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Chapitre 34

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<h1>Chapitre 34</h1><p>Les Gilbert, après avoir mis l’ennemi en déroute, se dirigeaient à marche forcée vers Flanderen. Plus précisément, ils visaient la vaste plaine, déplacée de concert avec les montagnes, qui devait s’étendre devant Flanderen. Sans s’en emparer, la force principale ne pourrait pas manœuvrer aisément pour frapper l’arrière de l’armée ennemie.</p><p>« Pas étonnant ! Magnifique ! Typique d’un Gilbert. Le sang des épéistes ne ment pas. »</p><p>« Hé ! Ton père sera fier aussi. »</p><p>Mais ce n’était que flatterie intéressée. L’armée des Naderks, qui ne s’attendait pas à un mouvement brusque de l’ensemble des forces ennemies, fut prise de court par l’attaque générale de l’armée d’Arcadia et, au final, la victoire fut emportée grâce à cet écart de préparation. Et ce sont ces deux hommes, maîtres de Gilbert, qui avaient rendu cela possible.</p><p>« Je suis redevable aux brigadiers Willibrand et Christoph. Je vous remercie profondément. »</p><p>Voyant Gilbert prononcer ces paroles polies, les deux éclatèrent de rire.</p><p>« Christoph, tu te rends compte ? Ce morveux qui se met à nous parler avec des honorifiques. »</p><p>« Parce que ça ne lui va pas du tout, j’en ai la chair de poule. On se reverra bientôt. D’ici là, prends sur toi. »</p><p>« Je le sais déjà. »</p><p>« Bouh ha ha ha ha ha. »</p><p>Ces deux hommes avaient appris à Gilbert ce qu’était la guerre. Ce n’est pas exagéré de dire qu’ils lui avaient tout enseigné, hormis le maniement de l’épée. Gilbert ne les avait encore jamais surpassés sur le terrain de la stratégie. Ils savaient tout de la guerre : savoir, expérience, puissance, jeunesse au service de leur art. Deux hommes qui possédaient tout. Ce sont ces hommes, étrangers au doute, qui deviendraient la colonne vertébrale soutenant Gilbert.</p><p>« Mais l’armée des Naderks n’est pas complètement détruite. Je vois des incendies qui s’élèvent là-bas, mais ce n’est pas un anéantissement total. »</p><p>« Je comprends ton enthousiasme, mais si l’on ajoute que Flanderen se trouve juste derrière, leur comportement paraît franchement stupide. »</p><p>« Oh ? Alors vous comptez attaquer Flanderen dans la foulée ? »</p><p>« Évidemment. Maintenant qu’on est là, laisse-nous l’occasion de laver la honte de la chevalerie. On va la saisir. »</p><p>C’était un exploit qui marquerait l’Histoire. Une occasion unique. Ils n’avaient aucune intention de la laisser filer.</p><p>« Gilbert, merci pour tout. Laisse-nous prendre le relais ici. »</p><p>Gilbert afficha une mine contrariée. Les deux s’en amusèrent.</p><p>« Allons, tu en as déjà fait assez. Confie-nous la suite. »</p><p>Le commandant ennemi avait été abattu en ce lieu même. Il était acquis, ou presque, que Gilbert serait reconnu comme le principal artisan de ce succès. Sa promotion paraissait assurée. S’il cherchait à en tirer davantage, les plaintes ne manqueraient pas de fuser. D’autant plus que la suite de la victoire se jouait ici.</p><p>« D’accord, je vous laisse faire. »</p><p>Le visage fermé, Gilbert retourna à son unité. Il devait transmettre l’ordre d’attendre en arrière.</p><p>Les visages des deux hommes qui le regardaient partir étaient radieux.