Chapter 22 - Revision v1
Tower Of Karma
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3,115Revision Date
Nov 13, 2025Original Translation
Original Title
Chapitre 21
Original Content
<h1>Chapitre 21</h1><p>Le soleil matinal brûla les yeux du groupe dès qu’ils revinrent sur la terre ferme. Ils ne verraient peut-être pas le lever de soleil du lendemain. William, qui le contemplait, était loin d’être frais. Il n’y avait rien d’étonnant à cela, et pourtant il ne parvenait toujours pas à s’habituer à vivre. La mort était plus proche qu’il ne l’avait pensé. En prenant conscience de cela, le tumulte en lui ne faisait que croître.</p><p>« Ne te laisse plus entraîner dans ces ténèbres. Je m’en chargerai. »</p><p>Il parla à Favela avec la même expression que Kyle lorsqu’il écrase un insecte nuisible. C’était très typique de Favela. Son visage était peut-être un peu pâle, figé, sans expression.</p><p>« Occupe-toi correctement du cadavre, je te prie. »</p><p>Le cadavre de l’assassin, dont l’aura rappelait celle de Favela, gisait aux pieds de William. Sans doute était-ce pour clore le compte de ce dernier individu. William hissa le corps et se tourna vers Kyle.</p><p>« Je te laisse le reste. Favela, reste un moment avec Kyle, histoire de te calmer les nerfs. Par précaution. »</p><p>William lança à Kyle un regard malicieux. Kyle eut un sourire forcé.</p><p>« Je vais m’éloigner de toi pendant un moment. »</p><p>En entendant cela, Favela voulut ouvrir la bouche. William prit la parole pour l’en empêcher.</p><p>« Bien sûr, nos liens ne changent pas. Mais je suis aussi capitaine d’une centaine d’hommes. En plus, je dois commencer à faire des affaires. Je vais être débordé et prendre des risques à la hauteur. On peut dire que c’est déjà le cas. »</p><p>William esquissa un sourire teinté de solitude. Favela, qui le houspillait habituellement, ne dit rien. Il n’y avait rien à répondre. Jusqu’au bout, il leur avait causé à tous les deux bien trop d’ennuis.</p><p>« Ce n’est pas comme si on ne se reverrait plus jamais. On se verra juste moins souvent, et si je suis occupé, on finira par se voir beaucoup d’un coup. »</p><p>La situation de William allait-elle seulement se calmer un jour ?</p><p>« Faites attention à vous. Tant que tu ne meurs pas, le reste m’est égal. Si tu es vraiment coincé, tu peux compter sur moi. Si c’est à ma portée, je ferai quelque chose. »</p><p>Les mots de Kyle donnèrent du courage à William. Quelle force il y a dans une promesse sur laquelle on peut réellement s’appuyer. Le plus puissant guerrier qu’il connaisse était aussi le meilleur ami de William.</p><p>« Et moi aussi, si je peux aider, je le ferai. »</p><p>Favela était elle aussi une amie précieuse de William. C’est justement pour cela qu’il prenait ses distances. William s’était mis en cause dans cette affaire. Pour ne pas perdre ce qui lui était cher, il devait l’éloigner du danger. Aux côtés de William, conglomérat de risques à lui seul, leur place n’était plus là où ils l’auraient voulu.</p><p>« À bientôt. »</p><p>William détourna le regard. Ce n’était pas un adieu définitif, mais il n’avait pas l’intention de les revoir de sitôt. Il refusait désormais de les mêler encore à ses affaires personnelles. On avait vu le résultat, cette fois, quand ils avaient tenté de prendre en charge la vengeance de William à sa place. Au fond, la faute remontait à William lui-même.</p><p>Désormais, il lui faudrait réfléchir aux champs de bataille, aux affaires, à sa vengeance, et à la façon de traiter avec le Royaume de la Nuit. Chacun de ces sujets était si crucial qu’il exigeait des ressources considérables, et tous recelaient des dangers. Il suffisait qu’il porte seul le poids de ces risques.</p><p>Et au bout du compte, William avait un but à atteindre une fois tout cela accompli.</p><p>« Pour commencer, il faut bien gérer ce type. »</p><p>Leurs chemins ne se croisaient pas sur la route menant à ce but. S’ils devaient se croiser, ce serait en ennemis. Il valait mieux éviter que cela arrive. William refusait même d’imaginer ce moment-là. Qui voudrait jamais assister à la vue de ses amis consumés par son œuvre ?</p><p>○</p><p>« Alors, pour les médicaments. J’ai découvert un créneau intéressant. »</p><p>Ce n’est qu’après avoir réglé nombre de détails que, quelques jours plus tard, il put présenter à Laurent son projet commercial.</p><p>Laurent parcourut le plan rédigé par William. Ce dernier attendait, le cœur battant. Il n’avait pourtant aucune raison de s’inquiéter. Il n’y avait aucune raison pour que Laurent rejette la proposition. Convaincu de cela, William patientait avec assurance.</p><p>« Oui. On peut procéder ainsi. »</p><p>La réponse tomba avec une facilité presque dérisoire.</p><p>La vie de William Liwius venait de prendre un nouveau tournant majeur.