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3,041
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Nov 13, 2025
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Original Title

Chapitre 3

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<h1>Chapitre 3</h1><p>« Où est-il maintenant ? »</p><p>Kyle était toujours avec Favela dans la ruelle de l’arrière-rue où ils se retrouvaient tous les trois.</p><p>« …… »</p><p>On aurait dit que Favela n’avait pas la tête à ça. Kyle ne put qu’esquisser un sourire.</p><p>« Tu deviens vraiment silencieuse quand il n’y a pas quelqu’un que tu connais. »</p><p>« …… Et alors ? »</p><p>« C’est tout. »</p><p>« Hm. »</p><p>La conversation s’éteignit aussitôt. Al, Kyle et Favela, qui ne cessaient de bavarder lorsqu’ils étaient trois, devenaient ainsi dès qu’il en manquait un. Non, Al aurait dû être là—</p><p>« Favela, s’il revient… tu m’arrêteras ? »</p><p>« …… ? »</p><p>Favela pencha vivement la tête. Kyle fronça les sourcils.</p><p>« Je comprends, j’ai réglé ma dette envers lui, pour les cinq années où il a pris soin de moi. »</p><p>Les yeux de Favela s’abaissèrent. Qu’elle le comprenne ou non, Kyle poursuivit.</p><p>« J’ai fait appel, par ton intermédiaire, à la guilde des assassins… J’ai tué le patron et sa femme. J’ai incendié toute la boutique pour effacer les preuves. Prépare soigneusement un cadavre pour Al. »</p><p>Sans quitter Favela des yeux, à qui incomberait la responsabilité de ce meurtre, Kyle continua de parler seul. Le fait qu’elle ne proteste pas le mettait mal à l’aise.</p><p>« Je savais que, quelles qu’en soient les raisons, c’était une méthode trop indulgente. Ça m’a laissé un peu de temps libre. Si je brûle tout moi-même, que j’efface tous mes souvenirs et toutes les traces, cette fois c’est réglé, non ? »</p><p>Kyle fulminait. Favela restait d’un calme dérangeant.</p><p>« J’espère pour toi qu’ils n’étaient ni soldats ni gens de la garnison, Kyle. »</p><p>Une voix qui n’aurait pas dû se faire entendre à cet instant parvint à leurs oreilles. Surpris, tous deux se tournèrent vers la source. Là se tenait—</p><p>« Yo, vous deux. »</p><p>C’était Al, qui venait à peine de quitter le pays et qui s’apprêtait à agir. Ils ne l’auraient jamais imaginé rentrer aussi tôt, quoi qu’il ait fait.</p><p>« Pourquoi es-tu revenu, Al ? »</p><p>Même Favela avait la voix tremblante. De la surprise, de la joie, et bien d’autres émotions devaient la traverser. En la voyant, Al eut le même sourire habituel.</p><p>« Qui a dit que je partais longtemps ? J’ai parlé d’un départ… temporaire, non ? »</p><p>Il descendit les marches et s’approcha d’eux.</p><p>« Désolé—la mer de merde, ce sera pour une autre fois. »</p><p>Alors qu’Al prenait une pose satisfait de lui—</p><p>« Désolé, Al. »</p><p>Kyle lui flanqua son poing. Al fut projeté en arrière sous l’impact. Son visage se tordit de surprise et de douleur.</p><p>« Mais qu’est-ce qui te prend !? »</p><p>« Cet homme… tu disais qu’il était comme ta famille. Ton successeur, celui à qui tu confierais ta boutique un jour. Puisque tu n’as pas de fils, tu… toi, tu as… »</p><p>Kyle tremblait. Ce qu’avait fait Al était impardonnable. Moralement, éthiquement, humainement, rien ne pouvait le justifier. Cinq ans plus tôt, ce patron avait embauché un Al qui ne savait rien et ne savait même pas lire. C’était son bienfaiteur, celui qui lui avait donné du savoir. La dette était immense.