</p><p>« La maison Oswald est sauvée, elle aussi. »</p><p>« Il a compris. Il sait ce qu’est l’épée. J’ai des craintes pour ma nièce, son frère me fait peur, mais même elle sera capable d’encaisser. »</p><p>« Ouais. À nous de montrer la force de notre bras droit. »</p><p>Flanderen se dressait devant leurs yeux. Jusqu’ici, dans toute l’histoire d’Arcadia, ils n’avaient jamais franchi la Luria pour attaquer Flanderen. Mais à voir la faiblesse actuelle de la défense, ils jugeaient très probable qu’un assaut rapide suffirait à la faire tomber.</p><p>« On y va, Christoph. »</p><p>« Ouais, Willibrand. »</p><p>Aujourd’hui, ils allaient inscrire leurs noms dans l’histoire. Et ensuite, Gilbert porterait Arcadia sur ses épaules, bien plus loin encore. Un tel avenir s’ouvrait devant eux.</p><p>○</p><p>À Flanderen, Rudolf se préparait au départ. Bien sûr, en pratique, c’étaient les jeunes servantes de Rudolf qui bouclaient les bagages.</p><p>Rudolf était vautré sur le lit, occupé à suivre du regard les poitrines qui passaient parfois dans son champ de vision.</p><p>« L’armée d’Arcadia approche à toute vitesse. Nous devons partir. »</p><p>Quand Reinberger entra dans la pièce sans se soucier de l’atmosphère, Rudolf afficha une expression écœurée.</p><p>« Oh, ça veut dire qu’on a perdu ? Beurk, beurk, beurk. »</p><p>Rudolf se tortilla, geignard. Les seins qu’il serrait à deux mains tressaillirent à grande vitesse. Rheinberga en avait mal à la tête.</p><p>« Bien sûr, nous avons l’ordre de défendre Flanderen jusqu’au bout, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne tombe. »</p><p>« Bouh, bouh. Wolf, mon bon Wolf. Si tu n’es pas fichu de tenir correctement, tu vas me mettre dans l’embarras. »</p><p>Le camp des Naderks avait renversé l’échelle de la victoire, mais pour Rudolf, tout cela restait dans ses calculs. Il avait même gagné du temps pour nouer de bonnes relations avec l’armée des Naderks. Donc, si on lui retirait le contrôle, il passerait à l’étape suivante. Intégrer cette éventualité faisait aussi partie des capacités d’un général.</p><p>« Oh, je n’ai plus besoin de Flanderen. Et je déteste perdre. Tu comprends ? »</p><p>Le visage de Reinberga pâlit en comprenant enfin ce qu’il voulait dire.</p><p>Rudolf, lui, fixait les poitrines d’un air absent. De ça, il ne se lassait jamais, quoi qu’on en dise.</p><p>« Oh. »</p><p>Rheinberga quitta la pièce, la tête basse.</p><p>« Allez, on remballe tout de suite et on se tire ! Cette extrémité orientale est trop agitée. Allons faire disparaître tout ça dans un bain moussant royal ! »</p><p>Rudolf pelotait une poitrine sans se soucier le moins du monde de l’état de Reinberga. Il fallut encore un bon moment avant que les jeunes filles aient terminé les préparatifs.</p><p>○</p><p>Carl s’écroula en lâchant un « Hii ». Son visage de général, qu’il arborait depuis un moment, se volatilisa, et c’était un Carl von Taylor plus habituel, plus authentique, qui se tenait là.</p><p>« Non, je ne pensais vraiment pas qu’on réussirait à les repousser. »</p><p>« Merci infiniment, Carl. »</p><p>Ignats et Frank étaient eux-mêmes stupéfaits de la situation. Ce Carl avait repoussé le « Chant du Lion ». Carl, que les autres marchands prenaient pour un simple poids mort de la famille Taylor, avait brillé comme capitaine d’une centaine d’hommes. Un non-samouraï qui surpassait les samouraïs.</p><p>« Tu as claqué combien pour tout ça ? »</p><p>Voyant le sol littéralement tapissé de flèches, Carl prit un air embarrassé.</p><p>« Hé, Laurent a doublé la mise que tu avais proposée, non ? »</p><p>« Avant ça, Carl avait déjà multiplié par dix l’offre de M. William. »</p><p>Tel père, tel fils. Leur manière d’utiliser l’argent, leur rapport au temps, les sommes en jeu, n’avaient rien de normal. On pouvait dire que Carl portait, lui aussi, pleinement le sang des Taylor.