</p><p>L’armée est avant tout un lieu où l’on gagne rang et honneur. Mais la hauteur que visait William ne pouvait s’atteindre avec cela seul. Il lui fallait aussi de l’argent, des ressources financières. On ne dispose jamais de trop d’argent. Le nombre de choix possibles dépend de l’abondance ou de la pénurie de fonds. On ne peut rien faire avec l’argent seul, mais sans argent, on ne peut rien faire du tout. Les deux sont nécessaires pour gravir les échelons.</p><p>« Merci. Vous m’enlevez un poids. »</p><p>William s’inclina profondément.</p><p>« J’ai deux ou trois questions, si vous permettez ? »</p><p>« Lesquelles ? »</p><p>Des confirmations, alors que la décision était déjà prise. Il ne pouvait plus mal répondre, et il n’avait plus besoin d’être tendu. Il avait de quoi fournir d’excellentes explications, même si certains « passages » étaient conçus pour induire légèrement en erreur.</p><p>« D’abord, la fiabilité de ces fournisseurs. Nous avons examiné en détail les herbes médicinales, les plantes toxiques, les ingrédients rares entrant dans la composition de chaque remède, et il est extrêmement rare d’en trouver autant sur le marché. N’a-t-il pas été difficile de réunir autant d’informations ? »</p><p>Laurent lui demandait implicitement ce qu’il avait fait. Inutile de mentir sur ce point.</p><p>« Je me suis entendu avec un vendeur de l’ombre. En échange de son intégration dans le circuit commercial officiel, il m’a tout livré. Pour lui, pouvoir faire affaire sans courir de gros risques est avantageux. Je sers en quelque sorte de relais. »</p><p>Laurent replongea dans le plan. C’était aussi l’un des points qui l’avaient fait tiquer.</p><p>« Très bien, ce “Martin”, donc. Mais le budget est conséquent. Les prévisions de ventes et de marge sont excellentes. Je ne vais pas demander ce qu’il vend exactement… J’imagine que c’est un pont dangereux à traverser. Je ne peux pas dire que l’idée me plaise, mais au moins, tout cela est correctement cloisonné. »</p><p>Martin. Un homme qui, dans le Royaume de la Nuit, se chargeait de refourguer une grande variété de marchandises douteuses. La première chose dont William avait eu besoin pour se lancer, c’était d’“informations”, et l’homme qui en détenait était Martin, un enfant de la nuit.</p><p>Par l’intermédiaire de Nyx, il avait obtenu un rendez-vous et l’avait pressé toute une nuit durant. Il en avait tiré des informations se transformant directement en or : la liste des fournisseurs.</p><p>« J’ai compris pour les fournisseurs. Ensuite : il existe déjà plusieurs compagnies traitant dans le pharmaceutique. Certaines grandes maisons commerciales sont même liées à la famille royale. Comment comptes-tu les battre ? »</p><p>La concurrence. Il était naturel de demander comment l’emporter sur les acteurs déjà en place.</p><p>« Je n’ai pas l’intention de rivaliser frontalement avec eux pour l’instant. Je vais me concentrer sur les produits rares, ou dangereux, ceux qu’ils ne peuvent pas gérer ou dont ils ignorent même l’existence. Leur prix unitaire est plus élevé, et c’est un domaine dans lequel il leur est pratiquement impossible de nous concurrencer. »</p><p>La réponse de William sembla satisfaire Laurent. Ne pas affronter de front un adversaire imbattable : en affaires comme à la guerre, c’est la même chose. On se bat soit par l’épée, soit par l’or.</p><p>« Très bien. Dernière question… et la main-d’œuvre ? Comment comptes-tu gérer tout ça si tu quittes régulièrement Arcas ? »</p><p>C’était une question posée dans l’hypothèse où l’affaire verrait réellement le jour. Le plan qu’il avait sous les yeux promettait des bénéfices concrets. Laurent, homme de négoce, n’avait aucune raison de le rejeter.</p><p>« J’ai emprunté du personnel aux chambres de commerce de Frank et d’Ignaz. En tant que membre de la famille Taylor, ils ne peuvent pas se permettre de mal se comporter, et en travaillant, ils apprendront vite. »</p><p>« Très bien. Je compte sur vous, Président Liwius. »</p><p>William serra fermement la main de Laurent. La froideur de cette main contrastait avec la chaleur de son regard. Il n’avait pas besoin de se demander laquelle croire.</p><p>« Laissez-moi porter ce fardeau. Je ne vous laisserai pas perdre. »</p><p>Un grand pas de plus vers les hauteurs que William convoitait. Il venait enfin, malgré son jeune âge, de se doter à la fois de l’épée du guerrier et de l’arme du marchand.</p><p>○</p><p>« Ah, ah, ah… »</p><p>Pochari, pochari. Une cave empestant les eaux usées suintantes. Dans cette pièce sans la moindre lumière du soleil, une seule flamme éclairait la pénombre. À chaque vacillement du feu, l’homme enchaîné gémissait.</p><p>« Alors, ça y est ? Tu t’es cassé ? »</p><p>Apparut un individu portant un masque bon marché digne d’une farce, et une chevelure rouge tout aussi bon marché, comme une perruque. L’homme aux cheveux rouges approcha la flamme du prisonnier gémissant. Aussitôt—</p><p>« Non, non, non, non… ! »</p><p>Le corps se tordit dans des mouvements inhumains, cherchant désespérément à fuir le feu. Mais de solides chaînes de fer retenaient ses poignets et ses chevilles. À la lueur des flammes, on distinguait sur tout son corps d’innombrables brûlures. Ses yeux avaient été brûlés, tous ses ongles arrachés, sa peau luisait de plaies suppurantes. Les marques d’un supplice effroyable.