</p><p>« Oui, c’était quelqu’un de bien. »</p><p>Al marmonna cela, l’air vaguement navré, en essuyant le sang au coin de sa bouche. La main de Kyle se figea.</p><p>« C’était quelqu’un de bien. »</p><p>S’il y avait au moins un regret chez lui, il serait encore possible de le rattraper. S’il restait une miette de remords, il pourrait expier.</p><p>« C’était quelqu’un de très… commode. »</p><p>Sans remords—sans la moindre conscience de sa faute. Pas même une poussière.</p><p>« Il m’a donné le savoir. Il m’a donné des connaissances. Il m’a offert un lieu où apprendre. C’était quelqu’un de très bien. Je lui en suis reconnaissant. Qu’il trouve le bonheur dans l’au-delà. »</p><p>Kyle ne reconnaissait plus l’homme devant lui. Il aurait tout accepté. Il savait qu’Al voulait venger sa sœur. Ça, il le comprenait. Mais ce monstre-là, devant lui, cherchait-il seulement encore à se venger ?</p><p>« Ma famille, c’est seulement Mlle Arlette. Mes amis, c’est seulement vous deux. En dehors de ça, rien n’a d’importance. Tout le reste m’est égal. »</p><p>Cinq ans les avaient-ils tordus à ce point ? Cela dépassait l’entendement de Kyle.</p><p>« Même ainsi, à partir de maintenant— »</p><p>Al sortit un parchemin de sa poche. Un document. Un billet vers l’avenir.</p><p>« Ceci est… une carte d’identité de citoyen tertiaire. Alors, comment tu te sens ? »</p><p>Citoyen tertiaire. Du premier au troisième rang : la preuve que l’on possède la citoyenneté de ce royaume dans cette capitale. Et un miracle : un document qu’un esclave ne peut pas obtenir, même en toute une génération.</p><p>« Ah oui, vous ne savez pas lire. Ça, c’est… une cession à votre profit, de la part d’un certain William de Lusitania. »</p><p>Kyle ne savait pas lire. Il pouvait à peine reconnaître la mention « citoyen de troisième classe » en en devinant la forme, mais pas le nom. Il ne pouvait pas savoir que le nom inscrit n’était pas celui d’Al.</p><p>« Tu l’as volée, et ce William alors, qui est-ce ? »</p><p>« Sans doute en train de pourrir au fond d’un trou quelconque, tu ne crois pas ? »</p><p>Al ne donnait pas l’impression d’un criminel endurci. Au contraire, il arborait juste ce sourire qui disait : “Tu vois comme c’est impressionnant ?”. Kyle en oublia presque sa colère, pétrifié. Il ne trouvait plus ses mots.</p><p>« Sur ces cartes d’identité, il y a des détails précis, des caractéristiques physiques, des empreintes. C’est difficile à usurper. »</p><p>Favela s’étonnait, mais différemment. Elle avait déjà vu des faux papiers. Cependant, la plupart étaient repérés. Même dans les bas-fonds, obtenir une carte de citoyen parfaitement authentique était ardu. Il arrivait parfois que des cartes d’autrui circulent au marché noir, mais elles étaient rarement utiles, et peu recherchées.</p><p>« Oui, exactement ! »</p><p>Al, qui n’attendait que ça, se tourna vers Favela.</p><p>« Les certificats de ce pays sont complexes, détaillés, impossibles à falsifier, inutiles à d’autres. Il y a les empreintes. C’est pour ça que ce royaume des Sept Couronnes a bonne réputation. Mais les autres pays, eux, ne sont pas pareils ! »</p><p>Kyle regarda Al, lentement.</p><p>« J’ai vu beaucoup de certificats grâce à mon travail dans la librairie d’importation. »</p><p>Al jubilait, illuminé de passion.