Chapter 18 - Revision Interface

Tower Of Karma

Translation Status
Completed
Confidence Score
69.0%
Validation
Passed
Revision Recommendations
  • Low confidence score (0.69). Consider revision to improve quality.
Revision History
Version Model Confidence Validation Date Actions
v1 openrouter/polaris-alpha 83.0% Failed Nov 13, 2025 09:43
Latest Revision (v1)
Revised Title

Chapitre 17

Revised Content

<h1>Chapitre 17</h1><p>« Hilda von Gardner. En avant. »</p><p>« Oui ! »</p><p>Enfin venait le tour des jeunes. Bientôt, ce serait celui de Karl. William regardait le prochain appelé. Il n’avait pas prêté attention à Karl, trop absorbé par ses propres pensées. L’ébauche de son plan—</p><p>« …… »</p><p>Devant lui se tenait un Karl raide comme un piquet, les dents serrées à en claquer. Un sourire lui échappa malgré lui en le voyant.</p><p>« …… Ça va être difficile de placer un mot. »</p><p>Karl jeta un coup d’œil à William en tremblant.</p><p>« Ne fais pas ça, allez, vas-y. Si tu fais un faux pas devant Son Altesse, toute la famille en pâtira. »</p><p>La famille Taylor souffrait avec lui. C’était naturel. À présent, Karl se tenait là. Face au monstre qui portait le pays sur ses épaules, la tension montait, et il ignorait quelles paroles pourraient froisser l’humeur de l’autre. Impossible de lui dire de ne pas être nerveux.</p><p>S’il y avait la moindre chance de mettre en péril quelque chose d’important pour William, il ne pouvait rester calme. La légèreté insouciante de la famille d’autrefois, ce passé lointain, s’était enfin dissoute, tardivement. En un sens, il venait d’être libéré d’une grande pression.</p><p>C’est pourquoi William pensa qu’il pouvait bien lui prêter un peu de son propre fardeau.</p><p>« Oui… et si j’échoue ? »</p><p>Le mot « échec » fit monter d’un cran la tension de Karl.</p><p>Hilda, qui venait de recevoir une récompense spéciale, observait Karl avec un air crispé. Naturellement, si Karl échouait, Rutgard en souffrirait. Elle s’en inquiétait pour cette raison. Ou peut-être aussi en tant qu’amie, ou bien—</p><p>« Si tu échoues… on se déchaîne ensemble. »</p><p>« Buhio ! »</p><p>Karl s’étrangla avec un bruit grotesque. Heureusement, ils étaient un peu à l’écart, personne n’entendit. De toute façon, le degré de sérieux de William était déjà évident.</p><p>« Je négocierai avec le roi pour qu’on nous garde comme otages, puis on ira en exil à Ostberg ou en Galias. Ou bien jusque dans l’Arkland lointain. Un long voyage, ce serait amusant, non ? Tu t’imagines l’ambiance ? »</p><p>Il débitait n’importe quoi. Même Karl savait que ce n’était qu’un rêve.</p><p>« Ce n’est vraiment pas le moment de plaisanter. »</p><p>Les jeunes étaient appelés l’un après l’autre. Ce ne serait pas étonnant que le tour de Karl arrive d’un instant à l’autre.</p><p>« Je ne plaisante pas. Si tu échoues, je le ferai vraiment. J’ai déjà la scène en tête. Laurent, Einhart et Rutgard, je les protégerai. À partir de là, je serai ton épée. Je ne servirai pas Arcadia, je servirai Karl von Taylor. »</p><p>Un mensonge à quatre-vingts pour cent, au fond du cœur de William. Pourtant, William ressentit un léger malaise devant la facilité avec laquelle ces mots lui venaient. Comme s’il disait la vérité—</p><p>« Tu n’es pas lâche ? »</p><p>William regarda Karl. Ses yeux disaient autre chose que sa bouche. Et c’est pour cela—</p><p>« Tu ne me déçois pas. C’est suffisant ! »</p><p>Les tremblements de Karl cessèrent. Un peu de souplesse revint dans ce corps jusque-là figé.</p><p>« Karl von Taylor, en avant. »</p><p>Enfin, le tour de Karl. La fois précédente, à ce même moment, cela n’avait rien eu de glorieux. Mais cette fois—</p><p>« Oui ! »</p><p>Il bombe le torse et s’avance.</p><p>« Rassure-toi. Je suis là. »</p><p>« Ouais ! »</p><p>Karl s’avança. Il sentait dans son dos son propre sabre. Une lame loyale à laquelle il accordait une confiance absolue. Karl ne doutait pas de cet absolu. Ainsi pouvait-il marcher avec assurance.