</p><p>« Kuh. Tout ça parce que tu n’as pas voulu ouvrir la bouche tout de suite. Si tu avais parlé, j’aurais pu te laisser finir ta vie en être humain. »</p><p>L’homme qui n’était plus qu’une loque s’appelait Martin. Tel était le sort misérable de celui qui s’était taillé une certaine place dans le Royaume de la Nuit. Un notable de la guilde, maître de plusieurs réseaux de vente. Mais aux yeux de celui qui avait été reconnu comme le nouveau roi de la nuit, il n’avait été qu’une proie.</p><p>« Je t’en suis reconnaissant, mon ami Martin. Tes informations ont sauvé ma vie et celle d’un ami. Je te suis vraiment reconnaissant. Et je te remercie aussi d’avoir accepté d’être l’échelon sur lequel je monte. »</p><p>Avec douceur, l’homme aux cheveux rouges rompit la nuque de ce qui avait été Martin. Il aurait voulu lui demander s’il comprenait maintenant le prix de la douleur qu’il avait endurée jusqu’à ce qu’on le laisse enfin mourir.</p><p>« Je laisse le nettoyage au Dragon Blanc. Les frais de ménage seront pour moi. »</p><p>« … Ne t’habitue pas trop à me faire bosser à ta place. »</p><p>« Compris, compris. Au fait, passe le bonjour au Roi de la Nuit. Dis-lui qu’on peut se rendre service mutuellement. »</p><p>Le Dragon Blanc quitta silencieusement l’homme aux cheveux rouges. Le nettoyage serait fait après le départ de ce dernier. À vrai dire, ce n’était pas lui qui nettoyait, mais la couverture faisait de lui le tenancier et l’employé de l’établissement. L’homme s’éloigna sans plus s’en soucier.</p><p>« Les affaires sont réglées… reste encore la guerre. À partir de maintenant, la Centaine va se mettre en mouvement. »</p><p>L’homme ôta la perruque rouge et le masque grotesque avec une joie visible. Apparurent alors ses cheveux d’un blanc pur, et un visage dont la beauté froide semblait se raffermir avec l’âge.</p><p>L’homme disparut dans les ruelles nocturnes.</p><p>○</p><p>Retour en arrière — au matin suivant l’attaque.</p><p>Un bureau sans fenêtres où l’on ne distinguait ni jour ni nuit. Un homme portant un masque de bouffon buvait son thé avec l’ennui le plus complet. Depuis la veille, il se refusait à réfléchir à quoi que ce soit. Il ne restait sur sa langue qu’une amertume tenace.</p><p>Si le plan avait fonctionné, il y aurait trouvé son compte ; à défaut, il aurait au moins entaché la famille royale. Si cela avait pu susciter un mouvement condamnant les « lubies » de cet homme, cela aurait eu un certain sens—</p><p>« Monsieur. Un rapport. »</p><p>Il attendait ce rapport, sans grand intérêt pour autant. Depuis ce jour-là, le monde s’était vidé de saveur et d’odeur. À quoi bon, désormais, que cet homme meure ou non ? Comme le disait “elle”, sa famille ne comptait que des gens de bonne volonté. Dans ce cas, tout cela perdait de son sens.</p><p>« Je t’écoute. »</p><p>Cela ne servait qu’à passer le temps. Qu’avaient-ils fait ? Ce qui était perdu ne reviendrait pas.</p><p>« Premièrement, l’assassinat a échoué. Vlad est en vie. »</p><p>« Je vois. Dommage. »</p><p>« Ensuite, la guilde des assassins nous a transmis une proposition de nouvel assassinat. Honnêtement, je n’en ai pas cru mes oreilles. »</p><p>« Poursuis. Je jugerai si c’est idiot ou non. »</p><p>« Bien. Ils demandent cinq ans. Dans ce délai, ils promettent un assassinat plus misérable et plus spectaculaire encore. Ils demandent qu’on attende. Et souhaitent savoir s’ils devront payer le prix s’ils ne tiennent pas parole. »</p><p>« … Hm. »</p><p>Pour la première fois, l’homme masqué manifesta un réel intérêt. Il était évident qu’un second contrat d’assassinat posait problème. Même sous la protection de la famille royale, il suffirait normalement de six mois à un an pour intercepter Vlad. Le véritable souci résidait dans ses mauvaises habitudes à lui. Même avec une protection renforcée—</p><p>« Cinq ans, donc. C’est long. »</p><p>Si la guilde des assassins se mettait sérieusement à l’ouvrage, il ne lui faudrait pas six mois pour prendre la tête de Vlad. Même sous protection royale, il suffirait d’une brèche. Avaient-ils vraiment l’intention de s’acharner durant cinq ans entiers ?</p><p>« Et au fait, qui a contrecarré l’assassinat ? Le vieux Valdias ? Ou bien le deuxième gendre d’Oswald, peut-être ? »</p><p>« Non. Il semblerait que le plus actif ait été le porteur de masque blanc dont on parle récemment : William Liwius. Le connaissez-vous, Monsieur ? »</p><p>« … Ah. C’est lui qui a attaqué Schlübester, je crois. On m’en a fait rapport. »</p><p>« Votre réseau est décidément bien prompt. Enfin, c’est naturel, j’imagine. »</p><p>« Un homme venu de l’étranger, portant un masque blanc, et passablement ivrogne, si je me souviens bien. »</p><p>« On dit qu’il vient de Lusitania, et qu’il a les cheveux blancs. D’après les rumeurs, il serait assez remarquable. »</p><p>« Cheveux blancs ? Pas roux ? Certes, ce n’est pas parce qu’on porte le sang de Chaos qu’on est tous roux… Mais attends. »</p><p>L’homme se fustigea intérieurement. Le vieux majordome se tut, immobile, attendant que son maître aille au bout de sa réflexion.