Chapter 16 - Revision Interface

Tower Of Karma

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Chapitre 15

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<h1>Chapitre 15</h1><p>« William Liwius » se tenait dans un monde d’égouts à l’odeur stagnante. Je ne pouvais m’empêcher de penser au fond. Ici se trouvait le commencement du monde, et ici la fin du monde.</p><p>Je pataugeais dans la boue. J’avais la sensation de piétiner du pain rassis détrempé. Un environnement insalubre où, si une épidémie survenait, nous serions les premiers à mourir. La mort d’un homme était chose quotidienne. Parfois, pour survivre à l’hiver, nous avions même mangé les morts. J’avais tout fait pour vivre.</p><p>Si vivre ainsi fait de moi une bête, qu’il en soit ainsi.</p><p>Si cela fait de moi un inhumain, qu’il en soit ainsi.</p><p>Mais, monde, fais attention.</p><p>Car ce sont toujours ceux qui sortent du rang qui changent le monde.</p><p>« Al » pleurait. « Arlette » le serrait doucement contre elle. Les morts alentour tournaient en rond et continuaient de pousser le même hurlement que « d’habitude ». Ce qui différait de « d’habitude »—</p><p>« … Tu peux bouger ? »</p><p>« William » le pouvait. Ce paysage où, « comme toujours », il restait figé, simple spectateur, se transforma en un monde où « William » pouvait se mouvoir de son plein gré. En un sens, « William », qui jusque-là n’avait eu qu’un point de vue divin, posait pour la première fois les pieds dans ce monde.</p><p>« Je porte un masque ? »</p><p>« William » porta la main à son visage, sentant un corps étranger. Les reliefs familiers lui apprirent qu’il s’agissait du masque qu’il portait habituellement.</p><p>« Bon, peu importe. »</p><p>Un pas.</p><p>« Hé ! »</p><p>Le libraire d’importation qui l’avait aidé autrefois, Norman, et sa femme s’accrochaient à ses jambes. Leurs corps étaient tordus par les supplices, leurs orbites vides ne reflétaient plus rien. Ces morts hideux, amas d’os et de peau, s’effondraient aux pieds de William.</p><p>« Pourquoi tu m’as trahi ? Alors que j’avais tellement confiance. Je te considérais comme un fils. Pourquoi ? Pourquoi ?! »</p><p>« Tais-toi, ne me gêne pas ! Pour me tuer, je dois tuer ceux qui connaissent “Al”. Tu ne m’oublieras pas, même si tu projettes ton ombre sur moi. Alors tu les as tués ! Si tu l’as compris, écarte-toi ! »</p><p>« William » donna un coup de pied et envoya valser les Norman.</p><p>Deux pas.</p><p>« Tu n’es pas William. William, c’est moi. Tu n’es pas Norman. Tu n’es pas Al. Qui es-tu ? Qu’est-ce que tu es ? Espèce d’imbécile ? »</p><p>Par ces mots, le mort aux cheveux rouges se pendit à son bras droit en rampant.</p><p>« Hah ! Pauvre idiot de William ! Tu comptes dévier du chemin, hein ? Tu devrais plutôt me remercier. J’aimerais mieux que ce nom serve pour moi ! »</p><p>« William » secoua violemment son bras droit et envoya valser le mort.</p><p>Trois pas.</p><p>« Nazeda ? »</p><p>Quatre pas.</p><p>« Je-ne-veux-pas-mourir. »</p><p>Cinq pas.</p><p>« Je-veux-aimer-ma-famille. »</p><p>Six pas.</p><p>« Pour-le-bien-du-pays. »</p><p>Sept pas—</p><p>Repoussant tout, « William » avançait. Pas question de se laisser retenir par ces morts qu’il avait lui-même tués. Sans importance. Quoi qu’il se passe au-dehors. Si l’on commençait à regarder ces choses-là, il n’y aurait plus de fin.</p><p>« … Au final, c’est quand même difficile de venir jusqu’ici. »</p><p>Au-delà de la horde des morts, il y avait le garçon aux cheveux noirs, « Al », en larmes, les genoux serrés contre lui, et la jeune fille aux cheveux noirs, « Arlette », qui cherchait à le réconforter.