</p><p>« Eh, c’est la famille Taylor. »</p><p>Les regards changèrent légèrement en voyant sa démarche assurée.</p><p>« Karl, toi… »</p><p>Hilda, qui le connaissait depuis l’enfance, fut elle aussi surprise par ce changement.</p><p>(William est derrière moi. Il l’a dit. Je n’ai plus qu’à y croire.)</p><p>Sans hésiter, son regard se porta vers l’estrade. Vers Erhart von Arcadia.</p><p>(Pour moi, William est… au-dessus de Son Altesse.)</p><p>Un souffle de vent passa. Ce ne fut qu’un instant, une simple brise, mais bien réel.</p><p>« …… Karl ? »</p><p>Même William, non, précisément William n’avait pas perçu la croissance de Karl von Taylor. Il n’y avait pas que William qui avait franchi un palier.</p><p>Karl posa un genou à terre et inclina la tête. Son geste était véritablement noble et raffiné.</p><p>« Les exploits des jeunes de Karl sont parvenus jusqu’à moi. Des prouesses remarquables. Dans toute l’histoire d’Arcadia, ils sont peu nombreux à avoir survécu après avoir accompli ce que tu as fait. »</p><p>Erhart tira l’épée qu’il portait à la taille.</p><p>La salle s’agita. De la sueur froide coula dans le dos de ceux qui craignaient une nouvelle bévue. William aussi vécut un moment de tension. Si quelque chose tournait mal, il faudrait agir.</p><p>« Je promeus Karl von Taylor du grade de chef de dix à celui de chef de cent. De plus, j’accorde à Karl von Taylor le titre de chevalier ! »</p><p>La stupéfaction submergea la salle. Certains laissèrent éclater leur surprise. Le principal intéressé, Karl, était lui aussi abasourdi. Il s’efforçait de garder contenance, mais la sueur dans son dos ne cessait d’augmenter. Même pour William, cette situation dépassait ses prévisions. Qu’un simple chef de dix reçoive la chevalerie, cela ne s’était encore jamais vu. En outre, Karl venait d’une maison modeste sans liens avec la grande noblesse. Il était naturel que beaucoup aient du mal à l’accepter. Sauf ceux qui venaient d’être honorés.</p><p>« Jures-tu d’être notre épée ? »</p><p>Doucement, la lame effleura l’épaule de Karl. Une scène inconcevable. Pourtant, Karl, tant bien que mal, se ressaisit, avala sa salive et ouvrit la bouche.</p><p>« Je le jure sur l’épée, je le jure. »</p><p>Erhart sourit à cette réponse. Il rengaina son épée et retourna à sa place.</p><p>« Karl von Taylor, relève-toi. »</p><p>« Ha ! »</p><p>Cela n’avait duré qu’un instant, mais pour Karl, cela avait semblé une éternité. Il s’était avancé prêt à tout, mais jamais il n’aurait imaginé ce qui l’attendait.</p><p>« Respire, William, respire. »</p><p>« Il a fait de son mieux. J’en suis resté coi. Moi, je ne suis pas chevalier. Il y a des raisons. Et la famille royale. »</p><p>Tout en soutenant un Karl dont la tension retombait brusquement, William réfléchissait.</p><p>Pourquoi la famille royale était-elle présente ? La réponse était simple. Le titre de chevalier ne peut être accordé que par un membre de la famille royale. Pour anoblir Karl, il fallait leur présence.</p><p>« Enfin… William Liwius, en avant. »</p><p>« Hein ? »</p><p>Alors que la salle bruissait encore de l’anoblissement, le tumulte retomba net.</p><p>Karl se figea. William non plus n’avait pas envisagé qu’on l’appelle. On ne nomme pas un simple chef de dix parmi les chefs de cent lors d’une telle cérémonie. Alors, pour quelle raison ?</p><p>« William Liwius. »</p><p>« Ha ! »</p><p>Il n’avait qu’à avancer. La main sur la garde de son épée, il marcha. « Hein, c’est qui, lui ? » « Même pas chef de dix. » « Qu’est-ce qu’un Masque Blanc fait là ? »</p><p>Il s’arrêta au pied des marches. William leva les yeux vers l’estrade. Le monstre doré se tenait juste devant lui.</p><p>(Il a l’air délicieux.)