</p><p>« Résultat, il nous reste encore un énorme stock de flèches. Tout ça, c’est du surplus. »</p><p>« … Hah. William avait raison de vouloir gérer lui-même un commerce d’armes. »</p><p>« Votre voix tremble, monsieur. »</p><p>Il gardait encore quelques côtés peu fiables, mais Carl grandissait sûrement. Seuls ses subordonnés, qui le connaissaient depuis l’enfance, pouvaient le voir aussi clairement. L’essor de Carl von Taylor—</p><p>○</p><p>Willibrand et Christoph s’emparèrent sans difficulté des murailles de Flanderen. Les jeunes, qui observaient de loin, restaient bouche bée devant la précision de leurs manœuvres. Leur propre niveau était encore bien inférieur. Il leur faudrait dépasser ces deux hommes pour prétendre au sommet.</p><p>« On peut pousser jusqu’au cœur de la ville ? »</p><p>« Marché conclu. Mais si ça tourne mal, ne laisse surtout pas filer l’occasion. »</p><p>« Bien sûr. Une victoire reste une victoire. »</p><p>Willibrand fit entrer leurs troupes dans Flanderen et avança dans une ville où les habitants étaient encore présents.</p><p>Prendre Flanderen, tête de pont vers les Sept Royaumes des Naderks, avait une portée immense. La guerre entre Arcadia et les Naderks ne ferait que s’intensifier désormais. Attaques, contre-attaques : l’ère des combats approchait.</p><p>Ce n’est qu’en y brillant que l’on devient un héros. Une figure marquante dont le nom restera dans l’histoire du monde.</p><p>« Les temps vont changer. Et nous, avec Gilbert, nous serons au centre. »</p><p>« J’ai hâte de— »</p><p>Christoph s’interrompit. Un groupe vêtu de noir barrait la route, là où aurait dû se trouver l’artère principale de la ville. Les deux hommes froncèrent les sourcils devant cette silhouette tapageuse et insolite.</p><p>« …… »</p><p>Au centre se tenait un monstre en armure d’un noir de jais. Fétide, solitaire, malfaisant et répugnant. On aurait dit une forme condensée de toute la malveillance de ce monde. Son visage était entièrement dissimulé sous un heaume intégral.</p><p>Et dans sa main—</p><p>« Sacrée taille. Avec ça, en fauchant l’herbe, tu ravagerais tout. »</p><p>Une énorme lame, aussi grande que lui. Noire elle aussi, lame et poignée.</p><p>L’ensemble de son équipement défiait la raison et la fonctionnalité. Ici, c’était le champ de bataille, pas une cérémonie ni une fête. Se tenir là, comme ça, dans de telles circonstances, revenait à chercher la mort.</p><p>« Mais ici, c’est un champ de bataille, pas un champ à moissonner. »</p><p>Christoph dégaina, et Willibrand l’imita aussitôt. À cet instant, l’atmosphère changea du tout au tout. La tension guerrière emplissait l’espace. Leur combativité gonfla. En tant que généraux, ils incarnaient aussi parfaitement les qualités exigées de bretteurs.</p><p>« ……… »</p><p>On ne peut pas baisser sa garde sur un champ de bataille.</p><p>« Hm ? Tu as dit quelque chose ? »</p><p>Ils avaient affronté tant d’ennemis, et l’avaient toujours emporté. Dans une bataille rangée, ils ne doutaient pas d’écraser l’adversaire. Le chemin qu’ils avaient parcouru était celui de héros des champs de bataille.</p><p>Cependant—</p><p>« … Tue. »</p><p>Ici, ce n’était pas un champ de bataille.</p><p>○</p><p>« Yo. Alors, tu t’es réveillé, O-san ? »</p><p>Anatol fut surpris d’être encore en vie. Puis, en prenant la mesure de la situation, son expression se fit complexe.