</p><p>« Tous les pays ont des papiers, mais aucun ne se ressemble. Certains sont plus sophistiqués qu’en Arcadia… d’autres sont simplistes. Et la Lusitania fait partie des pays plutôt simples. Nom, adresse, pays, blason, sexe, âge, statut dans le pays, c’est tout, et… ce sont des choses qui peuvent très bien changer. »</p><p>Une méthode qu’aucun habitant de ce pays n’aurait imaginée. On ne songeait pas aux cartes d’identité étrangères, à moins de travailler dans ce genre de commerce. Al le savait. Alors il l’avait fait.</p><p>« La Lusitania est un pays de montagnes, une agglomération de quelques villages. Les écarts de statut y sont faibles, beaucoup naissent et meurent dans leur village. Il existe des certificats pour les gens de l’extérieur, mais ils ont peu de valeur. C’est bourré de failles. »</p><p>Al claqua la langue avec amusement. Parmi plusieurs options, la Lusitania faisait partie de ses meilleurs candidats. Et, pour Al, ce William était apparu comme une proie sans défense. Intéressante, facile.</p><p>« Quand je suis passé par la porte principale, j’étais mort de trouille, tu sais. Au moindre soupçon, je crevais sur place. Mais une fois remplacée, cette peur s’est changée en euphorie, et maintenant, je suis sur la ligne de départ ! »</p><p>Favela applaudit sans expression.</p><p>Al avait bel et bien accompli un exploit. Un ancien esclave venait de saisir quelque chose qui aurait dû lui être à jamais inaccessible.</p><p>« Al, tu te trompes. »</p><p>Mais ce miracle avait été bâti sur le cercueil d’un homme.</p><p>« Kyle, de quoi tu te mêles ? On ne va pas pleurer sur le sort d’étrangers. »</p><p>Favela leva de nombreuses objections. Elle partageait l’opinion d’Al. Les frontières entre “eux” et “nous” étaient claires à ses yeux, le reste ne comptait pas.</p><p>La lueur qui avait traversé Kyle s’éteignit, et Favela perdit aussi de sa superbe.</p><p>« Je n’ai pas envie de te le balancer, mais toi aussi, comme gladiateur, tu as déjà tué une ou deux personnes, non ? Des voleurs, des bandits. C’est ce que tu dis. Alors, tu peux le blâmer ? Tu ne trouves pas ça contradictoire ? »</p><p>Kyle baissa les yeux. Al renifla avec suffisance.</p><p>« … Oui. Peu importe le contexte, ça reste impardonnable. Un jour, je paierai, et Favela aussi. »</p><p>Un frisson monta le long de l’échine d’Al. L’atmosphère autour de Kyle avait totalement changé.</p><p>« Mais toi, je ne voulais pas que tu tombes là-dedans. Tu étais un esclave affranchi. Je voulais que tu vives libre, que tu restes à la librairie, que tu aies une vie droite ! »</p><p>Kyle porta la main à l’épée à sa taille. Dès que la lame apparut hors du fourreau, une intention meurtrière jaillit.</p><p>« Il est encore temps. Moi, je vivrai avec le remords et le péché. Je suis allé trop loin pour m’arrêter. Mais toi, tu peux encore. Ce certificat… tu peux t’en servir pour vivre honnêtement. »</p><p>Il voulait qu’Al fasse demi-tour. La loi ne lui permettrait plus de racheter sa faute. Quoi qu’il arrive, l’unique issue serait la peine de mort. Alors Kyle se tut sur ce point. Au moins, qu’il garde un cœur humain.</p><p>« Tu plaisantes ? C’est maintenant que tout commence. À partir d’ici, je ne choisirai plus mes moyens ! Fini les détours, je piétinerai qui il faudra pour grimper ! »</p><p>En l’entendant, Kyle dégaina. Il coupa court à toute hésitation, tira la force qu’il n’utilisait jamais. C’était sa façon à lui de prouver son amitié.