</p><p>Sa bouche en eut l’eau à la bouche. Juri. Il se mordit la langue pour retenir la salive. William était au bord du rire. Dans cette situation où tout pouvait basculer, il se découvrait une envie réelle de haïr et de dépouiller son adversaire. Il voulait cette lumière. S’il l’obtenait, cette soif, ce deuil seraient apaisés.</p><p>« Excuse-moi de t’avoir fait venir si brusquement. On raconte bien des choses sur toi… mais es-tu bien un homme ? »</p><p>Erhart posa soudain une question inattendue.</p><p>« Je n’ai jamais caché quoi que ce soit de ce côté-là, mais je ne suis pas sûr que ce soit un sujet à exposer ici. »</p><p>William rit sous son masque. Il s’agissait donc bien du masque. Dans ce cas, mille réponses possibles. Si on l’avait fait monter ici pour cela, il pouvait presque s’en réjouir. Il était au centre de toutes les attentions.</p><p>« Tu ne caches pas ta laideur, alors pourquoi porter un masque ? »</p><p>Comme il s’y attendait.</p><p>« C’est un outil qui me sépare, en tant que guerrier, du reste des hommes. Sur le champ de bataille, il faut parfois tuer ses émotions. En le portant, je peux porter un jugement froid, objectif. »</p><p>« C’est donc là le secret de l’essor fulgurant du Corps des Cent de Karl ? »</p><p>« Bien sûr, c’est d’abord le mérite de Monsieur Karl. Je ne suis qu’une petite force. Dans ce cadre, si vous me demandez si ce masque m’est important, la réponse est oui, Votre Altesse. »</p><p>William inclinait la tête. Erhart le dominait du regard.</p><p>« Bien, je ne peux pas exiger que le Masque Blanc l’enlève. Je voulais seulement poser la question. Passons au sujet principal. »</p><p>Il ne l’avait pas fait venir uniquement pour ça. Il y avait autre chose.</p><p>« J’ai bien entendu parler de tes exploits. En Lakonie, le chef de cent supérieur Hian. À Talial, le chef de cent supérieur Urquius. Et récemment, ‘l’Ours Blanc’, Schlüstel Niklinen, chef de cent d’un petit pays du nord, Ratukkia. Tu les as tous abattus. »</p><p>Baldias et les autres du corps militaire avaient pris note de ces informations. Hilda et les jeunes aussi laissèrent paraître leur surprise.</p><p>Le « Ours Blanc », Schlüstel Niklinen, était un vieux héros, très populaire parmi le peuple de Ratukkia. Il existait de vieux récits de ses combats avec Baldias. S’il n’avait pas gravi davantage les rangs, c’était parce qu’il venait d’un petit pays. Même âgé, il s’était tenu en première ligne pour Ratukkia. C’était cet homme que William et les siens avaient tué.</p><p>(Ils vont vite. Je pensais que cela ne compterait pas encore dans cette évaluation.)</p><p>La défaite de Schlüstel était toute récente. Même Baldias et les autres n’étaient pas encore au courant. Qu’Erhart ait obtenu l’information si vite montrait qu’il n’était pas qu’un prince oisif. Ou bien qu’il disposait d’autres relais—</p><p>« Bien sûr, tes résultats jusque-là suffisaient déjà. Mais faire tomber ‘l’Ours Blanc’, ce n’est pas rien. Tu sais pourquoi ? »</p><p>Le combat contre Schlüstel avait été insensé. William lui-même, dans son état actuel, n’était pas sûr de pouvoir l’affronter de front. Schlüstel avait beaucoup perdu avec l’âge. William l’avait observé jusqu’au dernier moment.</p><p>De concert avec les Cent locaux, ils avaient encerclé Schlüstel, et lorsqu’il avait forcé la percée, William l’avait chargé. Schlüstel, que l’on pensait affaibli, restait redoutable. Le monstre et William échangèrent de multiples passes, jusqu’à la mise à mort finale.</p><p>Pour un adversaire de cette trempe, recevoir des louanges n’aurait rien eu d’étrange. Mais, après tout, ce n’était « qu’un » chef de cent, et son apogée était passée. William ne jugeait pas cela suffisant pour mériter un traitement exceptionnel. Au final, ce n’était qu’un soldat de plus qui était tombé—</p><p>« Tu ne vois pas ? Moi, ça m’a stupéfait. Ratukkia a déposé les armes devant Arcadia. On m’en a informé hier soir. »</p><p>William en fut ébranlé. Hilda et les autres, qui observaient la scène, aussi. Toute l’assemblée en resta bouche bée. Le choc était général.