</p><p>« Désolé pour ce visage. »</p><p>D’une voix jetée comme un crachat, « William » adressa la parole à « Al ». « Al » releva la tête, réagissant à ces mots. Son visage se tordit de dégoût en voyant « William ».</p><p>« De quel côté es-tu ? »</p><p>« William » porta la main à l’épée à sa taille. « Al » resta pétrifié, et dans cet intervalle une ombre se plaça entre eux. « William » dissimula sa main armée.</p><p>« Ha, l’important, c’est que tu ne le déranges pas ! Grande sœur Arlette ! »</p><p>« William » éleva la voix, mais sa main posée sur la garde de l’épée ne bougea pas.</p><p>« Tu n’es pas moi. Je suis ton chevalier. Je ne suis pas un monstre comme toi. »</p><p>Un rejet net. Cela irrita William.</p><p>« … Ne dis pas de bêtises. J’ai exaucé ton vœu, je suis là pour ça ! À présent, je suis ton chevalier. Je vais laver tes regrets ! C’est ce que nous avons souhaité ! C’est pour ça que je suis ici ! »</p><p>« Non. Mon vœu était que tu vives en bonne santé. Si tu invoques ce vœu, alors qu’est-ce que tu fais maintenant ? Tu massacres des innocents, tu commets des péchés absurdes, et par-dessus le marché tu te vautres dans une jalousie envers une femme dont tu ne connais même pas le visage, et tu prétends être mon chevalier ?! »</p><p>« Oh, ça, c’est parce que ce sont des étapes nécessaires. Tout repose sur moi, alors si on me vole quelque chose, je dois reprendre encore plus— »</p><p>« Ton seul vœu, c’était de tuer Lord Vlad. Rien de plus, rien de moins. »</p><p>« William » se retrouvait réfuté par un « lui-même » bien plus petit.</p><p>« Kyle aurait dû faire demi-tour. Tu as dévié. J’ai trop dévié. J’ai oublié mon vœu initial, et je n’ai fait que de mauvaises choses en les mettant sur le compte d’Arlette. En vérité, je ne l’aime même pas. Je ne peux pas l’aimer. »</p><p>En un instant, une montagne de morts s’amassa derrière « Al ». Elle engloutit un sifflement et se dressa pour happer « William », prête à fondre sur lui d’un moment à l’autre.</p><p>« C’est dommage, tu es mort. Nous nous vengerons de Vlad à ta place. C’est tout. Alors vis bien, comme tu le voulais. Lui est simple, humble ; Kyle, et Favela aussi. Oh, Carl et Rutgar sont des amis. Si tu meurs, tous— »</p><p>Au milieu des paroles de « Al », l’épée lancée par « William » transperça son ventre. « Al » s’interrompit et fixa « William ».</p><p>« Je vois. Je comprends. Je suis fou. Je suis un chevalier qui t’a déçu, Arlette. … Mais alors, qu’est-ce que ça change ? »</p><p>Les pupilles derrière le masque tremblaient. Le rubis pendant à son cou brillait comme du sang.</p><p>« Quand je t’ai frappé, je suis né. J’ai cru que tu étais morte. Mais tu vivais encore ? Alors je me suis agenouillé, j’ai pleuré… puis j’ai détourné le regard. J’ai voulu me relever ! J’ai espéré que tu me sauverais ! »</p><p>« Arlette » se plaça silencieusement devant « Al » pour le protéger. « William » sourit.</p><p>« Arlette, tu m’as toujours protégé. Même morte… tu as soutenu mon cœur. Mais je ne veux plus me cacher derrière toi ! »</p><p>« William » saisit la tête d’« Arlette ». Il la serra délicatement dans ses bras, puis—</p><p>« Je t’aime. Je t’aime plus que tout au monde. Je t’aime encore. Mais c’est justement pour ça que je ne veux plus m’excuser. Je ne dois plus le faire. La voie que je suis n’est plus celle du commencement. Ce n’est plus une vengeance. »</p><p>D’une façon ou d’une autre, tout s’était déformé. Au début, il s’était levé pour corriger cette déformation. À présent, il ne ressentait plus aucune culpabilité à voler aux autres. Il allait jusqu’à en éprouver du plaisir. On ne pouvait plus appeler cette œuvre (ce karma) une vengeance.