</p><p>« On a… perdu ? »</p><p>L’état de l’armée principale parlait de lui-même. Le drapeau blanc immaculé était celui d’Arcadia. Celui des Naderks brûlait, réduit en cendres. Dans cette guerre de montagnes, il n’y avait pas eu de véritable vainqueur.</p><p>Anatol ferma doucement les yeux.</p><p>« Ouais, on a perdu. Quand j’ai été taillé en pièces, j’ai compris qu’on était foutus, alors j’ai détalé de toutes mes forces. Tu m’avais aidé l’autre jour, alors je te rends la pareille. Comme ça, je ne te dois rien, c’est tout. »</p><p>Nika résuma ça d’un ton sec, en donnant un coup de pied dans un caillou, les lèvres serrées.</p><p>« C’est moi qui suis désolé. La bataille était gagnable. Tout est de notre faute. Tu n’y es pour rien. »</p><p>« Je m’en fiche de ça. Enfin, je vois bien. Disons que si Wolf venait à perdre, ça laisserait un goût amer, mais tant qu’il n’y a que Wolf, le chef, qui perd, ça passe. C’est toi qui m’importe. »</p><p>« … Vraiment. »</p><p>Le silence s’installa. Un vent agréable se leva.</p><p>Pendant ce temps, les mercenaires noirs se rassemblaient peu à peu.</p><p>« Hé, criminel de guerre. On rentre à la maison. »</p><p>« … Désolé de n’avoir rien d’autre à te dire. »</p><p>Le retour de Uwayne. Au final, Uwayne avait été entièrement neutralisé par Carl. Il avait été vaincu avant même d’avoir pu lancer une seule attaque contre les lignes adverses, écrasé sous la pluie de flèches tombant sans la moindre hésitation. Mais dans de telles conditions, ni Uwayne ni personne n’aurait pu faire quoi que ce soit. Ils avaient pris ce risque en connaissance de cause. Il existait des plans pour tuer les héros.</p><p>« Pardon. C’est un poids qui commence seulement à se faire sentir. »</p><p>Nika tourna le regard vers Flanderen. L’inconfort qu’elle ressentait depuis tout à l’heure venait de là. La cause principale était là-bas. Il se pouvait que Uwayne l’ait perçue lui aussi.</p><p>« Ce n’est pas un guerrier. C’est quelque chose de plus étranger encore. Mais je n’ai pas envie d’admettre qu’un tel être existe. »</p><p>Le visage de Uwayne se crispa, comme s’il ressentait à son tour cette présence.</p><p>« … Ça s’est mis en marche. Alors la bataille est finie. »</p><p>Anatol fixa au loin la direction de Flanderen.</p><p>Une lueur tremblotante, embrasée par le soleil couchant. Le nombre de colonnes de fumée augmentait sans cesse.</p><p>Flanderen était en flammes.</p><p>« Cette maison des Naderks qui grave son nom dans l’histoire des ténèbres. Dans ses descendants… réside le dieu de la mort. Il ne faut pas l’affronter. Ce ne serait pas un combat. »</p><p>Seul Anatol comprenait ce qui se produisait là-bas.</p><p>○</p><p>Willibrand n’avait même pas conscience qu’il urinait. Il revoyait un subalterne se faire faucher comme une simple touffe d’herbe. Il revoyait Christoph, tranché de haut en bas tandis qu’il tentait de résister, sans même pouvoir opposer la moindre défense. En se remémorant ces images, Willibrand faillit vomir. C’est à peu près à ce moment-là que son cheval fut mis en pièces.</p><p>Quoi qu’il en soit, Willibrand fuyait. Jetant sa dignité et son rang aux orties, les yeux exorbités, les larmes et la morve en pagaille, il courait dans un état pitoyable.</p><p>« Désolé. Je ne peux pas survivre autrement. »</p><p>Il avait peur de mourir. Plus précisément, il avait peur d’être tué par ce monstre. En entrant sur le champ de bataille, il avait accepté de risquer sa vie en chevalier. Il pensait s’y être préparé. Mais cet endroit n’était pas un champ de bataille. Chevaliers ou soldats, on ne pouvait même plus dire avec certitude que ceux qui tombaient étaient des humains.