</p><p>« Lusitania… puis Arcadia… Pourquoi ? Galias aurait été un choix plus logique… À moins qu’il n’ait eu une raison impérieuse de choisir Arcadia… Et ces cheveux blancs, ce masque… »</p><p>L’homme releva la tête.</p><p>« Depuis quand William Liwius est-il apparu ? »</p><p>« Je n’ai pas le détail, mais une activité certaine est attestée à Laconia. »</p><p>« Vérifie. Il est temps que je me remette au travail. »</p><p>« Et Vlad ? »</p><p>« Cinq ans, ça ira. La lubie de la guilde des assassins m’intrigue. C’est presque amusant. Peut-être que cette idée vient d’ailleurs, d’ailleurs. En tout cas, enquête sur William Liwius. Il se peut que nous soyons amenés à nous rencontrer. »</p><p>« Bien, Monsieur. »</p><p>Le vieux serviteur se retira, laissant l’homme seul dans le bureau. Celui-ci se versa du thé brûlant et l’avala d’un trait, sans en goûter l’arôme. Il y décelait malgré tout une légère douceur.</p><p>Une nuance de couleur revint dans le monde à ses yeux.</p><p>« Si jamais, comme je le soupçonne, tout remonte jusqu’à lui, jusqu’à William Liwius, alors ce ne pourra être qu’une tragédie. Je ne devrais pas m’en réjouir. Pourquoi ? Parce que je le sais déjà. Ce serait idiot… »</p><p>La pièce était remplie de livres venus d’autres pays. Il avait déjà lu tous les plus récents, sans exception. Des traductions d’exception, à mille lieues de la langue parlée courante, saisissant les nuances littéraires, les dialectes de chaque région, impossibles sans une connaissance profonde. De véritables cristaux de technique.</p><p>Il en prit quelques-uns qu’il n’avait pas encore ouverts.</p><p>« J’étais convaincu d’être perdu après t’avoir perdue. J’ai payé le prix, au loin… Je n’ai même pas été capable de tenir ma promesse de veiller sur lui, pensais-je. Une fois de plus, j’ai été impuissant. Mais— »</p><p>Il serra les livres contre sa poitrine et murmura.</p><p>« Si c’est lui… Même s’il est en enfer, s’il vit encore, alors un jour, je l’inviterai. Et je lui prouverai mon amour. S’il est encore en vie, je pourrai lui montrer… à quel point je l’aimais, si seulement je parviens à le lui faire comprendre— »</p><p>Derrière le masque, les yeux de l’homme se mirent à briller.</p><p>Il était sans doute déjà trop tard. Pourtant, dans cet enfer, dans ce monde fou, il restait un mince salut, quelque chose de beau. En le lui transmettant, peut-être trouverait-il lui-même la rédemption — la force de se relever.</p><p>Il se résolut à rassembler les morceaux brisés de son cœur, et à vivre pour cela.</p>
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Chapitre 21
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<h1>Chapitre 21</h1><p>Le soleil matinal brûla les yeux du groupe dès qu’ils revinrent sur la terre ferme. Ils ne verraient peut-être pas le lever de soleil du lendemain. William, qui le contemplait, était loin d’être frais. Cela se comprenait, et pourtant il ne parvenait toujours pas à s’habituer à vivre. La mort était plus proche qu’il ne l’avait imaginé. Avec cette certitude, le tumulte en lui ne faisait que croître.</p><p>« Ne te laisse plus entraîner dans ces ténèbres. Je m’en chargerai. »</p><p>Il s’adressa à Favela avec la même expression que celle de Kyle lorsqu’il écrase un insecte nuisible. C’était du Favela tout craché. Son visage était peut-être un peu pâle, figé, sans expression.</p><p>« Occupe-toi correctement du cadavre, je te prie. »</p><p>Le cadavre de l’assassin, dont l’aura rappelait celle de Favela, gisait aux pieds de William. Sans doute était-ce là pour régler le cas de ce dernier survivant. William hissa le corps et se tourna vers Kyle.</p><p>« Je te laisse le reste. Favela, reste un moment avec Kyle, histoire de refroidir tes ardeurs. Par précaution. »</p><p>William lança à Kyle un regard malicieux. Kyle eut un sourire forcé.</p><p>« Je vais m’éloigner de vous pendant un moment. »</p><p>En entendant cela, Favela voulut ouvrir la bouche. William prit la parole pour l’en empêcher.</p><p>« Bien sûr, nos liens ne changent pas. Mais je suis aussi capitaine d’une centaine d’hommes. En plus, je dois commencer à faire des affaires. Je vais être débordé, et prendre les risques qui vont avec. On peut dire que c’est déjà le cas. »</p><p>William esquissa un sourire teinté de solitude. Favela, qui le houspillait habituellement, ne dit rien. Il n’y avait rien à répondre. Jusqu’au bout, il leur avait causé à tous les deux bien trop d’ennuis.