Chapter 28 - Revision Interface
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Revised Title
Chapitre 39
Revised Content
<h1>Chapitre 39</h1><p>« Al, c’était classe. »</p><p>Un tourbillon d’enthousiasme se propageait sous leurs yeux. Favela adressa un compliment à sa meilleure amie en regardant la scène. Elle savait qu’Al ne pouvait pas l’entendre, mais elle voulait le dire quand même. Pour cette amie proche qui, seule, se battait en tête, loin devant.</p><p>« Il lui ressemble, et en même temps je suis encore loin de lui. »</p><p>Kyle fixa la silhouette de William qui s’éloignait, le regard terni comme par la rouille.</p><p>« Tu es devenu un peu chevalier. »</p><p>Kyle serra les dents. Al était devenu chevalier. Bien au-delà de ce qu’il imaginait à l’époque. Pourtant il n’a toujours rien à protéger. Il est chevalier, mais reste en manque. Ne devrait-il pas saisir cette chance ? Est-ce une comédie ? Une tragédie ?</p><p>Un chevalier qui veut agir sans rien avoir à protéger. La distorsion n’en est que plus criante.</p><p>« Mais l’ennemi est fort. Ça, je l’ai compris. Il est spécial. »</p><p>Favela se remémore Erhart. L’éclat d’Erhart dépassait le bon sens au point d’attiser même sa jalousie. Ce n’est que ce type d’émotion qui lui revient. Même Favela, qui n’a guère de dispositions pour le respect, en vient à penser ainsi. Elle se demande ce qu’en pensent les autres.</p><p>« Vraiment ? »</p><p>Mais Kyle secoua la tête avec force.</p><p>« Je le percerai bientôt à jour. La source de cet éclat, c’est le pouvoir. Dans la famille royale, ce sera un tournant. Mais ce pouvoir-là n’a pas de substance. Un simple homme fort finira par le vaincre. »</p><p>Quand Favela se tourna, elle vit sur son visage l’ombre du roi, celui qui voyait tout d’en haut. Par instants, depuis l’enfance, Kyle laissait filtrer cette habitude. Un Kyle que Favela ne connaissait pas. Il n’en avait jamais parlé, même au couple qui l’a recueilli, avant leur rencontre.</p><p>« Il n’existe rien dans ce pays qui puisse arrêter un homme comme ça. »</p><p>Kyle portait la même lueur que le roi. Mais ce n’était pas la beauté d’Erhart. Plus tordue, plus fangeuse, plus sanglante, une volonté de lutte plus pure encore que le combat. Et une légère odeur de brûlé s’en dégageait.</p><p>« J’ai peur de moi-même. Si je n’y arrive pas, alors il faudra que quelqu’un m’arrête. La folie née ce jour-là, la faim et la soif qui en sont issues. Le temps viendra où je devrai les porter. Si ça m’échappe des mains, si je m’y abandonne, alors— »</p><p>Un torrent de puissance écrasante.</p><p>« Je devrai le tuer. »</p><p>Favela sentit une force formidable. Sans doute sa propre sensibilité la rendait-elle plus nue à ce qu’il laissait filtrer. Il ne parle jamais du passé, ne se vante pas de sa force, et met en avant la gentillesse. Le voir ainsi en contradiction avec son attitude habituelle rendait Favela un peu seule.</p><p>« J’espère que tu n’auras pas à le faire. »</p><p>Kyle avait l’air seul. Comme s’il était déjà convaincu que cela arriverait.</p><p>Il se tourna vers la foule.</p><p>« Où vas-tu ? »</p><p>« C’est la fête aujourd’hui. Il est temps d’aller travailler aussi. »</p><p>Kyle avait retrouvé son ton habituel. Pourtant, ce qui se transmettait depuis son dos ne changeait pas. Favela n’eut pas le cœur de courir après lui alors qu’il s’éloignait.</p><p>Ce que Kyle avait compris en voyant la scène d’aujourd’hui était bien au-delà de ce que Favela pouvait saisir.