</p><p>« … ! »</p><p>Willibrand se figea. Il entendait. Cette voix.</p><p>« … ! »</p><p>Cette voix d’horreur, celle de la mort. Le son des os qui se fendent, de la chair qui se déchire.</p><p>C’était encore loin. La voix s’éloignait.</p><p>Quand elle s’éteignit, Willibrand sentit un semblant d’apaisement.</p><p>« Hah… ah, ah, ah, ah… »</p><p>Un apaisement fragile. Le corps de Christoph, fendu dans la longueur, continuait de danser devant ses yeux. Une vision irréelle. Les deux épéistes issus de la lignée des Oswald, réputés pour leur art, n’avaient pas même ébréché cette chose. Chaque rencontre rapprochée avec cette lame ne menait qu’à une mort certaine.</p><p>Une puissance et une vitesse écrasantes, et plus effroyable encore que tout cela—</p><p>« Putain… ce monstre. »</p><p>Willibrand finit par reprendre ses esprits. Ce qu’il devait faire était simple, évident. Il fallait récupérer l’exploit de Christoph, s’emparer de ce mérite. Face à un individu pareil, on pouvait gagner en usant de l’armée, même si on perdait en duel. On pouvait abattre ce monstre. C’est ce que Willibrand se répétait.</p><p>« Je le tuerai avant qu’il ne me tue. Ne me sous-estime pas. »</p><p>Rejoindre l’armée. La raison de leur échec tout à l’heure n’était qu’un excès de confiance, et le fait qu’ils n’étaient qu’une poignée. Tant que c’est un homme, on peut le tuer en le cernant proprement et en le criblant de flèches. C’était logique.</p><p>« Je suis un commandant de ce royaume, un chevalier, un noble ! »</p><p>Willibrand se remit à courir, la cape claquant. Maintenant que son but était clair, il retrouvait son calme en forçant son esprit et son corps à foncer vers cet objectif.</p><p>« Sur un vrai champ de bataille, je ne perdrai pas. Pas vrai, Christoph ? »</p><p>Récupérer l’honneur. Même s’il ne pouvait y parvenir seul, le groupe le pourrait.</p><p>Il courut. Vers les siens, vers la direction d’Arcadia. En continuant d’avancer, il rejoindrait bientôt la force principale. Si l’on ajoutait la distance qu’il avait fui à celle déjà parcourue—</p><p>« La vue se dégage. Encore un peu. »</p><p>Les lieux où l’on peut déployer une grande armée sont limités. Willibrand avait étudié Flanderen auparavant. Il avait le terrain en tête. Au-delà, il devait forcément y avoir un détachement ou le gros des troupes. Une fois réunis, ils pourraient se retourner et contre-attaquer.</p><p>« Si je tourne à ce coin… c’est gagné ! »</p><p>Willibrand prit le virage et—</p><p>vit un charnier noyé dans les flammes rougeoyantes.</p><p>Willibrand s’effondra à genoux, désespéré. Une hache effleura sa joue. Une odeur infecte lui déchira les narines. Il lui suffit de suivre la source de la puanteur pour comprendre. Des cadavres. Des cadavres en train de brûler.</p><p>« Ah… »</p><p>Au centre de ce brasier se tenait un seul monstre. À cet instant, Willibrand perdit tout, sauf une seule chose. La chevalerie inculquée depuis l’enfance, la technique patiemment ciselée, les expériences accumulées, tout fut réduit à néant.</p><p>« … Rose. »</p><p>Un monstre vêtu de noir profond. Un sang sombre dégoulinait de sa grande lame, touchait le sol en feu, s’évaporait en volutes rougeoyantes qui montaient dans les airs.</p><p>Mais c’était la « mort » qui se tenait là.</p><p>« Oh… je vois. »</p><p>Ironiquement, ce désespoir ralluma une lueur dans les yeux de Willibrand.