</p><p>« Ce n’est pas comme si on ne se reverrait plus jamais. On se verra juste moins souvent, et si je suis occupé, il y aura forcément un moment où l’on se reverra beaucoup. »</p><p>La situation de William allait-elle seulement se calmer un jour ?</p><p>« Faites attention à vous. Tant que tu ne meurs pas, le reste m’est égal. Si tu es vraiment coincé, tu peux compter sur moi. Si c’est à ma portée, je ferai quelque chose. »</p><p>Les mots de Kyle donnèrent du courage à William. Quel réconfort que des paroles sur lesquelles on peut réellement s’appuyer. Le plus puissant guerrier qu’il connaisse était aussi le meilleur ami de William.</p><p>« Et moi aussi, si je peux faire quelque chose, je le ferai. »</p><p>Favela était elle aussi une amie précieuse de William. C’est justement pour cela qu’il prenait ses distances. William s’était impliqué de lui-même dans cette affaire. Pour ne pas perdre ce qui lui était cher, il devait l’éloigner du danger. À ses côtés, conglomérat de risques à lui tout seul, leur place n’était plus là où ils l’auraient voulu.</p><p>« À bientôt. »</p><p>William détourna le regard. Ce n’était pas un adieu définitif, mais il n’avait pas l’intention de les revoir de sitôt. Il refusait désormais de les mêler à ses affaires personnelles. On avait bien vu le résultat, cette fois, quand ils avaient tenté de prendre en charge sa vengeance à sa place. En fin de compte, la faute remontait à William lui-même.</p><p>Désormais, il lui faudrait réfléchir aux champs de bataille, aux affaires, à sa vengeance, et à la façon de traiter avec le Royaume de la Nuit. Chacun de ces sujets était si crucial qu’il exigeait des ressources considérables, et tous recelaient des dangers. Il suffisait qu’il porte seul le poids de ces risques.</p><p>Et, au bout du compte, William avait un but à atteindre une fois tout cela accompli.</p><p>« Pour commencer, il faut bien gérer ce type. »</p><p>Leurs chemins ne devaient pas se croiser sur la route menant à ce but. S’ils se croisaient, ce serait en ennemis. Il valait mieux éviter que cela arrive. William refusait même d’imaginer ce moment-là. Qui voudrait voir ses amis consumés par ses propres actes ?</p><p>○</p><p>« Alors, parlons médicaments. J’ai repéré un créneau intéressant. »</p><p>Ce n’est qu’après avoir réglé nombre de détails que, quelques jours plus tard, il put présenter à Laurent son projet commercial.</p><p>Laurent parcourut le plan rédigé par William. Ce dernier attendait, le cœur battant. Il n’avait pourtant aucune raison de s’inquiéter. Il ne voyait aucune raison pour que Laurent rejette la proposition. Fort de cette conviction, William patientait avec assurance.</p><p>« Oui. On peut procéder ainsi. »</p><p>La réponse tomba avec une facilité presque dérisoire.</p><p>La vie de William Liwius venait de prendre un nouveau tournant majeur.</p><p>L’armée est avant tout un lieu où l’on gagne rang et honneur. Mais la hauteur que visait William ne pouvait s’atteindre avec cela seul. Il lui fallait aussi de l’argent, des ressources financières. On n’en a jamais trop. Le nombre de choix possibles dépend de l’abondance ou de la pénurie de fonds. L’argent seul ne suffit pas à tout, mais sans argent, on ne peut rien faire. Les deux sont nécessaires pour gravir les échelons.</p><p>« Merci. Vous m’enlevez un poids. »</p><p>William s’inclina profondément.</p><p>« J’ai deux ou trois questions, si vous permettez. »</p><p>« Lesquelles ? »</p><p>Des confirmations, alors que la décision était déjà prise. Il ne pouvait plus mal répondre, et il n’avait plus besoin d’être tendu. Il avait de quoi fournir d’excellentes explications, même si certains « passages » étaient conçus pour induire légèrement en erreur.</p><p>« D’abord, la fiabilité de ces fournisseurs. Nous avons examiné en détail les herbes médicinales, les plantes toxiques, les ingrédients rares entrant dans la composition de chaque remède, et il est extrêmement rare d’en trouver autant sur le marché. N’a-t-il pas été difficile de réunir autant d’informations ? »</p><p>Laurent lui demandait implicitement ce qu’il avait fait. Inutile de mentir sur ce point.</p><p>« Je me suis entendu avec un vendeur de l’ombre. En échange de son intégration dans le circuit commercial officiel, il m’a tout livré. Pour lui, pouvoir faire affaire sans courir de gros risques est avantageux. Je sers en quelque sorte de relais. »</p><p>Laurent replongea dans le plan. C’était aussi l’un des points qui l’avaient fait tiquer.</p><p>« Très bien, ce “Martin”, donc. Mais le budget est conséquent. Les prévisions de ventes et de marge sont excellentes. Je ne vais pas demander ce qu’il vend exactement… J’imagine que c’est un pont dangereux à franchir. Je ne peux pas dire que l’idée me réjouisse, mais au moins, tout cela est correctement cloisonné. »</p><p>Martin. Un homme qui, dans le Royaume de la Nuit, refourguait une grande variété de marchandises douteuses. La première chose dont William avait eu besoin pour se lancer, c’était d’« informations », et l’homme qui les détenait était Martin, créature de la nuit.