</p><p>○</p><p>« Un problème, général Valdias ? »</p><p>Valdias levait les yeux vers un point. Il n’y avait rien là, et personne d’autre ne regardait. Pourtant—</p><p>« Non, rien. Concentrez-vous, assurez la protection de Sa Majesté. »</p><p>« Ha ! »</p><p>Valdias observait l’homme. Cela n’avait duré que quelques secondes. Il avait suffi de ça pour que l’homme se désintéresse de lui et l’écarte. Autrement dit, on l’avait jugé insignifiant. Et Valdias avait senti l’écart qui les séparait.</p><p>(Je pourrais gagner… mais plutôt, qui pourrait vaincre un tel monstre ?)</p><p>Valdias tremblait sans s’en rendre compte. Où ces monstres se cachaient-ils donc ? Comment un être pareil pouvait-il exister dans le royaume d’Arcadia ? Il n’est pas dans l’armée. Si quelqu’un d’un tel calibre y était, tout le monde le trouverait monstrueux. Alors, s’il vient de l’ombre… Valdias secoua la tête.</p><p>(S’il vient de l’ombre, on peut expliquer cet éclat. Ce serait plutôt celui du roi—)</p><p>On ne le compte pas parmi les plus grandes étoiles, mais Valdias est un guerrier aguerri. Et pourtant, le voilà terrifié d’un seul regard. Difficile à admettre. Mais son instinct saisissait très bien la situation. Dans ce royaume d’Arcadia, ici et maintenant, se trouve un individu plus fort que lui.</p><p>(Je n’en sais rien. Je n’en sais rien, mais je n’arrive pas à arrêter ce frisson.)</p><p>Arcadia, le pays qu’il aime. Tant de gens remarquables ici. De nombreux jeunes, forts, droits, au cœur clair. S’ils continuent de grandir, presque tous ceux dont le nom circule finiront par surpasser Valdias. Et puis il y a le monstre qu’il a croisé aujourd’hui.</p><p>« Pardonne-moi, Stracless, mais Arcadia deviendra plus forte encore. »</p><p>Arcadia se renforce. Cette certitude emplissait Valdias de joie.</p><p>○</p><p>« Alors, qu’est-ce qui se passe ? »</p><p>William et Anselm discutaient à l’écart des regards.</p><p>« Rien de certain. Toi et Oswald avez bougé pour cette chevalerie, comme tu le sais, c’est logique. On confie les chevaliers aux officiers, mais ce sont les civils qui ont le dernier mot. »</p><p>William serra les dents. Il n’est rien de plus effrayant qu’une situation qu’on ne comprend pas.</p><p>« C’est un plan du roi ? »</p><p>« Impossible. Si c’était le cas, Erhart me l’aurait dit. Quelqu’un d’autre que la famille royale a déposé la requête pour que tu sois fait chevalier. »</p><p>William réfléchit. La situation est mauvaise. Il serait stupide de se réjouir seulement du titre. Tant qu’il ignore les intentions derrière cette nomination, il ne peut pas bouger à la légère.</p><p>« Ce ne sont que des rumeurs, mais il circule des histoires étranges parmi les nobles. »</p><p>« Dis toujours. Je veux le maximum d’informations. »</p><p>Rumeurs ou pas, peu importe. William voulait chasser ce brouillard. Pour lui qui s’est frayé un chemin par la théorie, manquer de pièces pour l’assembler provoquait une peur qui dépassait la simple inquiétude.</p><p>« Si certains nobles se sont mis en mouvement… je ne peux pas dire si c’est vrai ou non. »</p><p>« Pourquoi ? »</p><p>« Il y a ce noble que tu as aidé, à l’époque. »</p><p>« Que j’ai aidé… »</p><p>Un visage apparut dans l’esprit de William. Il s’en souvenait comme si c’était hier. Impossible d’oublier. Il s’appelait—</p><p>« Vlad von Jealousy. »</p><p>Le cousin d’Al du côté de William.