</p><p>« J’en ai fini de me chercher des excuses, de mentir en parlant de vengeance. J’arrête de me justifier. Tu es moi. Tu n’étais qu’un prétexte, le nom de la vengeance que j’avais enfoui quelque part dans mon cœur… Mais c’est bon. Je suis devenu plus fort. »</p><p>Le cou frêle d’« Arlette » était entre ses mains, mais son sourire ne s’effaçait pas. Ce n’était qu’une illusion, née de la mémoire de William. Un rêve à jamais hors de portée. Il était accro à ce rêve. Il aurait voulu se plonger dans ce doux rêve nommé Arlette. Mais « William » ne se le pardonnait pas.</p><p>« Tu vas tuer Arlette ?! »</p><p>La fureur de « Al » vrilla les oreilles de « William ». Il lui jeta un coup d’œil, le visage déformé.</p><p>« Arlette, ta véritable Arlette, celle qui aurait été prête à tout vendre pour moi, est morte depuis longtemps. Ce qui reste entre nos mains, ce n’est qu’un rêve commode où nous n’apercevons que son côté pur. Est-ce qu’elle souriait toujours comme ça ? Est-ce qu’elle m’aimait vraiment ? Tu n’en sais rien ! »</p><p>« Al » se mit à trembler.</p><p>« Nous ignorions qu’Arlette “vendait des fleurs”. Nous ne savons pas pourquoi elle mettait de l’argent de côté, pourquoi elle voulait quitter cette cabane. Avons-nous essayé de connaître son vrai visage ? Nous nous sommes contentés d’un seul côté, en détournant le regard de la vérité dure. Ça, c’est moi. C’est toi. »</p><p>« Non ! Arlette m’aimait, et je l’aimais. Il y avait un monde où nous n’étions que tous les deux ! C’est pour ça que la vengeance a un sens ! »</p><p>« Il n’y a plus moyen de le vérifier. Arlette est morte. Elle est morte avant que j’entende ses mots, avant que je voie la face sordide qu’elle avait peut-être. J’ai la certitude de l’aimer, même si je ne sais pas si j’ai vraiment été aimé. Mais il n’y a plus aucun moyen de le savoir. Aucun ! »</p><p>Sans hésiter davantage, « William » brisa le cou de son aimée imaginaire. Le son sec résonna, et « Arlette » s’effondra. Le cri de « Al » retentit dans ce monde.</p><p>« Je ne me chercherai plus d’excuses. Bien sûr que j’infligerai à Vlad une douleur à la hauteur. Mais je le ferai parce que je le veux. “Je vais devenir fou, comme je le désire.” »</p><p>« William » détruisit l’« Arlette » de la vengeance.</p><p>« Le prochain, c’est toi, petit. »</p><p>« William » posa son regard sur « Al ».</p><p>« Tu es fou. »</p><p>« Al » arracha l’épée plantée dans son ventre et la planta à son tour jusqu’à la garde dans le ventre de « William ». « William » ne broncha pas et accepta le coup.</p><p>« Oui, je suis fou. Et je le resterai… »</p><p>« William » frappa « Al » sur le flanc. « Al » fut projeté au loin.</p><p>« Tu as toujours été en moi. Chaque fois que je tuais quelqu’un, à chaque faute accumulée, tu te dressais devant moi. “C’est mal. C’est mauvais.” La gentillesse, l’amour, la morale, l’éthique que j’aurais dû abandonner, cette conscience à l’instant du crime, c’est toi. »</p><p>« Al », à terre, continuait de haïr « William ».</p><p>« Tu te trompes ! »</p><p>« Peut-être. Mais je ne m’arrêterai pas. »</p><p>« William » écrasa sa tête de son pied droit.</p><p>« Je t’ai toujours rejeté. Je ne voulais pas te voir. Je me cachais derrière Arlette, derrière un complot banal, derrière ce murmure monotone au fond de moi. Je refusais d’admettre que c’était moi. »</p><p>« William » écrasa le cou et la tête d’« Al ». Un gémissement monta. Un sentiment de conquête lui remonta par la plante des pieds. C’était du plaisir. Ce travail (ce karma).