</p><p>Al frémit. C’était une tout autre présence que lors des entraînements. Il n’avait jamais vu la Mort, mais en cet instant, Kyle s’en rapprochait.</p><p>« Jusqu’à ce que tu t’arrêtes, je te trancherai. Tu ne mourras pas… mais tu auras mal. »</p><p>« Arrête, Kyle. On n’a pas à se battre. »</p><p>Favela tenta de s’interposer.</p><p>« Oh, c’est bien, Favela. Toujours à me faire la leçon… tu joues au grand frère maintenant ? »</p><p>Mais elle fut retenue, et Al dégaina à son tour. C’était une épée de Lusitania, forgée par le père de William. Un joyau qu’on voyait rarement dans ce pays.</p><p>« Belle épée. Tu l’as prise aussi ? »</p><p>« Ouais, un souvenir de William. Elle ne coupe pas, Kyle ! »</p><p>Al cherchait à le menacer.</p><p>« Ah oui ? »</p><p>La sensation d’être dominé d’en haut, écrasé : cette pression submergea Al. Personne ne lui avait jamais imposé une telle présence. Et l’écart d’expérience entre eux était sans commune mesure. Voilà le véritable pouvoir de Kyle.</p><p>« Même si je dois crever, je reculerai pas ! »</p><p>Al leva son épée et se jeta sur lui. Son mouvement était étonnamment vif pour un rat de bibliothèque. Raisonné, précis. C’était bien lui. Mais—</p><p>« Calme-toi. … Tu ne peux pas me tuer. »</p><p>Kyle bougea bien plus vite qu’Al ne pouvait réagir—</p><p>« Guh ! »</p><p>—et lui enfonça le plat de la lame dans le ventre. Un seul coup, mais les frappes de Kyle n’avaient rien d’ordinaire. Avec un tour de poignet maîtrisé, il projeta Al contre le mur. En technique pure aussi, il le surpassait.</p><p>« Renonce. Tu peux encore revenir en arrière. »</p><p>« La ferme, la ferme, la ferme ! »</p><p>Al se releva et revint à la charge. Il se croyait brillant. Au-dessus des autres.</p><p>« Ça ne sert à rien. »</p><p>Ses certitudes se fissuraient, morceau après morceau.</p><p>Chaque fois qu’Al fonçait, Kyle l’abattait sans pitié. Il le frappait avec le plat de la lame pour lui faire sentir l’écart entre eux. C’était difficile, physiquement et techniquement. Al ne l’atteignait jamais. Favela essayait de s’interposer, mais ni Kyle ni Al ne s’arrêtaient.</p><p>« Arrêtez… »</p><p>Favela pleurait. Son visage restait impassible, mais des larmes coulaient.</p><p>« Tu vas abandonner, hein ? Tu pleures. On pleure, nous aussi. On voudrait que tu sois heureux. On voudrait que tu vives droitement. On te connaît, on est tes amis. »</p><p>Le visage de Kyle était déformé par les larmes. En regardant Al gisant au sol, ses yeux vacillaient.</p><p>« Ne te fous pas de moi… »</p><p>Et pourtant, Al se releva, l’épée pointée vers lui.</p><p>« Heureux ? Vivre droitement ? Ridicule, ridicule, ridicule ! »</p><p>Al hurla. Un cri venu du fond du cœur.</p><p>Il leva l’épée et la planta vers Kyle. Kyle n’eut pas d’autre choix que de bloquer avec le plat.</p><p>Les deux s’affrontèrent de force.</p><p>« Qui me l’a prise en premier ? Qui me l’a enlevée ? Pourquoi je devrais tout ravaler et me taire ? Celui qui l’a tuée, ceux qui l’ont couvert, cette société entière qui leur pardonne ! Où est ce bonheur dont tu parles !? Tu peux me rendre les jours d’avant !? »</p><p>Sa voix écrasait l’air, pétrissait l’espace. L’émotion refoulée depuis ce jour explosa enfin.