</p><p>« C’est probablement autour de lui que ces histoires de nobles ont commencé à circuler. »</p><p>Sans doute aussi celui qui a soufflé ces rumeurs. Un feu couvant, entretenu juste ce qu’il faut. Flou et équivoque, et c’est justement ainsi que cela se répand partout sans jamais lasser.</p><p>Il devait tirer ça au clair. Il n’y a pas de fumée sans feu.</p><p>« Quelle position occupe Vlad parmi les nobles ? »</p><p>« Haut fonctionnaire, politicien. Actuellement secrétaire général de la Société aristocratique. Son caractère doux et affable le rend apprécié d’en haut comme d’en bas. »</p><p>Secrétaire général de la Société aristocratique. Une place respectable pour un administrateur civil. Sans doute sa limite actuelle. S’il s’était contenté de déposer une requête de chevalerie, ce ne serait pas un problème.</p><p>« Apprécié, hein ? »</p><p>Pour qui connaît le vrai Vlad, l’expression avait de quoi faire sourire. Mais ce n’était pas le moment de juger à l’affect. Il fallait évaluer Vlad avec froideur.</p><p>« Il faut le rencontrer. Peut-on le voir aujourd’hui ? »</p><p>« J’ai déjà envoyé un messager, je me doutais que tu le demanderais. Si Vlad est impliqué, il ne refusera pas. »</p><p>William esquissa un sourire devant la célérité d’Anselm. Il ne savait pas comment cela paraîtrait de l’extérieur, mais pour l’instant, son efficacité était précieuse. Sa volonté de devancer autant que possible les souhaits de William était nouvelle.</p><p>« Finissons d’abord les salutations protocolaires. »</p><p>« Je sais. Au fait, comment ça s’est passé ? Rien qui cloche dans tes manières ? »</p><p>Le regard d’Anselm se mit à luire comme celui d’un loup, et il se mit à frissonner. « Ah », William réalisa son erreur. Trop tard.</p><p>« Impossible ! Votre éclat dépasse les cieux ! Pas la moindre faute, vous incarnez la beauté, vous faites pâlir lune et soleil ! Tous doivent s’incliner, non, ils s’inclineront ! »</p><p>Anselm ne répondait pas du tout à la question de William. Celui-ci trouvait ce côté-là franchement agaçant. Son excellence était indiscutable, mais il traînait un sérieux défaut.</p><p>(On ne peut pas lui couper juste cette partie… ?)</p><p>William songea très sérieusement à un moyen d’« élaguer » ce travers-là seulement.</p><p>○</p><p>Gilbert faisait face à un homme. Cheveux courts comme lui, regard de rapace. Un interlocuteur qui tendait même Gilbert.</p><p>« Qu’y a-t-il ? »</p><p>Bernhard von Oswald, actuel chef de la maison Oswald. Pilier de l’armée d’Arcadia, sommet des guerriers, juste après Valdias. Surnommé le « Général-Épée ».</p><p>« J’ai une requête à vous présenter, général Bernhard. »</p><p>« Ne m’appelle pas “Père”. Dis “général Bernhard”. »</p><p>Gilbert ravala sa salive. Face à ce grand homme qu’était son père, il était nerveux. Enfant, même aux tournois martiaux, sa nervosité l’empêchait de briller et il se faisait réprimander. Ce sentiment n’avait pas changé en grandissant. Pourtant—</p><p>« Je suis moi aussi chef de division. Je voudrais donc un vice-général à la hauteur. »</p><p>« … Tu n’en as pas déjà un ? Il est compétent, non ? C’est insuffisant ? »</p><p>Un officier formé par Bernhard. Rien à redire sur ses capacités. Épée comme savoir, tout y est. Cependant—</p><p>« Insuffisant. »</p><p>coupa Gilbert. Bernhard haussa les sourcils, intrigué.</p><p>« Qui veux-tu ? Le masque blanc à la mode, là ? »</p><p>À ces mots, Gilbert fit une grimace. Bernhard sourit intérieurement. Il n’avait de toute façon jamais eu l’intention de placer William sous ses ordres. En tant que général, noble, et père, ce serait un non-sens.