</p><p>« Mais je vais t’accepter, tu seras avec moi, et je serai avec toi. Nous marcherons ensemble. Tous ces morts gonflés, tous ceux qui me refusent, tous ceux qui me traitent de monstre, tout cela constituera une part de moi. »</p><p>Après un regard en biais, « William » tourna les yeux vers « Arlette », le cou brisé, qui lui faisait face avec un sourire. La voyant, « William » sourit à son tour et continua :</p><p>« Si vous voulez m’arrêter, faites-le. Je vais encore enfler. Ma soif est inextinguible. Je ne peux pas m’empêcher de désirer. Je veux tout cela. Je n’ai plus d’autre choix que de tout prendre. »</p><p>« William » fit face à la horde des morts. Ils étaient furieux.</p><p>« Dépouiller, c’est se rassasier. »</p><p>« William » écrasa le courageux Norman.</p><p>« Être rassasié, c’est gagner. »</p><p>Il écrasa le William aux cheveux rouges.</p><p>« Où donc mène cette victoire, cette satisfaction ? Quel paysage se dressera devant moi ? Sera-t-il luxueux ? Sera-t-il chaud ? Sera-t-il noir ? Sera-t-il froid ? Y aura-t-il jamais quelque chose qui me rassasie ? »</p><p>Il monta, piétinant plusieurs morts. Ici, plus rien ne l’entravait. S’immobilisant sur ce socle, il leva les yeux droit vers le « haut ». Il allait prouver l’absolue fermeté de sa confiance, de son assurance, de son moi.</p><p>« Tu te trompes… Je me trompe ! »</p><p>Le cri de « Al » monta des « profondeurs ».</p><p>« Hurlez, grondez. Ô barbe bénie, frappez des mains, que la révélation tonne comme un évangile ! »</p><p>Le cri des morts résonna. Leurs voix jalouses, saturées de haine, le martèlement de leurs mains qui griffaient le sol sans parvenir à le broyer, tout cela montait jusqu’à ses pieds. Et tout se transformait en plaisir, en puissance.</p><p>« Si je montre une ouverture, saisissez-la et tuez-moi. Si je montre une faiblesse, tirez-moi vers le bas à tout moment. »</p><p>Bien sûr, « William » n’avait pas l’intention de laisser la moindre ouverture, la moindre faiblesse. Mais cela lui convenait. Les fautes qu’il avait accumulées n’étaient encore qu’à mi-chemin ; le chemin venait à peine de commencer, et déjà la hauteur atteinte défiait l’imagination. S’il devait atteindre les « sommets » pour se satisfaire lui-même, même « William » ne pouvait imaginer jusqu’où il lui faudrait monter, ni combien de temps sa vie y suffirait.</p><p>Ainsi en fit-il un commandement. Il se posa la question : au vu de tous ses méfaits, pouvait-il poursuivre cette route sans hésitation ? La réponse, bien sûr—</p><p>« Tout commence ici. Monde, es-tu prêt ? Moi, je le suis. Je suis prêt à vous voir, prêt à me battre contre vous. Nous avons peur. Nous avons soif. Rien ne pourra nous apaiser, car “je” suis un voleur par nature. Venez, sur mon chemin ! »</p><p>Au sommet de la tour de morts, un roi régnait. Pour l’instant, la tour était encore basse, et le roi, faible. Mais à force de cueillir des vies sans relâche, cette tour s’élèverait, toujours plus haute, toujours plus vaste. Et l’autorité du roi qui y trônait croîtrait sans fin.</p><p>Toutes ces vies seraient sa puissance royale.</p><p>« Je ne renoncerai pas ! Un jour, je t’arrêterai… moi ! »</p><p>« Oh, c’est un peu tard, mais soit. Fais de ton mieux. »</p><p>À l’instant où il le reconnut, même Al cessa d’être simplement l’un des morts.</p><p>« … Comme toi. Ta route, tes pas. »</p><p>Était-ce la voix d’« Arlette » ou bien—</p><p>« Je ferai ainsi. »</p><p>« William » leur en était reconnaissant. En présence d’« Arlette » et d’« Al ». Parce qu’il lui avait fallu tout ce temps pour arriver ici, « William » avait acquis le pouvoir de régner sur les morts. S’il n’avait pas été englouti par eux une fois, il serait tombé au rang de simple bête.