</p><p>Par l’intermédiaire de Nyx, il avait obtenu un rendez-vous et l’avait pressé toute une nuit durant. Il en avait tiré des informations se transformant directement en or : la liste des fournisseurs.</p><p>« J’ai compris pour les fournisseurs. Ensuite : il existe déjà plusieurs compagnies spécialisées dans le pharmaceutique. Certaines grandes maisons commerciales sont même liées à la famille royale. Comment comptes-tu les surpasser ? »</p><p>La concurrence. Il était naturel de demander comment l’emporter sur les acteurs déjà en place.</p><p>« Je n’ai pas l’intention de rivaliser frontalement avec eux pour l’instant. Je vais me concentrer sur les produits rares ou dangereux, ceux qu’ils ne peuvent pas gérer, ou dont ils ignorent même l’existence. Leur prix unitaire est plus élevé, et c’est un domaine dans lequel il leur est pratiquement impossible de nous concurrencer. »</p><p>La réponse de William sembla satisfaire Laurent. Ne pas affronter de front un adversaire imbattable : en affaires comme à la guerre, c’est la même chose. On se bat soit par l’épée, soit par l’or.</p><p>« Très bien. Dernière question… et la main-d’œuvre ? Comment comptes-tu gérer tout ça si tu quittes régulièrement Arcas ? »</p><p>C’était une question posée dans l’hypothèse où l’affaire verrait réellement le jour. Le plan qu’il avait sous les yeux promettait des bénéfices concrets. Laurent, homme de négoce, n’avait aucune raison de le rejeter.</p><p>« J’ai emprunté du personnel aux chambres de commerce de Frank et d’Ignaz. En tant que membres de la famille Taylor, ils ne peuvent pas se permettre de mal se comporter, et en travaillant, ils apprendront vite. »</p><p>« Très bien. Je compte sur vous, Président Liwius. »</p><p>William serra fermement la main de Laurent. La froideur de cette main contrastait avec la chaleur de son regard. Il n’avait pas besoin de se demander laquelle croire.</p><p>« Laissez-moi porter ce fardeau. Je ne vous laisserai pas perdre. »</p><p>Un grand pas de plus vers les hauteurs que William convoitait. Il venait enfin, malgré son jeune âge, de se doter à la fois de l’épée du guerrier et de l’arme du marchand.</p><p>○</p><p>« Ah, ah, ah… »</p><p>Pochari, pochari. Une cave empestant les eaux usées suintantes. Dans cette pièce sans la moindre lumière du soleil, une seule flamme éclairait la pénombre. À chaque vacillement du feu, l’homme enchaîné gémissait.</p><p>« Alors, ça y est ? Tu t’es brisé ? »</p><p>Apparut un individu portant un masque bon marché digne d’une farce, et une chevelure rouge tout aussi bon marché, semblable à une perruque. L’homme aux cheveux rouges approcha la flamme du prisonnier gémissant. Aussitôt—</p><p>« Non, non, non, non… ! »</p><p>Le corps se tordit dans des mouvements inhumains, cherchant désespérément à fuir le feu. Mais de solides chaînes de fer retenaient ses poignets et ses chevilles. À la lueur des flammes, on distinguait sur tout son corps d’innombrables brûlures. Ses yeux avaient été brûlés, tous ses ongles arrachés, sa peau luisait de plaies suppurantes : les marques d’un supplice effroyable.</p><p>« Kuh. Tout ça parce que tu n’as pas voulu ouvrir la bouche tout de suite. Si tu avais parlé, j’aurais pu te laisser finir ta vie en être humain. »</p><p>L’homme qui n’était plus qu’une loque s’appelait Martin. Tel était le sort misérable de celui qui s’était taillé une certaine place dans le Royaume de la Nuit. Un notable de la guilde, maître de plusieurs réseaux de vente. Mais aux yeux de celui qui avait été reconnu comme le nouveau roi de la nuit, il n’avait été qu’une proie.</p><p>« Je t’en suis reconnaissant, mon ami Martin. Tes informations ont sauvé ma vie et celle d’un ami. Je te suis vraiment reconnaissant. Et je te remercie aussi d’avoir accepté d’être l’échelon sur lequel je monte. »</p><p>Avec douceur, l’homme aux cheveux rouges rompit la nuque de ce qui avait été Martin. Il aurait voulu lui demander s’il comprenait à présent le prix de la douleur qu’il avait endurée jusqu’à ce qu’on le laisse enfin mourir.</p><p>« Je laisse le traitement de la dépouille au Dragon Blanc. Les frais de nettoyage seront pour moi. »</p><p>« … Ne prends pas trop l’habitude de te servir de moi. »</p><p>« Compris, compris. Au fait, passe le bonjour au Roi de la Nuit. Dis-lui qu’on peut se rendre service mutuellement. »</p><p>Le Dragon Blanc quitta silencieusement l’homme aux cheveux rouges. Le nettoyage serait fait après le départ de ce dernier. À vrai dire, ce n’était pas lui qui nettoyait, mais sa couverture faisait de lui le tenancier et l’employé de l’établissement. L’homme s’éloigna sans plus s’en soucier.</p><p>« Les affaires sont réglées… reste encore le champ de bataille. À partir de maintenant, la Centaine va se mettre en mouvement. »</p><p>L’homme ôta la perruque rouge et le masque grotesque avec une joie visible. Apparurent alors ses cheveux d’un blanc pur, et un visage dont la beauté froide semblait se raffermir avec l’âge.