</p><p>« Ce pays n’avait plus les ressources humaines. Peu de terres, incapable de maintenir les apparences. Sa chute n’était qu’une question de temps. Mais le dernier coup de grâce, ce fut la défaite de son héros, ‘l’Ours Blanc’. La victoire des Cent de Karl et des Cent locaux. Je trouvais injuste de ne rien accorder à ceux qui avaient fait tomber un pays. C’est pourquoi je suis venu. »</p><p>C’était la principale raison de l’anoblissement de Karl. La dernière pièce du puzzle. Baldias et les autres l’ignoraient encore, mais Erhart, lui, savait. On dépassait le simple cadre militaire pour entrer dans le domaine politique.</p><p>« Mais tu n’es pas encore chef de dix. Sans cela, ton dossier reste léger, et une promotion aussi brutale serait difficile. De plus, tu es un étranger, alors que Karl vient d’une famille du pays. T’accorder directement la chevalerie est compliqué. »</p><p>Erhart dégaina de nouveau son épée.</p><p>« Par conséquent, William Liwius se voit accorder, à titre exceptionnel, le statut de citoyen de deuxième classe. Bien entendu, c’est sous réserve qu’il continue à servir ce pays en tant que chef de dix. »</p><p>Jamais encore un citoyen de troisième classe, un étranger, n’avait été promu citoyen de deuxième classe. Même par mariage, l’enfant né devenait deuxième classe, mais le statut du parent ne changeait pas. C’était un cas plus qu’exceptionnel. Les nobles pouvaient bien hausser les épaules, mais pour William, c’était renversant.</p><p>Il pensait qu’il ne pourrait atteindre la noblesse qu’une fois détaché de la troisième classe. Une voie extrêmement étroite, qu’il croyait encore lointaine.</p><p>« Jures-tu de devenir le sujet de notre pays ? »</p><p>Être reconnu citoyen ne changeait pas tout. Cela n’ajoutait aucun droit visible à l’instant. Il n’était encore qu’un « homme ordinaire », loin des titres et des honneurs.</p><p>« Je le jure. »</p><p>Mais un sourire naquit sur le visage de William. Il venait de franchir un pas concret. De toute façon, il n’avait jamais eu l’intention de rester simple soldat. L’armée était un outil de progression. Un moyen, rien de plus.</p><p>« William Liwius, tu peux te retirer. »</p><p>Son but était de s’établir dans ce pays. Car tous ceux qui s’étaient moqués de lui vivaient sous ce ciel. Pour les atteindre, il lui fallait ce « maintenant ».</p><p>« Ha. »</p><p>Un roi peut donner un statut à un homme. C’est là un pouvoir quasi divin. Possible seulement parce qu’il se tient au-dessus de tous. Il n’est qu’un seul objectif—</p><p>Le sommet des hommes, autrement dit, le « roi ».</p><p>William se retourna pour contempler la salle derrière lui. Aristocrates, nobles, élites triées sur le volet. Il se rappela qu’il n’était encore qu’en chemin. Le plus bas placé ici, né au plus bas. C’est ce qui donnait tout son sens à son ascension.</p><p>(Kuhi.)</p><p>C’est parce que le bas avale tout que c’est intéressant. Là naît la véritable comédie.</p><p>(Tout le monde jouera, y compris ceux qui sont derrière moi.)</p><p>Sous le masque blanc, une bête de convoitise et d’avidité bouillonnait.</p><p>○</p><p>La cérémonie de remise achevée, la grande salle se transforma en salle de banquet. Vins fins, pains tout juste sortis du four, viandes et légumes frais, et même des poissons de choix, rares pour Arcadia qui ne donne pas sur la mer. Tous se répartissaient en petits groupes pour manger, boire et bavarder. Les groupes se formaient selon le rang des présents, et au final—</p><p>« On n’a pas grand-chose à faire. »</p><p>« Ouais. »</p><p>William et Karl se retrouvaient à l’écart. Manger en silence était morne, et ils ne savaient pas quoi dire. Se mêler aux autres n’était pas plus simple : Karl n’avait pas encore tout à fait le rang, et William, bien que désormais citoyen de deuxième classe, restait un homme du commun.