</p><p>« Bien, on y va ? »</p><p>Le Roi Masqué régnait seul sur la Tour des Morts.</p><p>« …… »</p><p>William ouvrit lentement les yeux. Il porta la main à son visage, comme pour vérifier sa propre existence. Le relief du masque, et son froid inorganique, se transmirent à ses doigts.</p><p>William examina la situation. La lumière des bougies avait faibli, les bruits du banquet qui se déroulait à l’extérieur de la tente s’étaient tus. Au contraire, presque tous les sons avaient disparu ; seul demeurait le bruissement des arbres.</p><p>« … Minuit. »</p><p>William sortit de la tente.</p><p>Une nuit noire, presque sans visibilité. La lueur des étoiles était lointaine et pâle.</p><p>« Je vois clair… »</p><p>William se mit à marcher doucement. Il sortit du camp dans la montagne, avançant seul dans une nuit où même les bêtes dormaient. Sa démarche n’était pas celle de quelqu’un perdu dans l’obscurité. Son pied posé sans hésitation trouvait toujours un appui sûr. Sur ce sol inégal, il marchait comme sur un terrain plat.</p><p>« … J’entends. »</p><p>William tourna sur lui-même comme s’il dansait. Sa musique était le vent nocturne, et son orchestre, les arbres.</p><p>« Je sens… »</p><p>La montagne regorgeait d’odeurs. Celle de la terre, des feuilles, plus loin celles des hommes et du fer, et celle du sang répandu. Tout débordait d’effluves ; le monde débordait d’odeurs.</p><p>« Eh bien, à ce point-là ! »</p><p>Tout ce qu’il voyait était nouveau. Tout ce qu’il entendait était éclatant. Tout ce qu’il flairait était vif. Tout ce qu’il toucherait, et sans doute tout ce qu’il goûterait, allait être renouvelé. Le monde avait été altéré à ce point. Tout s’était affûté au point de lui brûler les yeux pour un simple paysage, de le faire danser à un simple son, de le faire exulter à un simple parfum.</p><p>« C’est incroyable. C’est incroyable, hein, Kyle ? C’est donc ça le paysage que tu voyais. C’est ce monde-là que tu ressentais. »</p><p>Le monde était d’une beauté insensée.</p><p>« Ahahahahahaha ! »</p><p>Le monde exhalait un parfum enivrant.</p><p>« Est-ce le monde que tu voyais ? … D’une beauté… »</p><p>Du masque de l’homme, une multitude de morts se déversa. Un banc de saumons remontant le courant. Et, régnant au milieu d’eux, le roi des morts.</p><p>« —Cruel, immonde ! Laid, pénible, puant ! Mais magnifique, magnifique, magnifique ! Je vais emplir ce monde splendide d’une immonde fange. Tout ce qui me permet de briller si purement, tout ce qui est déjà pourri jusqu’à l’os, je le prendrai, je ne vous laisserai rien, tout sera à moi ! »</p><p>William Liwius régnait.</p><p>« Maintenant, monde. Commençons ! Nous verrons bien si mon vœu s’accomplit, ou si c’est toi qui l’emportes ! »</p><p>Tout n’était qu’affaire de dépouiller, et de naître.</p><p>○</p><p>« —Quoi ? Maintenant ? »</p><p>« On change de stratégie. Je me sens en forme aujourd’hui. »</p><p>William tapota le front de Carl du bout des doigts ; celui-ci affichait une mine inquiète.</p><p>« Fais-moi confiance. »</p><p>Carl avait bien remarqué que l’humeur de William différait de celle de la veille. Malgré tout, Carl ne pouvait que croire en William. Il n’avait rien d’autre.</p><p>« Merci. Je serai à la hauteur de ta confiance. »</p><p>Ainsi, l’angoisse de Carl s’apaisa.</p><p>○</p><p>« … Tu te moques de moi ? »</p><p>Une scène incroyable s’étalait sous les yeux d’Ignats.</p><p>Le drapeau d’Arcadia flottait au sommet. Sur une hauteur qui, sur la carte, appartenait à Tyal, un territoire qu’Arcadia n’avait jamais encore foulé. À présent, même si ce n’était que temporaire, ce lieu était tombé entre les mains d’Arcadia.