</p><p>Son jugement sur William : excellent, mais sûr de lui et ambitieux, un homme qui ne se place sous la coupe de personne. Ni bon ni mauvais en soi pour contrebalancer le rectiligne Gilbert. Pour tenir un homme pareil, il faudrait une intelligence et un courage au moins équivalents, quelqu’un capable de serrer les rênes. Mieux valait le laisser au Deuxième Corps. Au poison, le poison ; et ce corps-là a déjà son « lui ».</p><p>Valdias deviendra incontrôlable tôt ou tard. Lui aussi. Ils sont de la même génération. Pour affronter la nouvelle ère, ils sont déjà trop vieux.</p><p>Si ce n’est pas William, alors un autre Bernhard laissera son nom.</p><p>« Celui que je veux… c’est Carl von Taylor, grand centurion du Deuxième Corps d’Arcadia. Si je peux le faire venir, je n’ai besoin de rien d’autre. »</p><p>Bernhard ne put cacher sa surprise. Plus encore en comprenant que Gilbert était venu exprès pour réclamer ce Taylor.</p><p>« Pourquoi un second couteau comme lui ? Tu ne vas pas me dire que tu t’imagines conquérir le champ de bataille avec un seul génie de l’épée. Un bon général a de bons subordonnés. C’est une règle d’airain. »</p><p>« Justement, je veux Taylor, Père ! »</p><p>Aucune hésitation dans les yeux de Gilbert. Bernhard y perçut quelque chose de plus grand que tout ce qu’il avait vu jusque-là chez son fils.</p><p>« Son bras est-il à ta hauteur ? »</p><p>« Non. »</p><p>« Il a ton âge ? »</p><p>« Je ne sais pas. »</p><p>« Et tu le veux quand même ? »</p><p>« Oui. »</p><p>Bernhard avait du mal à comprendre. Mais en tant que général, il ne pouvait refuser une demande aussi nette, et comme père non plus. Surtout si c’était ce dont un génie avait besoin pour grimper plus haut—</p><p>« Très bien. Si tu le veux, je vais remuer les choses. Il y a bien quelques pochards qui rêvent juste de passer du Premier au Deuxième Corps. On fera un transfert par échange. Mais puisque je m’en mêle, j’attends des résultats. »</p><p>Gilbert sourit, le cœur battant.</p><p>« C’est naturel. »</p><p>Une expression pleine de confiance. Qui débordait de lui. Bernhard poussa un soupir intérieur.</p><p>(Pourquoi n’est-il pas né en tant qu’aîné ?)</p><p>Bernhard était fasciné par le génie de Gilbert. Il avait voulu se montrer strict pour ne pas le favoriser, mais au final l’aîné, les autres frères et les parents l’avaient remarqué. Certains songeaient même à écarter Gilbert. S’il avait été l’aîné, l’héritier, rien de tout cela ne serait arrivé.</p><p>« Je m’occupe des détails. Tu peux disposer. »</p><p>« Oui ! »</p><p>Une intelligence écrasante. Il n’y avait pas que l’épée. Comme général et comme homme, Gilbert était parmi les meilleurs des Oswald. Willibrand et Christophe, élevés comme ses frères, étaient du même bois. Il avait le talent pour porter l’avenir des Oswald. C’est justement pour cela que la situation actuelle était gênante.</p><p>Quand il avait entrevu le futur de la Sainte Épée, Saint-Louis, un frisson lui avait parcouru l’échine.</p><p>« Karl von Taylor, hein ? Tu y tiens. Il doit y avoir quelque chose. »</p><p>Depuis qu’il était devenu chef de division, les actes de Gilbert influaient sur le front. Ses victoires et défaites se jouaient à chacun de ses mouvements. C’est ici que tout commence. Oswald, celui qui porte le sang de la Sainte Épée le plus fortement, quelle histoire militaire gravera-t-il ? Bernhard trépignait d’impatience.