</p><p>(Ils nous jettent des regards en coin. Méfiance, curiosité, calculs divers…)</p><p>William sentait parfois les regards converger sur eux. Karl venait d’être fait chevalier, lui venait d’obtenir un statut de deuxième classe sans précédent. Qu’on les considère comme des cas à part était compréhensible. Avec encore quelques exploits et un grade de plus, ils pourraient un jour être au centre de cette assemblée. Mais ce n’était pas pour ce soir. Rien de plus.</p><p>(Inutile de s’impatienter. Il faut aller vite, mais…)</p><p>Renforcer sa force martiale. Maintenant qu’il commandait les Cent de Karl, la palette tactique à sa disposition s’était élargie. L’impact qu’il pourrait produire sur le champ de bataille n’aurait plus rien à voir avec celui d’un chef de dix, et sa valeur militaire grimperait.</p><p>« Karl, Blanc, venez un peu. »</p><p>« Hein, Hilda ? »</p><p>Hilda, qui bavardait encore tout à l’heure avec quantité de monde, s’approcha de Karl et William, isolés. Derrière elle se tenaient plusieurs silhouettes. Karl retint son souffle. Il n’avait aucune envie d’y aller, mais on le traînait en le tirant par l’oreille.</p><p>(Je vois… les jeunes nobles, hein ?)</p><p>Les diplômés de l’école que Karl n’avait pas intégrée. Des fils de nobles ayant suivi le parcours élite, probablement nommés chefs de cent dès le départ. Et—</p><p>(Plutôt bons, dans l’ensemble.)</p><p>Aux yeux de William, ceux qu’Hilda amenait semblaient être une sélection bien filtrée parmi les jeunes regroupés ici. Hilda devait leur accorder une certaine confiance. Ils dégageaient effectivement une bonne impression.</p><p>« Je pense que vous vous en doutez déjà, mais voici Karl. Et ce Blanc, c’est William. »</p><p>Hilda les présenta sommairement. Elle connaissait trop peu William pour le présenter en détail, et il n’était nul besoin d’expliquer qui était Karl. Pourtant, l’un des nouveaux venus les observait avec curiosité, tandis qu’un autre refusait même de croiser leur regard.</p><p>« Je suis Anselm von Kruger, chef de cent. J’espère que nous pourrons nous épauler si nous nous croisons sur le champ de bataille. »</p><p>Anselm, aux cheveux sombres et aux yeux bleus. Chevalier, fils aîné de la prestigieuse maison Kruger. Son père est comte et, selon la loi d’Arcadia, la charge passe automatiquement à l’héritier. Le statut, chez lui, n’est qu’un décor : ce qui compte, c’est sa chevalerie, preuve de ses exploits au combat. Sa silhouette bien campée et son regard acéré trahissaient une solide expérience.</p><p>« Je m’appelle Gregor von Tonder. Mon père est tellement jaloux de moi qu’il m’a presque mis à la porte. Enchanté ! »</p><p>Gregor, à la carrure immense, venait d’une famille moins illustre que les Kruger, mais néanmoins en vue. Son père, qui avait jadis gravi les échelons à toute allure, en était à présent envieux. Sur le champ de bataille, il faisait tournoyer sa grande taille comme une arme, fauchant quantité d’ennemis. Sans être une célébrité, il n’en restait pas moins chef de cent.</p><p>« Je ne vois pas l’intérêt de me présenter. Excusez-moi. »</p><p>L’homme qui refusait de donner son nom s’éloigna sans même croiser le regard de William et Karl. Hilda poussa un soupir. Karl, lui, se sentit soulagé.</p><p>« Pardonne-moi, Karl. Ce type n’a plus rien à voir avec le gamin d’autrefois. »</p><p>Gregor semblait être un vieux camarade. Karl aussi, en un sens.</p><p>« Il s’appelle Gilbert von Oswald. Sa maison est ducale. C’est sans doute, en ce moment, le candidat le mieux placé pour épouser une princesse. Un sale type… mais très fort. »</p><p>Hilda expliqua à William. Il lâcha un bref « merci », mais tout cela sautait effectivement aux yeux. L’aura n’était pas la même. Ces trois-là ne jouaient pas dans la même catégorie que le reste de la salle.