</p><p>L’homme disparut dans les ruelles nocturnes.</p><p>○</p><p>Retour en arrière — au matin suivant l’attaque.</p><p>Un bureau sans fenêtres où l’on ne distinguait ni jour ni nuit. Un homme portant un masque de bouffon buvait son thé avec le plus profond ennui. Depuis la veille, il se refusait à réfléchir à quoi que ce soit. Il ne restait sur sa langue qu’une amertume tenace.</p><p>Si le plan avait fonctionné, il y aurait trouvé son compte ; à défaut, il aurait au moins entaché la famille royale. Si cela avait pu susciter un mouvement condamnant les « lubies » de cet homme, cela aurait eu un certain sens—</p><p>« Monsieur. Un rapport. »</p><p>Il attendait ce rapport, sans grand intérêt pour autant. Depuis ce jour-là, le monde s’était vidé de saveur et d’odeur. À quoi bon, désormais, que cet homme meure ou non ? Comme le disait « elle », sa famille ne comptait que des gens de bonne volonté. Dans ce cas, tout cela perdait de son sens.</p><p>« Je t’écoute. »</p><p>Cela ne servait qu’à passer le temps. Qu’avaient-ils fait ? Ce qui était perdu ne reviendrait pas.</p><p>« Premièrement, l’assassinat a échoué. Vlad est en vie. »</p><p>« Je vois. Dommage. »</p><p>« Ensuite, la guilde des assassins nous a transmis une proposition de nouvel assassinat. Honnêtement, je n’en ai pas cru mes oreilles. »</p><p>« Poursuis. Je jugerai si c’est idiot ou non. »</p><p>« Bien. Ils demandent cinq ans. Dans ce délai, ils promettent un assassinat plus misérable et plus spectaculaire encore. Ils demandent qu’on attende. Et souhaitent savoir s’ils devront payer le prix s’ils ne tiennent pas parole. »</p><p>« … Hm. »</p><p>Pour la première fois, l’homme masqué manifesta un réel intérêt. Il était évident qu’un second contrat d’assassinat posait problème. Même sous la protection de la famille royale, il suffirait normalement de six mois à un an pour prendre la tête de Vlad. Le véritable souci résidait dans ses mauvaises habitudes à lui. Même avec une protection renforcée—</p><p>« Cinq ans, donc. C’est long. »</p><p>Si la guilde des assassins se mettait sérieusement à l’ouvrage, il ne lui faudrait pas six mois pour prendre la tête de Vlad. Même sous protection royale, il suffirait d’une brèche. Avaient-ils vraiment l’intention de s’acharner durant cinq ans entiers ?</p><p>« Et au fait, qui a contrecarré l’assassinat ? Le vieux Valdias ? Ou bien le deuxième gendre d’Oswald, peut-être ? »</p><p>« Non. Il semblerait que le plus actif ait été le porteur de masque blanc dont on parle récemment : William Liwius. Le connaissez-vous, Monsieur ? »</p><p>« … Ah. C’est lui qui a attaqué Schlübester, je crois. On m’en a fait rapport. »</p><p>« Votre réseau est décidément bien prompt. Enfin, c’est naturel, j’imagine. »</p><p>« Un homme venu de l’étranger, portant un masque blanc, et passablement ivrogne, si je me souviens bien. »</p><p>« On dit qu’il vient de Lusitania, et qu’il a les cheveux blancs. D’après les rumeurs, il serait un homme assez remarquable. »</p><p>« Cheveux blancs ? Pas roux ? Certes, ce n’est pas parce qu’on porte le sang de Chaos qu’on est tous roux… Mais attends. »</p><p>L’homme se fustigea intérieurement. Le vieux majordome se tut, immobile, attendant que son maître aille au bout de sa réflexion.</p><p>« Lusitania… puis Arcadia… Pourquoi ? Galias aurait été un choix plus logique… À moins qu’il n’ait eu une raison impérieuse de choisir Arcadia… Et ces cheveux blancs, ce masque… »</p><p>L’homme releva la tête.</p><p>« Depuis quand William Liwius est-il apparu ? »</p><p>« Je n’ai pas le détail, mais une activité certaine est attestée à Laconia. »</p><p>« Vérifie. Il est temps que je me remette au travail. »</p><p>« Et Vlad ? »</p><p>« Cinq ans, ça ira. La lubie de la guilde des assassins m’intrigue. C’est presque amusant. Peut-être que cette idée vient d’ailleurs. En tout cas, enquête sur William Liwius. Il se peut que nous soyons amenés à nous rencontrer. »</p><p>« Bien, Monsieur. »</p><p>Le vieux serviteur se retira, laissant l’homme seul dans le bureau. Celui-ci se versa du thé brûlant et l’avala d’un trait, sans en goûter l’arôme. Il y décelait malgré tout une légère douceur.</p><p>Une nuance de couleur revint dans le monde à ses yeux.</p><p>« Si jamais, comme je le soupçonne, tout remontait jusqu’à lui, jusqu’à William Liwius, alors ce ne pourrait être qu’une tragédie. Je ne devrais pas m’en réjouir. Pourquoi ? Parce que je le sais déjà. Ce serait idiot… »</p><p>La pièce était remplie de livres venus d’autres pays. Il avait déjà lu tous les plus récents, sans exception. Des traductions d’exception, à mille lieues de la langue parlée courante, saisissant les nuances littéraires, les dialectes de chaque région, impossibles sans une connaissance approfondie. De véritables cristaux de technique.</p><p>Il en prit quelques-uns qu’il n’avait pas encore ouverts.