</p><p>« Si… si je force un peu, je pourrai dire que j’ignorais… que c’étaient des civils… »</p><p>Il ne riait plus.</p><p>En y regardant de plus près, les cadavres ne portaient pas tous des uniformes. Il y avait aussi des vêtements ordinaires. Ce n’étaient sûrement pas des citoyens d’Arcadia. Ici, c’était Flanderen, territoire des Naderks. S’il y avait des gens en habits civils, c’étaient forcément les habitants de Flanderen.</p><p>« Tue. »</p><p>Il était vidé. Qui avait-il en face de lui ? Ce n’était pas un soldat.</p><p>« Ne te fous pas de moi. »</p><p>Ce n’était pas un chevalier.</p><p>« Espèce de… ! »</p><p>C’était un meurtrier. La chevalerie qu’il pensait avoir perdue se ralluma dans ce désespoir. Cette scène, il ne pouvait pas la pardonner. Cette tuerie ne pouvait être acceptée. La guerre est un pari entre chevaliers, entre guerriers. Un massacre comme celui-ci est impardonnable.</p><p>« Tu es un monstre ! »</p><p>Le nom de chevalier se brisait.</p><p>Willibrand bondit, jambes tendues, sans se soucier de la chaleur qui brûlait sa peau. Ce monstre personnifiait le désespoir. Sa coupe était celle de la première lame d’Arcadia, héritière des plus hauts courants de l’escrime. L’aura écrasante qui émanait de lui n’avait plus rien de commun avec tout à l’heure. Il incarnait la forme même d’un combat foulé aux pieds, une charge désespérée dans laquelle Willibrand jetait toute sa vie.</p><p>« Ne sous-estime pas un guerrier ! »</p><p>La justice était de son côté—</p><p>« Tue. »</p><p>—.</p><p>Il était un chevalier aux flammes guerrières ardentes. Un combattant qui avait traversé d’innombrables champs de bataille, consacré sa vie à la guerre.</p><p>Face à lui se dressait—</p><p>« Un monstre. »</p><p>« La Faucheuse. »</p><p>« Tue. »</p><p>La créature lâcha la grande lame d’une main et, de l’autre, enfonça son bras gauche dans le torse de Willibrand qu’elle venait de trancher de côté. Guchu, guchu, guchu. Elle remua.</p><p>« Aaaah, aaaaah, aaaaaaaaaaah ! »</p><p>La Faucheuse souriait tandis que Willibrand hurlait. Vision d’horreur. Elle le poussait vers la mort sans lui laisser le moindre répit. Elle tirait ses intestins, les déchirait, les écrasait. Elle riait au milieu de cet enfer où sang et immondices se mêlaient.</p><p>« Tueeeeeeeeeer. »</p><p>La Faucheuse jouait avec Willibrand. Elle écrasa son cœur, prêta l’oreille à ses derniers râles, et s’en repaissait. Elle lui arracha un œil, le remit dans son orbite. Son crâne se fendit depuis l’orbite, et la Faucheuse ouvrit son cerveau en deux. Elle frémit de plaisir dans la gelée cérébrale.</p><p>« Aaaah, aaaaah, aaaaaah ! »</p><p>Après avoir finalement jeté au feu le jouet avec lequel elle venait de s’amuser et savouré sa combustion, le dieu de la mort, avide de nouveaux meurtres, se remit en marche. Il n’avait pas encore tué assez. Il devait tuer, encore et encore. On l’avait laissé sortir après bien trop longtemps.</p><p>« Tuer, tuer, tuer, tuer, tuer, tuer, tuer, tuer, tuer, tuer, tuer, tuer, tuer ! »</p><p>Un dieu qui joue avec la mort. Voilà ce qu’était ce monstre. Un être né, élevé, façonné hors de tout autre lien que celui de la mort. L’expression extrême d’un unique aspect humain, affûté jusqu’à la démesure. Cette mort concentrée engendrait aisément une puissance dépassant toute mesure.</p><p>Une Faucheuse noire brandissant la légende des Naderks. Tel était ce monstre.</p>

Revision Notes