</p><p>Une simple base, une montagne comme une autre. Mais si elle avait été prise par une dizaine d’hommes seulement, l’histoire changeait.</p><p>« Certes, je n’avais pas renforcé ce point, mais tout de même, le Corps des Dix pouvait-il aller aussi loin ? »</p><p>Tout le monde savait qu’ils ne disposaient pas de troupes en surnombre. Pourtant, personne n’aurait imaginé que cette base tomberait. Peut-être que le Corps des Cent l’aurait pu, mais le risque était trop grand et ils avaient renoncé.</p><p>« Peu importe. C’est la guerre. Gagner n’est jamais une faute. »</p><p>Frontière avec un pays ennemi. On ignorait ce qui se trouvait au-delà. On ne connaissait pas précisément leurs forces. C’est pourquoi, en temps normal, on ne prend pas ce genre de risque. Même pour le Corps des Cent, c’est difficile. Pour le Corps des Dix, cela relevait de la folie.</p><p>« Les déploiements de ces derniers jours montraient que leurs effectifs étaient presque tous concentrés ici. Même acculés, ils n’avaient pas pu renforcer leurs défenses : ils n’avaient aucune troupe à détacher. »</p><p>Un sifflet gisait aux pieds de William.</p><p>« C’était une erreur de leur part. Ils auraient dû ravaler leur fierté, ignorer l’extérieur, et concentrer toutes leurs forces sur cette base. Ils ne pouvaient pas la laisser tomber. Je regrette presque pour eux : ils sont morts à cause d’un orgueil mal placé. »</p><p>William regarda les têtes alignées. Celle du centurion qui, la veille, lui avait tenu tête. À côté, celles des chefs de dizaine qui défendaient la base.</p><p>« Parce qu’ils pensaient pouvoir me vaincre, ils ont reproduit le carré d’hier et ont chargé l’ennemi en plein milieu du champ de bataille. Ce faisant, ils nous ont perdus. »</p><p>William avait l’air désintéressé. Cet endroit ne retenait déjà plus son attention.</p><p>« Et ils ont perdu. »</p><p>Les choses s’étaient déroulées comme William l’avait annoncé. Au même endroit que la veille, en carré comme la veille, mais cette fois, ce furent les hommes de William qui portèrent l’attaque. Et ils furent écrasés.</p><p>(Ça n’a pris qu’un instant. Un instant pour que l’épée de William tranche la gorge du capitaine des Cent. C’est un autre être. Honnêtement, William me fait peur aujourd’hui.)</p><p>Était-ce seulement un bon jour ? Ou bien serait-il toujours ainsi désormais ? Nul ne le savait. Une seule chose était claire—</p><p>« Carl. Gagnons, pour la famille Taylor. Je ferai de mon mieux. »</p><p>« Non. »</p><p>William leva la main vers le ciel.</p><p>« Continuons de gagner. »</p><p>Une base de Taydal était tombée face à une dizaine d’hommes. Le capitaine des Cent avait été abattu. Arcadia avait remporté la victoire.</p><p>À partir de là, le surnom de Carl, le « Dixième invaincu », cessa d’être une simple mention héritée pour devenir un titre réel : celui du plus fort des Dix d’Arcadia. Le champ de bataille où combattaient les Dix de Carl était promis à la victoire. Et, comme on le dirait—</p>

Revision Notes

Correction de nombreuses maladresses syntaxiques et tournures littérales pour obtenir un français plus naturel tout en conservant le ton sombre et lyrique de l’original. Uniformisation de la gestion des guillemets français et du marquage des noms (« Al », « Arlette », « William ») afin d’assurer une cohérence typographique tout au long du texte. Clarification de certaines phrases ambiguës (par ex. les répliques envers Norman, le mort aux cheveux rouges, la logique du vœu de vengeance) sans ajouter d’informations étrangères à l’original. Maintien du registre sémantique fort (cruauté, fange, vol, karma, roi des morts) en renforçant légèrement certaines formulations pour