</p><p>« Je ne te gênerai pas. »</p><p>Il tiendra la maison de toutes ses forces. Alors, avance, l’encouragea Bernhard en son for intérieur.</p><p>Il se disait que c’était bien le minimum qui lui incombait, comme chef de famille.</p><p>○</p><p>« Rah, j’ai raté la prestation virile de William à cause de toi, Hilda ! »</p><p>« Arrête de te plaindre. Viens plutôt t’asseoir. »</p><p>« Oh, merci, Hilda. »</p><p>« Hein, moi ? »</p><p>« Toi, tu te tiens là et tu bosses. »</p><p>« Cruelle ! »</p><p>Hilda, Rutgard et Karl arrivaient à l’arène. L’arène, paradis du festival, était le plus grand divertissement de la plèbe. Aujourd’hui s’y tenait le plus grand événement : le grand combat qui clôt l’année. Le lieu où des guerriers venus de divers pays défient le champion.</p><p>« Hmm. Pas mal. Hé, il y en a quelques-uns de solides. Tu vois, Karl ? »</p><p>« Ouah. C’est la première fois que je viens ici, il y a un monde fou. »</p><p>« Évidemment. Contrairement au champ de bataille, c’est du un contre un. Un combat pur, différent de la guerre de troupes. Ah, si seulement je pouvais participer ! »</p><p>Le sang d’Hilda s’échauffa tandis qu’elle observait les gladiateurs en contrebas. Le trône de roi absolu attisait les convoitises, et pas mal de pointures s’étaient rassemblées. Parmi elles, quelques monstres dégageant une aura à part.</p><p>« Au fait, grand centurion Karl, tu saurais dire qui est le plus fort ? »</p><p>Hilda ricana, feignant l’innocence. Devenue Première Centurione, elle supportait mal que Karl l’ait dépassée.</p><p>« … Difficile à dire. … Mais à vue de nez, le gamin aux deux épées, la femme là-bas, et ce vieux sont dangereux. »</p><p>À cette réponse, Hilda écarquilla les yeux. C’était exactement le même trio qu’elle avait repéré comme hors norme, mais eux trois restaient plus calmes que tous ces autres qui brûlaient d’en découdre. Les vrais forts ne sortent leurs crocs qu’au besoin. Nul doute pour elle que ces trois-là cachaient des crocs meurtriers.</p><p>« Ouais, pas mal comme lecture. »</p><p>Murmura Hilda presque inaudiblement.</p><p>« Hein, t’as dit quoi ? »</p><p>Comme Karl demandait, Hilda lui tapa sur la tête avec une mine renfrognée. Ignorant Karl qui geignait « Pourquoi ? », elle reprit son examen des combattants.</p><p>« C’est du gâchis. Le roi va tomber, mais les trois sont forts, et les autres aussi se défendent. Le grand là-bas, c’est du niveau général, probablement. S’ils faisaient un tournoi classique entre tous ces challengers, ce type-là gagnerait à mon avis. On pourrait parier sur lui. »</p><p>Hilda affichait une confiance tranquille. Rutgard pencha la tête.</p><p>« Tu ne participes pas, alors que tu es la reine de ce lieu ? »</p><p>Rutgard se demandait si elle n’était pas une habituée, mais ce n’était pas le cas. Hilda eut les joues légèrement rouges.</p><p>« … J’aurais bien voulu, mais seule, avec la maison, c’est compliqué. »</p><p>« Vraiment ? Alors on est pareils. »</p><p>« … C’est vexant d’être mise sur le même plan que toi. »</p><p>« Fufu. Vous vous entendez bien, tous les deux. »</p><p>« »</p><p>Première expérience d’arène pour tous les trois. Mais leurs yeux exercés à jauger les combattants rendaient Hilda sûre d’elle. Ce n’était pas un repaire de brutes sans talent, et ces combats étaient un terrain idéal pour révéler ceux qui n’avaient pas encore eu leur chance.