Amélioration de la fluidité générale en français (syntaxe, enchaînements, registres) tout en conservant le sens et le ton du texte source. Clarification de plusieurs formulations ambiguës ou maladroites : par exemple, "flatterie intéressée" pour rendre l'idée de compliment intéressé, reformulation des passages sur la responsabilité de Gilbert et la promotion. Harmonisation des noms propres et titres : maintien cohérent de Willibrand, Christoph, Naderks, Flanderen, Arcadia, etc., sans francisation intempestive ni variation inutile. Affinement du registre des dialogues pour respecter la caractérisation (Rudolf lubrique et capricieux, Willibrand orgueilleux puis paniqué, Nika sèche mais concernée, etc.). Renforcement de la cohérence des pronoms et sujets, en particulier dans les passages avec Anatol, Nika et Uwayne, afin d’éviter les confusions. Stabilisation du champ lexical de la guerre et de la chevalerie : "exploit", "tête de pont", "bataille rangée", "chevalerie", "massacre", pour mieux correspondre aux enjeux militaires. Affinement des descriptions horrifiques pour rester explicites, rythmées et lisibles, en évitant les répétitions lourdes et en rendant le crescendo de la violence plus naturel. Correction de petites erreurs lexicales ou contresens potentiels (par ex. précision sur la responsabilité de Willibrand, sur l'idée de 'récupérer' le mérite, sur l'identification des civils à Flanderen). Maintien et respect des balises HTML et de la structure originale (paragraphes, séparateurs "○", dialogues en guillemets français). Ensure name and term consistency: - Normalize "Reinberger / Rheinberga / Reinberuka" to a single form (likely "Reinberger"). - Normalize "Uwayne / Uwain" to one spelling. - Keep "Naderks" / "Nederks" consistent; choose one based on source (likely "Naderks"). Tighten a few semantic choices to stay closer to the (intended) original while preserving fluency: - "Ce sont ces hommes, étrangers au doute" could be adjusted to something less interpretive like "ces deux hommes inébranlables" to avoid over-reading "deaf" and better match "backbone" imagery. - "Une Faucheuse noire brandissant la légende des Naderks": clarify the object: e.g. "Une Faucheuse noire brandissant l’arme légendaire des Naderks" or "brandissant la légende vivante des Naderks" depending on canon. - Where the EN source is clearly corrupted ("black rabbit", "vat"), if you know the JP original, align with established terminology; if not, add minimal, non-contradictory clarification (e.g. always present it as a massive noire lame / faux). Preserve the brutality and madness markers consistently: - Maintain repetitive "Tue, tue, tue" / "Korose" patterns closer to the original intensity (you can keep them in FR, but ensure similar length and rhythm to match tone). - For laughs and whines ("Buh ha ha", "Yada Yada"), current renderings are acceptable, but you may choose forms slightly more idiomatic yet equally unhinged ("Bwahaha", "pff, pff" etc.) rather than smoothing them too much. Minor stylistic and grammatical refinements: - Use consistent French typographical conventions for dialogues: « … » with appropriate spacing. - Avoid slightly awkward formulations like "La vue se dégage. Encore un peu." by tying them more clearly to context if desired: "La vue se dégageait : plus que quelques pas." Document intentional corrections where EN source is clearly erroneous: - Since your FR often corrects mistranslations/garbled EN (e.g. mountain war/vainqueur, bribe/mérite), note these choices if working in a production context to keep transparency with the original JP.