les lieutenants : Nika, et un autre homme, Yuo, celui qui parlait à l’instant.</p><p>« Les loups vivent en meute. Il n’existe aucune créature capable de vaincre un loup qui chasse en troupe. »</p><p>Les loups noirs aiguisèrent doucement crocs et griffes. Ce n’était encore qu’une petite meute, mais un jour, ils courraient sur tous les champs de bataille, accumuleraient les victoires et planteraient leurs crocs dans le monde.</p><p>« Oh, viens te battre en duel, toi ! »</p><p>« Descends un peu, toi ! Je vais te renvoyer cent fois à ton médaillon ! »</p><p>Sous le ciel étoilé, la meute noire se mit en marche.</p><p>○</p><p>Loin vers l’ouest, au-delà de la mer, s’étendait une grande île. Autrefois, la terre qu’on appelait Garnia abritait une multitude de petits pays, qui naissaient, se détruisaient et renaissaient sans cesse. C’était une ère de guerres perpétuelles.</p><p>Parmi eux brillait un pays comme une étoile. C’était Arkland.</p><p>« Princesse, le vent de la nuit est mauvais pour votre santé. »</p><p>« Oh, encore un peu. »</p><p>Cinq ans s’étaient écoulés depuis la fondation du pays, moins de trois depuis qu’il avait été rebaptisé Arkland. En deux ans à peine, il était devenu célèbre dans tout Garnia, et avant la troisième année, sa renommée avait traversé Garnia, la mer, et atteint même les Sept Royaumes.</p><p>« De l’autre côté des montagnes, au-delà des mers, il existe des champs de bataille plus grands que tout Garnia, n’est-ce pas, Sir Beirin ? ... Je ne peux pas faire autrement que d’y aller. »</p><p>Beirin contempla le brasier gigantesque qui brûlait dans les yeux de la jeune fille qui n’avait pas encore dix-sept ans.</p><p>« J’aime la guerre. J’aime le sang et le fer. Suis-je folle ? Cette flamme qui me dévore est-elle la marque d’une malédiction ? »</p><p>La belle jeune fille aux cheveux rouges caressa le pommeau de l’épée à sa ceinture.</p><p>« Folle ou pas, restez comme vous êtes, Princesse. Vous êtes l’âme de nos vierges guerrières, Apollonia d’Arkland. Nous, les Chevaliers d’Ark, accepterons tout ce qui vous attend, trancherons tous vos ennemis et vous ouvrirons la voie. »</p><p>Apollonia leva les yeux vers les étoiles, puis vers les terres au-delà des montagnes, avant de sourire doucement, comme satisfaite de cette réponse.</p><p>« Je vais rentrer. »</p><p>« Bien. »</p><p>Apollonia d’Arkland, qui n’avait pas encore dix-sept ans. Cette jeune fille était la clé de la prospérité d’Arkland, et le souverain qui le gouvernait.</p><p>« Oh, je ne suis plus une princesse. Ne m’appelez plus ainsi, Sir Beirin. »</p><p>« Je vous demande pardon, Reine Apollonia. »</p><p>« ... C’est gênant. »</p><p>« Bien. »</p><p>Apollonia avait succédé au trône à quatorze ans à peine, trois ans plus tôt. Le roi lui-même avait abdiqué et posé la couronne sur sa tête. Parce que, pour la grandeur d’Arkland, il fallait le plus puissant des rois. Ainsi Apollonia devint reine. Parce qu’elle était plus forte que quiconque, dotée plus que quiconque de la carrure d’un souverain.</p><p>« Le titre de princesse vous allait bien. Enfin, la bataille nous attend demain. Reposons-nous pour l’instant, afin d’être en forme ! »</p><p>« Oui ! »</p><p>La terre de Garnia brûlait d’un incendie gigantesque nommé Arkland. Pour l’instant, les flammes se limitaient encore à Garnia. Mais une fois qu’elles déborderaient, même les Sept Royaumes ignoreraient comment les arrêter. Telle était l’ardeur du pays d’Arkland, tel était le feu d’Apollonia.</p><p>« Déesse des batailles, montre-moi un champ de guerre exaltant. »</p><p>Le brasier appelé Apollonia accroissait sa chaleur, prêt à incendier la terre.</p>

Revision Notes

Uniformisation de la narration au passé simple/imparfait pour une cohérence temporelle avec le reste du texte. Clarification de certaines phrases confuses ou littérales pour mieux refléter le sens implicite (ex. la culpabilité de William, le rôle de Stracless, les motivations de l'ancien roi). Allègement de formulations lourdes et répétitives tout en conservant le ton interne (monologue) et l’intensité émotionnelle. Correction de faux sens potentiels (Laconia abandonnée, caprice de l'ancien roi, 'poison' potentiel pour Sa Majesté, etc.) sans réinterpréter l’intrigue. Ajustement du registre des dialogues : maintien d’un ton familier entre camarades (Wolff, Nika, Karl) et d’un ton plus formel à la cour d’Ostberg et à Arkland. Harmonisation des termes propres : conservation cohérente de 'Stracless', 'Mouton Noir', 'Mercenaires Noirs (Noir Garou)', 'Chevaliers d’Ark', etc., sans franciser les noms propres. Clarification de certaines indications de sujet/personne (qui parle, qui pense) lorsqu’ambigu en français tout en restant discret. Correction d’erreurs grammaticales et typographiques mineures (accords, ponctuation, guillemets, espaces insécables implicites). Maintien volontaire de certaines tournures légèrement abruptes ou poétiques pour conserver le style light novel / japonais. Re-evaluate William’s pronouns. Unless external canon confirms William as female at this stage, use masculine or neutral phrasing; the EN/JP context (and name) strongly suggest a boy. This is the single most critical consistency/accuracy issue. Clarify "la colère tournée vers elle-même". The source "Anger towards you will come out later" is ambiguous (self vs other). Either keep it literal and ambiguous ("Cette colère rejaillira plus tard") or, if guided by original JP, specify correctly. Align key worldbuilding terms: keep "Sept Royaumes" where the source says "seven kingdoms" for Ostberg’s internal structure, unless you have authoritative terminology elsewhere in the series that mandates "principautés". Review the Stracless/Kimon section: ensure that the mentions of "vice-president" / "vice-general" are mapped consistently to the correct in-universe roles (vice-commandant, etc.) and that no secondary character (e.g. a distinct Hitsuro) is unintentionally merged. For Noir Garou: decide on a consistent, justified rendering. If the original JP is "Noir Garou" (black werewolf/black wolves), your use of wolves and meute is good, but drop contradictory traces like "lapins" in any future segments. If "Black Rabbits" is canon, keep it and adjust metaphors accordingly. Revisit heavily interpretive lines to stay closer to the original tone: e.g., William’s self-critique, Stracless’s battlefield ecstasy, the aphorisms on invincibility/wolves. Slightly reduce embellishments like "c’est parfait ainsi !" where the source is more raw or ominous. The final invocation "Déesse des batailles" is elegant but departs from "Himiko" in the source. If Himiko is a specific entity/name in the original, preserve it ("Himiko, montre-moi...") or annotate; avoid silently changing proper nouns with potential plot relevance. Maintain all small beats/onomatopoeia where they convey character: some laughs, exclamations, and awkward phrasing can be reflected more literally (or compensated) to retain characterization, even while keeping French natural. Minor polishing: check a few comedic/banter lines for clarity (e.g., "je vais te renvoyer cent fois à ton médaillon !"), to ensure their intent (taunt vs inside joke) is understandable without overinterpreting.