</p><p>« Comment va Rutgard ? Présente-la-moi un de ces jours. »</p><p>À ces mots, un flot meurtrier jaillit d’Hilda. « J-je plaisantais », balbutia Gregor en s’étranglant, mais le regard de Hilda restait glacial.</p><p>(Étrange. Qu’est-ce qu’il lui trouve, à cette fille si terne ?)</p><p>William, qui ne comprenait rien aux charmes de Rutgard, ne voyait pas quel genre d’homme pouvait la réclamer ainsi. Peut-être était-ce, comme il le disait, une plaisanterie—</p><p>« J’ai eu affaire à Hian. Je voulais te rencontrer, toi qui l’as vaincu. »</p><p>Anselm tendit la main. Compétent, il semblait aussi être du genre à ne pas mépriser un roturier, tant que la valeur était là.</p><p>« C’est un honneur. »</p><p>La force d’Anselm se laissait sentir dans sa poignée. Et la force de William devait lui être tout aussi sensible.</p><p>« Anselm est fils d’une grande maison, mais il déteste qu’on s’y attarde. Si tu dois l’appeler, dis simplement ‘chevalier’ ou ‘monsieur’. Masque Blanc. »</p><p>Gregor tendit à son tour la main. Sa puissance, conforme à sa carrure, se fit sentir.</p><p>« Mais tu as abattu Schlüstel Niklinen. Non, le ‘Masque Blanc’ n’est pas une légende de pacotille. Ce héros-là était une légende vivante, connue non seulement dans les pays voisins, mais aussi au loin. Si on t’évalue à la hauteur de cet exploit… chevalier et chef de cent en même temps ne seraient pas de trop… »</p><p>Gregor rendait hommage à celui qui avait vaincu la légende. Mais ses yeux ne souriaient pas. On y lisait une envie de le dépasser. En cela, Hilda devait partager le sentiment de tous les soldats présents.</p><p>La légende avait été proprement balayée.</p><p>« J’aimerais entendre comment tu t’y es pris, pour en tirer des leçons. »</p><p>Anselm, le visage impassible, était lui aussi curieux.</p><p>« Parlons-en. D’abord, nous avons coopéré avec les Cent locaux pour établir un encerclement… »</p><p>Pour William, nouer des liens avec de puissants chefs de cent était un atout. La coopération serait indispensable s’il voulait à l’avenir étendre son champ de bataille. C’était la première marche, et il poursuivit donc la discussion selon le plan arrêté avec Karl.</p><p>Hilda, de son côté, recommença à jouer avec Karl. Elle lui tirait les joues, un vieux jeu. C’était l’une des raisons pour lesquelles Karl avait toujours été mal à l’aise avec elle.</p><p>« Allez, tout le monde. »</p><p>« On compte sur toi ! »</p><p>« Très bien ! »</p><p>Ainsi se nouaient, une fois encore, les liens entre chefs de cent.</p><p>○</p><p>« Baldias. Ce sont eux, là-bas, les plus prometteurs ? »</p><p>Erhart observait l’un des groupes en contrebas, au milieu du banquet. Les jeunes chefs de cent échangeaient entre eux. Il y avait d’autres groupes, plus éloignés, mais aucun ne dégageait une atmosphère aussi dense. Erhart distinguait les hommes à leur aura. Le bon comme le mauvais se lisaient dans l’apparence. L’atmosphère était une individualité, un signe de ce que l’on est. Et lorsqu’on est exceptionnel, on excelle en tout.</p><p>« Oui. Mais je ne m’attendais pas à voir Karl von Taylor au milieu d’eux. »</p><p>Un jeune garçon aux cheveux blonds et aux yeux clairs. Il était encore adolescent, l’air juvénile. Au premier coup d’œil, il ne dégageait aucune aura. Rien qui accroche le regard d’Erhart.</p><p>« C’est justement son camouflage. Le véritable excellent, c’est le Masque Blanc. Celui-là, je l’adore. Je le veux. Si j’étais un peu plus jeune, j’aurais supplié Sa Majesté. »</p><p>Juri. La salive monta à la bouche d’Erhart. Il collectionnait les talents. Il n’en avait jamais assez. Surtout ceux qui brillaient. Il aimait leur éclat.</p><p>« Pourquoi t’abaisser à assister à une réunion aussi stupide ? »</p><p>Derrière lui, une femme d’une grande beauté se faisait laver les pieds, l’éventait d’un éventail, et se prélassait nonchalamment.