</p><p>« Oh, ils affichent les cotes… Hein ? Pourquoi seulement deux choix ? »</p><p>De loin, des chiffres. Assez serrés. Mais—</p><p>« Hein !? »</p><p>En découvrant le détail, Hilda laissa échapper un cri incrédule. Karl et Rutgard restèrent pétrifiés eux aussi. Le contenu :</p><p>« Bienvenue dans la plus grande arène du royaume d’Arcadia, Zique Alkas ! Aujourd’hui, le jour où celui qu’on appelle le roi absolu sera enfin renversé, nous avons réuni ces visages prestigieux ! Il sera arraché de son trône ! »</p><p>Une voix éclatante retentit à travers l’arène. Elle vibrait dans tout le cercle. Un timbre qui emportait la foule.</p><p>« Le programme d’aujourd’hui est très simple. Un homme seul se dressera face à cette multitude de guerriers. C’est tout. Cent combattants d’exception réunis ici ! »</p><p>Hilda grogna. Trop grotesque. Elle s’affala sur son siège, secouant la tête.</p><p>« Ce n’est plus un spectacle, c’est une exécution publique. C’est censé être le plus grand divertissement du peuple, et c’est ça qu’ils pondent ? Pitoyable. »</p><p>Hilda bouillonnait. Ce qu’elle voulait voir, c’était leurs affrontements, pas un lynchage à cent contre un. Ils avaient réuni tant de guerriers. En les faisant simplement s’affronter, ce serait captivant. Quel gâchis.</p><p>« C’est encore Kyle ? Ce type n’est pas humain. »</p><p>« Non mais, si tu écrases cent types, t’es plus humain. »</p><p>« Les paris ne tenaient plus, dernièrement. Il est trop fort. Alors ils ont monté ça. »</p><p>Hilda secoua la tête en entendant les commentaires autour.</p><p>« Ils n’y voient rien. Les combattants présents aujourd’hui ne sont pas du tout au même niveau que d’habitude. Même si chacun des trois ne peut pas le battre seul, regarde le nombre des autres. »</p><p>Karl frissonna. Hilda était redevenue sérieuse. Ils allaient être témoins de quelque chose d’énorme, d’anormal. Il en avait l’intuition.</p><p>« Moi, je parie sur ce roi absolu. »</p><p>Lâcha Karl avec désinvolture. Impossible normalement de miser sur un pari pareil. Et pourtant, il en avait envie.</p><p>Hilda ne rata pas l’occasion et lui saisit la tête.</p><p>« Parfait, j’ai revu mon jugement sur toi. Tu mises quoi ? De l’argent ? »</p><p>« Euh… j’en sais rien. »</p><p>« Alors, un droit d’ordre. Un ordre, un seul, que l’autre devra exécuter coûte que coûte. Voilà. Voyons ce que tu feras de ce Karl. »</p><p>Hilda rit férocement. Karl maugréa : « Mouais, je vois pas. » De toute façon, face à Hilda, c’était comme si ce droit existait déjà en permanence. Pas une grande différence.</p><p>Pendant ce temps, la présentation des cent combattants avançait.</p><p>« —La bretteuse satanienne Nanashi, femme sans nom à la puissance mystérieuse ! Puis Yuri, l’escrimeur aux deux épées, voyageur errant venu des lointaines terres de Garnia, au passé entouré de mystère, invaincu jusqu’ici sur toutes les arènes ! Et enfin—ce colosse ! »</p><p>Les regards convergèrent vers un point. Tous ceux qui avaient l’œil avaient perçu les capacités de cet homme. Il les contenait, mais c’était une force qu’on ne pouvait dissimuler.</p><p>« Garnius, l’ancien roi d’Arkland qui a posé les fondations d’un royaume lancé à toute allure par l’élan de ses conquêtes. Le “Roi des chevaliers”, Ark de Garnius ! Un authentique souverain qui ravage les arènes du continent. Il a abattu tous les rois croisés jusqu’ici ! Cet homme terrassera-t-il aussi le roi dont Arcadia est si fière ? »</p><p>Le géant affichait une moue contrariée. On le comprenait. Lui qui avait couru les champs de bataille en tant que roi avait sa fierté. Dans toutes les arènes du monde, il n’avait trouvé aucun rival. Dans ces conditions, il aurait voulu s’emparer de la victoire dans un duel digne de ce nom, pas via ce spectacle indigent.