mieux refléter l’intensité de la version source anglaise/japonaise. Ajustement de certaines traductions trop explicites ou maladroites autour d’Arlette (« flower sale », motivations) vers des formulations plus idiomatiques mais toujours transparentes pour le lecteur. Correction de la cohérence des termes militaires : usage de « Corps des Dix », « Corps des Cent », précision sur base/hauteur, etc., afin d’éviter les contresens et de garder la hiérarchie claire. Nettoyage général : correction de fautes de ponctuation, suppression de répétitions inutiles, harmonisation des temps verbaux (passé/imparfait/présent de narration) pour une lecture fluide. Clarify the opening lines to preserve the 'bottom of the world' motif: e.g. « …dans un monde d’égouts à l’odeur stagnante. J’étais au plus bas. Ici commençait le monde, ici il finissait. » to better reflect the idea of standing at the very bottom rather than just 'penser au fond'. Revisit the 'starved the dead' line with a slightly less categorical formulation, unless confirmed by the JP: e.g. « Parfois, pour passer l’hiver, nous avions dû nous nourrir des morts. » if accurate; otherwise, keep ambiguity. For the warning to the world, keep the ominous address: « Mais prends garde, monde. Car ce sont toujours ceux qui sortent de la voie qui le changent. » to maintain the accusatory tone. Adjust Norman’s reproach to stay closer to the confusion of the original: e.g. « Tu ne m’as pas effacé, même en me reléguant dans l’ombre. Alors tu m’as tué ! » and ensure the logic (betrayal/remembering/ killing) is not over-rationalized. Clarify the red-haired character’s line if source permits: specify the name (le sien ou celui de William) to avoid ambiguity about whose 'nom' should be used. For the chant-like lines (Nazeda / Sinitaknai / etc.), you may preserve some fragmentation to echo incantatory voices: « “Nazeda ?” / “Je… veux pas mourir.” / “Je veux aimer ma famille.” / “Pour le pays.” » to keep the mantra feel. Fix the mountain-of-dead sentence: current FR is confusing. Suggested: « En un instant, une montagne de morts s’éleva derrière “Al”. Elle avala son sifflement, engloutit “William” et semblait prête à se mettre en mouvement d’un instant à l’autre. » or, if sense is threat rather than literal engloutissement, phrase accordingly. Correct the 'true Arlette' line to match the source morality (if EN reflects JP): instead of 'celle qui aurait été prête à tout vendre pour moi', prefer something comme « celle prête à tout pour moi » or « prête à tout sacrifier pour moi », unless 'flower selling' = prostitution is confirmed by the JP context. Reinforce the 'natural thief' self-definition explicitly: near « car “je” suis un voleur par nature », ensure this matches the original 'natural thief' rather than a softened metaphor. At « Tout n’était qu’affaire de dépouiller, et de naître. », consider « Tout n’était qu’affaire de dépouiller et de (re)naître. » to retain the dual motif of stripping/robbing and birth. In the war section, slightly tighten consistency of ranks: clearly distinguish 'Corps des Dix' (unité), 'Dix de Carl' (son groupe), and Carl’s surnom: par ex. « le “Dix invaincu” Carl » or « les Dix invaincus de Carl » selon le JP, pour éviter l’ambiguïté. Clarify the pronoun/subject where needed (e.g. 'Elle engloutit un sifflement') to avoid misreadings, and keep the internal monologue parentheses clearly attributable. Maintain a slightly less ornate register in some metaphors to better match light-novel tone, unless you aim for a deliberately literary adaptation; avoid over-elevating where the original is raw or repetitive.