</p><p>« Ne dis pas ça, Claudia. Tu ne trouves pas qu’il a un visage intéressant ? »</p><p>« Pas le moins du monde. Il ne m’attire pas du tout. »</p><p>Les talents qui réjouissaient Erhart ne suffisaient pas à Claudia. Rien ne trouvait grâce à ses yeux.</p><p>« Moi, c’est la première fois que je vois quelqu’un comme lui. »</p><p>À l’inverse de Claudia, une jeune fille savourait le spectacle en contrebas. Elle aussi était belle. Si Claudia incarnait la séduction, la jeune fille incarnait la fraîcheur. Deux formes de beauté différentes. Chacune, à elle seule, aurait suffi à faire demander sa main par cent hommes.</p><p>« Oui, Eleonora. Regarde bien, et compare avec Claudia. »</p><p>Claudia en fut presque froissée. Eleonora, qui sortait pour la première fois du palais, trouvait tout ce qu’elle voyait nouveau et fascinant.</p><p>Toutes deux portaient le nom d’Arcadia. Claudia était la première princesse, Eleonora la seconde. Le sang royal les plaçait à part.</p><p>« Oh, un visage que j’ai déjà vu. »</p><p>« C’est celui de la maison Oswald, Votre Altesse. »</p><p>L’homme qui avait attiré l’attention de Claudia était Gilbert, issu de la maison ducale la plus en vue après la famille royale.</p><p>« Il a pas mal de talent, et sa valeur militaire grimpe. »</p><p>« Hm, mais c’est le second fils, non ? Dans ce cas, il ne te convient pas. »</p><p>Même les espoirs d’une maison ducale ne trouvaient pas grâce aux yeux de Claudia. Elle n’avait d’yeux pour personne. Tous trop sérieux, trop ternes.</p><p>« C’est lui qui a vaincu l’Ours Blanc ? »</p><p>Eleonora demanda à Baldias. Celui-ci sourit en entendant la question. Le visage d’Eleonora s’illuminait. Les affrontements de jeunesse entre Baldias et Schlüstel étaient devenus légendaires dans les deux pays. De nombreux combats, parfois victorieux, parfois non, sur les plaines enneigées du nord. Pour une jeune fille qui aimait ces récits, rencontrer celui qui avait mis fin à la légende ne pouvait qu’être captivant.</p><p>« Mais il était déjà très vieux, non ? »</p><p>Erhart restait froid. Pour lui, la compétence passait avant le prestige du nom. Autrefois, Schlüstel était une légende, mais désormais ce n’était plus qu’un vieux soldat. Il y avait un gouffre entre lui et un homme de la trempe de Baldias.</p><p>« Certes, il était vieux, mais cet homme restait fort. En bas, seul ce garçon peut se vanter de l’avoir tué. Moi, je l’aurais affronté de face. Lui, il l’a probablement fait autrement… une méthode qui frôle la lâcheté. »</p><p>Baldias grinça des dents. Il ne connaissait que ce qu’il avait vu : William était bien plus fort qu’avant, mais pas encore capable d’affronter Schlüstel de front. Même avec une hésitation de l’adversaire, ce n’aurait pas été simple.</p><p>« En effet. Les Cent locaux ont été presque anéantis. Je n’ai pas pu les convoquer ici. »</p><p>Un corps de cent hommes ruiné. Le cadavre de Schlüstel, lorsqu’on le récupéra, portait les marques de nombreuses flèches et pierres, et son corps, privé de vivres après la coupure de ses lignes de ravitaillement, était émacié. Ce n’avait pas été un duel équitable.</p><p>« Enfin, Ratukkia est à blâmer. Confier pareil héros à un si petit pays, c’était nous inviter à le tuer… Ils ont tenu longtemps, mais ça ne pouvait pas durer. »</p><p>Que le plan ait été inhumain, que la légende ait été piétinée, n’y changeait rien : le résultat était là. Le vieux rempart qui contenait les velléités d’Arcadia avait disparu. Le nord était désormais sûr. Il n’y avait plus de petit pays gênant.</p><p>« Il est excellent. Diablement excellent. »</p><p>William tordait la guerre à sa guise. C’était précisément ce que Baldias n’arrivait pas à aimer chez lui.</p><p>« Un homme qui ne sait que se battre n’est pas intéressant. Il faut encore qu’il soit intelligent. »</p><p>Ce qui déplaisait à Baldias était, aux yeux d’Erhart, une qualité à saluer. En fin de compte, Erhart appréciait William. Cet ambitieux démesuré qui visait le ciel.</p><p>« Bon, je commence à me lasser de manger. Passons à un peu d’exercice après le repas. »</p><p>Erhart se leva. La fête ne faisait que commencer.</p>