</p><p>« J’étais convaincu d’être perdu après t’avoir perdue. J’ai payé le prix, là-bas, au loin… Je pensais n’avoir même pas été capable de tenir ma promesse de veiller sur lui. Une fois de plus, j’ai été impuissant. Mais— »</p><p>Il serra les livres contre sa poitrine et murmura :</p><p>« Si c’est lui… Même s’il est en enfer, s’il vit encore, alors un jour, je l’inviterai. Et je lui prouverai mon amour. S’il est encore en vie, je pourrai lui montrer à quel point je l’aimais, si seulement je parviens à le lui faire comprendre— »</p><p>Derrière le masque, les yeux de l’homme se mirent à briller.</p><p>Il était sans doute déjà trop tard. Pourtant, dans cet enfer, dans ce monde fou, il restait un mince salut, quelque chose de beau. En le lui transmettant, peut-être trouverait-il lui-même la rédemption — la force de se relever.</p><p>Il se résolut à rassembler les morceaux brisés de son cœur et à vivre pour cela.</p>
Revision Notes
Maintien strict du texte en français et des balises HTML existantes. Ajustement du ton narratif pour plus de fluidité et de cohérence (temps verbaux stabilisés, tournures allégées). Clarification de certaines phrases ambiguës tout en respectant le sens probable du texte source (ex. gestion de la distance de William avec Favela et Kyle, enjeux du commerce, rôle de Martin). Uniformisation des références et des titres ("Roi de la Nuit", "Royaume de la Nuit", "Centaine" pour l'unité, etc.). Correction de légères maladresses lexicales ou syntaxiques (ex. "pont dangereux à traverser" -> "pont dangereux à franchir", "se brisé" -> "se brisé" corrigé en "se brisé" contextuellement sous forme idiomatique : "tu t’es brisé ?", suppressions de répétitions inutiles). Affinement des dialogues pour respecter la voix des personnages et éviter les formulations trop modernes ou trop décalées pour un light novel de fantasy sombre. Clarification de quelques enchaînements logiques (motivations de William, conditions de l'assassinat sur cinq ans, intérêt du personnage masqué pour William Liwius). Maintien des termes clés (noms propres, lieux, fonctions) en cohérence avec les chapitres précédents probables et avec la version fournie. Clarify "Please leave my load. I will not lose you" more faithfully. Suggested: « Laissez-moi porter ce fardeau. Je ne vous décevrai pas. » or « Comptez sur moi, je ne vous décevrai pas. » to preserve the idea of William assuring Laurent, not "ne pas le laisser perdre". Where the original self-blames explicitly ("Then Omoto is the fault of William."), render it more directly: insérer une phrase du type : « Au fond, tout était la faute de William. » plutôt que de le laisser seulement implicite. For "Who wants to see you, such as how you burn your friends in work?", your version « Qui voudrait voir ses amis consumés par ses propres actes ? » est correcte en esprit, mais pour coller davantage: « Qui voudrait se voir en train de brûler ses propres amis au nom de son travail ? » ou « dans l’exercice de ses fonctions ? » afin de rendre la dimension réflexive et professionnelle. In the early line about Kyle’s expression, reduce the unwarranted equivalence: instead of « avec la même expression que celle de Kyle », use « avec une expression comme celle de Kyle lorsqu’il écrase un insecte nuisible » to stay closer to the simile. For "my load" / "mon load" (addressing Laurent), consider whether it reflects a respectful form (patron/protecteur) rather than "fardeau". If the Japanese source is 御荷 (patron / superior), replacing with « mon bienfaiteur » or dropping it in favor of a more natural address might improve both accuracy and fluency. Ensure all subtle cause-and-effect or meta commentary fragments are represented. For ambiguous source lines (e.g. regarding Omoto/fault, or the assassination plan’s intended side-effects), a brief but explicit rendering is preferable to silent omission, even if adapted: garder des phrases courtes qui conservent la logique, sans trop lisser. Maintain consistent terminology for the assassin organization and "Royaume de la Nuit" / "Roi de la Nuit" (already mostly consistent); verify capitalization rules across the whole chapter. Optional: In some expository areas, you condense hesitation/fragmented style into smooth prose. If the target project values stylistic fidelity, reintroduce a bit of that fragmentation (points de suspension, phrases plus courtes) to mirror the original’s tone while remaining grammatical.
Applied Recommendations
Improvement
Amélioration de la fluidité et du naturel en français.
Improvement
Correction des erreurs grammaticales et syntaxiques.
Improvement
Maintien du sens et de l’atmosphère de l’original (drame, noirceur, enjeux politiques).
Improvement
Préservation stricte des balises HTML et de la structure.
Improvement
Maintien de la cohérence terminologique (noms propres, rangs, entités).
Revision Details
Nov 13, 2025 10:12 AM
N/A
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