</p><p>« Aha, donc c’est ce niveau-là ? Des généraux, des rois… »</p><p>Hilda sourit, emplie d’allégresse devant ce plateau extravagant. Rutgard, en la regardant, esquissa un sourire discret.</p><p>« Personne n’a encore vu le roi. C’est peut-être un énorme monstre. »</p><p>« Ils en sont déjà à sortir des histoires de dragons et de bêtes mythiques. »</p><p>Hilda était convaincue qu’il perdrait. Elle ne voyait pas comment il pourrait tenir. Une fois tous les combattants présentés, les cotes changèrent brusquement à l’approche de la clôture des paris. Le roi était désavantagé, mais une partie du public continuait à miser sur lui. Hilda trouvait cela stupide.</p><p>« Et maintenant, que notre roi fasse son entrée ! »</p><p>L’arène bouillonna. Les combattants levèrent sur lui des regards amusés. Pour les étrangers, tout cela ressemblait à une exécution publique. Un roi surpuissant qui avait trop tiré sur la corde : on allait vérifier s’il n’était pas un tyran à abattre.</p><p>Cela n’était vrai qu’à moitié.</p><p>« L’invaincu de Zique Alkas, le “Seigneur des Gladiateurs”, voici Kyle ! »</p><p>Et à moitié faux.</p><p>Il était bien invaincu dans cette arène. Mais ce n’était pas un simple brute sanguinaire. S’il était absolu, c’était parce qu’il était trop fort, au point de ne plus rentrer dans le cadre d’un simple gladiateur.</p><p>Le roi entra dans son domaine.</p><p>« Hm. Alors, c’est lui… »</p><p>Hilda se figea. Même Karl comprenait, et Rutgard, pourtant profane, aussi.</p><p>« C’est quoi ce monstre ? Qu’est-ce qu’il fiche comme gladiateur ? »</p><p>Il était trop fort. Beaucoup trop fort. Guerrier pur, forgé dans un monde de combat où ni les ruses du champ de bataille ni la boue des intérêts n’avaient leur place. Un monstre doté d’un talent et d’une maîtrise hors normes, qui avait conquis ce trône sans une seule défaite.</p><p>« Je vois. Ça va être amusant. »</p><p>Ark éclata de rire. Qu’un tel monstre soit tapi dans un coin du monde, dans une arène foraine malgré les Sept Royaumes, c’était prodigieux. Comment ne pas jubiler ? C’était une force suprême née du seul peuple. Inconnue de tous, elle avait silencieusement régné ici.</p><p>« Hé ! On est cent ici ! Il peut pas tous nous battre ! »</p><p>« Ouais ! »</p><p>Certains gladiateurs ignoraient encore l’écart.</p><p>« Jusqu’où ira mon bras ? Regardez bien, frère, sœur. »</p><p>D’autres, conscients de la différence, voulaient se mesurer à lui.</p><p>« … »</p><p>Et certains restaient impénétrables.</p><p>Une chose cependant valait pour tous : leur désinvolture, leur orgueil s’étaient envolés. Même à cent, l’équilibre semblait incertain. Le roi dominait le terrain. Comme un géant sur le champ de bataille.</p><p>« Les paris vont être clos. Si vous souhaitez miser, dépêchez-vous ! »</p><p>Les cotes vacillèrent. À la fin, elles se figèrent à du cinquante-cinquante.</p><p>« Et maintenant, l’événement majeur de Zique Alkas, le grand final de l’année ! Vous verrez de vos propres yeux si le roi tombera de son trône ou s’il le gardera ! »</p><p>Le monde vibra. Toute l’arène monta en ébullition.</p><p>Les guerriers saisirent leurs armes, les citoyens leurs billets. Noir ou blanc : si le roi gagne, le noir dansera ; s’il perd, le blanc. Noir et blanc s’affrontent !</p><p>L’arène se tut un instant. Tous retenaient leur souffle.</p><p>« Le combat commence ! »</p><p>Le monde explosa.</p>