Revision Notes

Maintien intégral du texte en français, sans traduction vers une autre langue. Clarification des relations de rang et des statuts (chefs de dix/cent, citoyen de deuxième/ troisième classe) en restant fidèle à la structure politique et sociale de l'original. Amélioration de la fluidité des dialogues : ponctuation française (« guillemets », tirets implicites) et suppression de formulations lourdes ou maladroites. Correction de contresens ou glissements : par exemple, la phrase sur la 'haine' de William au sujet de la question 'es-tu un homme ?' a été réajustée pour viser le sens correct centré sur le masque. Uniformisation des appellations (Monseigneur/Votre Altesse, Masque Blanc, Ours Blanc, Corps des Cent de Karl, etc.) pour cohérence interne. Ajustement des passages introspectifs de William pour mieux refléter son ambition froide et calculatrice sans enjoliver ni affadir. Correction de certains enchaînements logiques (ex. cause de la présence de la famille royale, lien entre chute de Ratukkia et récompenses). Préservation et polissage du ton narratif du light novel : mélange de solennité, d'ironie légère et de focalisation interne. Correction de nombreuses petites erreurs grammaticales, de concordance des temps et de registre (éviter les ruptures de niveau de langue injustifiées). Conservation stricte de la structure HTML existante (balises, sauts de section marqués par '○'). Clarify the mask explanation to align more closely with the original nuance: for example, change « C’est un outil qui me sépare, en tant que guerrier, du reste des hommes. » to « C’est un outil qui sépare mon moi de guerrier de mon moi ordinaire. » Where fidelity is prioritized, slightly reduce interpretive leaps: e.g. « Un mensonge à quatre-vingts pour cent » could be « Un mensonge, aux quatre cinquièmes au moins » or « Un mensonge en grande partie », leaving the exact ratio ambiguous, as in the source. Ensure consistent treatment of military ranks and units. If the series standard is ‘chef de dix’ / ‘chef de cent’, keep those uniformly and avoid formulations comme « Corps des Cent de Karl » qui peuvent laisser croire à une unité spécifique; préférer « le corps de cent hommes de Karl » si nécessaire. Harmonize romanization/orthography of names with the official or series-wide standard: ‘Erhart’ (or ‘Erhard’), ‘Baldias’ (ou ‘Valdias’ si c’est le canon), ‘Schlüstel Niklinen’ (ou autre forme officielle), ‘Ratukkia’, ‘Hian/Haian’, etc. The current text is coherent à l’intérieur du chapitre, mais vérifier avec la nomenclature globale. Reintroduce or clarify a few nuances to fully match the source: par exemple, après l’explication d’Erhart sur Ratukkia, expliciter que l’information vient du domaine politique (« Ce que Baldias ignorait encore, Erhart le tenait déjà de ses réseaux politiques. ») pour refléter le passage original. Dans la scène finale avec Baldias et Erhart, expliciter légèrement le contraste pour coller aux lignes japonaises: après « William tordait la guerre à sa guise. », ajouter quelque chose comme « C’était précisément ce calcul froid qui rebutait Baldias. » puis conserver « Un homme qui ne sait que se battre… » comme réponse d’Erhart, ce qui rétablit clairement la dynamique. Uniformiser le traitement des onomatopées: soit les conserver en italique avec une courte glose implicite, soit les fondre dans la phrase, mais éviter l’alternance flottante. Sur le plan du ton, lisser quelques tournures familières pour rester dans une narration de fantasy militaire légèrement formelle, sauf dans les dialogues où le registre familier est approprié.