Revision Notes
Fluidification générale du français (syntaxe, enchaînements, temps verbaux) tout en conservant le ton de LN et la focalisation interne. Clarification de plusieurs phrases ambiguës ou maladroites pour refléter plus fidèlement le sens implicite du texte source (p.ex. pouvoir de l'éclat d'Erhart, peur de Kyle, position de Vlad). Correction des incohérences ou approximations : cohérence des noms propres (Erhart, Zique/Zeke, etc.) tout en respectant la forme déjà utilisée ; maintien de 'Stracless' comme nom propre. Ajustement du registre des dialogues pour rester naturel, cohérent avec les personnages, sans les surpolir (Hilda, Anselm, Kyle, etc.). Amélioration de la cohérence terminologique militaire : 'Deuxième Corps', 'grand centurion', 'chef de division', 'vice-général', en respectant les choix déjà posés par la traduction. Correction de formulations contradictoires ou imprécises (ex. 'je le décortiquerai' => 'je le percerai à jour', 'jugé insignifiant' clarifié, reprises autour du 'roi absolu'). Maintien des effets de style (répétitions, oppositions comédie/trajédie, noir/blanc) en les rendant plus lisibles en français. Reformulation des annonces de l'arène pour un ton plus vivant et naturel, proche d'un speaker, sans trahir le contenu. Respect scrupuleux des balises HTML et de la structure existante. Conserver le ton littéral là où c’est possible, et signaler (en contexte éditorial) les endroits où l’on a dû interpréter un texte source manifestement corrompu. Par exemple pour les répliques sur Kyle (« Kyle crawls. ») ou les formulations bancales sur Valdias et Bernhard. Réviser « Il tiendra la maison de toutes ses forces. » en « Je tiendrai la maison de toutes mes forces. » pour maintenir la cohérence du point de vue de Bernhard et respecter l’intention (« I will hold the house… »). Vérifier le nom « Vlad von Jealousy » contre la version japonaise officielle ou précédente : s’il s’agit d’un nom propre différent, le corriger pour éviter un faux-sens. Idem pour « Stracless » et autres noms douteux : s’aligner sur un glossaire de référence. Uniformiser la terminologie militaire : choisir une série stable (« centurion », « grand centurion », etc.) et l’appliquer rigoureusement, en tenant compte du genre (Hilda) et des grades originaux. Par exemple, décider entre « Première Centurione » et une forme plus naturelle comme « première centurion(ne) » selon la politique de féminisation. Dans les passages introspectifs (Kyle, Valdias, William), conserver les ruptures et suspensions (« — ») avec une ponctuation cohérente, en marquant clairement quand la pensée est inachevée, sans sur-interpréter. Dans la présentation de l’arène, veiller à garder la même désignation de l’arène (« Zique Alkas » / « Zeke Alcás ») et des titres (« roi absolu », « Seigneur des Gladiateurs ») de façon strictement cohérente tout au long du chapitre, éventuellement en se référant au standard de la série. Globalement, la fluidité française est bonne voire supérieure à l’original anglais. Sur un travail de validation stricte, documenter ces choix adaptatifs pour que d’autres chapitres restent compatibles en ton, registres et terminologie.