</p><p>Kyle ne pouvait qu’encaisser. Il n’avait pas le droit de le nier. Il laissa filer, continua à le frapper avec le plat de la lame. Il aurait pu le mettre hors de combat techniquement, mais pas en tant qu’ami.</p><p>« Si tu ne peux pas, alors ne m’arrête pas. Ne nie pas ma vie. Il ne me reste déjà plus que vous deux. Ceux qui la connaissaient, vous deux… je ne peux pas vous laisser le nier. »</p><p>Al sanglotait. La scène semblait revenir cinq ans en arrière. Le gamin d’alors était toujours là.</p><p>« Al, toi… »</p><p>Enfin, Kyle comprit ce qu’il y avait au fond de lui. La vengeance s’était fondue en lui. Elle avait gonflé, tout englouti, et était devenue sa raison de vivre. Ce n’était peut-être même plus de la vengeance.</p><p>« Si tu veux le nier, alors tue-moi. Tue-moi tue-moi tue-moi tue-moi tue-moi tue-moi tue-moi ! »</p><p>C’était inévitable, dans sa simplicité. Sa sœur était tout pour Al. Elle occupait presque tout son être. Qu’il bascule ainsi n’avait rien d’étonnant.</p><p>« Si tu tues Al, je te le pardonnerai pas. »</p><p>Favela tira un poignard de quelque part et le braqua sur Kyle.</p><p>« On est amis… non ? »</p><p>Face aux mots de Favela, Kyle ne put qu’abaisser son épée. Peu importe ce qu’il dirait : tant qu’il ne le tuerait pas, il ne pourrait pas l’arrêter. Et Kyle ne pouvait pas tuer son ami.</p><p>« Al, je ne peux pas approuver. Mais je ne peux pas t’arrêter. »</p><p>Kyle rengaina. L’atmosphère redevint celle du Kyle habituel. À qui ressemblait-il, à cet instant ?</p><p>En le voyant, Al poussa un soupir de soulagement.</p><p>« Je ferai de mon mieux pour que tu finisses par l’accepter, Kyle. Parce qu’on est amis. »</p><p>Les mots d’Al tombaient à côté. Ils percevaient tous deux ce décalage, mais ne pouvaient rien y changer. Al était condamné à avancer, Kyle incapable de tuer son meilleur ami. Et malgré tout, ils restaient amis.</p><p>« Alors, tu comptes faire quoi maintenant ? »</p><p>À la question de Kyle, le visage d’Al s’illumina. Il rengaina et se tourna vers lui.</p><p>« Oui, oui… D’abord, puisqu’il y a la guerre, je vais au front. C’est pour ça que j’ai cette carte de citoyen du troisième rang. Je m’engage volontairement, je pars sur la ligne de front dans les territoires limitrophes. Ce sera mon tremplin pour la suite. »</p><p>Al posa sur eux un regard malicieux. S’il partait au front, il ne reviendrait pas de sitôt. Selon l’évolution de la guerre, il pouvait disparaître plusieurs années.</p><p>« Tout ce que je peux dire, c’est que je vivrai, ou je mourrai. »</p><p>« Fais ce que tu as à faire, Al. On t’attendra ici. »</p><p>« Merci à vous deux. Je ferai de mon mieux. »</p><p>Ils étaient proches. Mais même entre meilleurs amis, tout ne peut pas être partagé. Même en comprenant, il y a des choses qu’on ne peut pas faire.</p><p>« Au fait, Al. Ton maniement de l’épée, c’était pas mal. »</p><p>Al fit une moue, peu satisfait du commentaire de Kyle.</p><p>« On s’y remettra. »</p><p>Kyle lui frotta la tête d’une main, décoiffant un Al renfrogné.</p><p>« T’es fort. Même dans l’arène, t’es pas mauvais. Un petit prétentieux, mais pas mauvais. »</p><p>« Arrête, lâche-moi ! »</p><p>« Gahaha, pardon. »</p><p>« … Pfff. »</p><p>« Favela vient de rire ? »</p><p>Ils retrouvèrent leur dynamique habituelle. Tous trois savaient pourtant qu’ils marchaient sur une fine couche de glace. Justement parce qu’elle était fragile, ils voulaient en prendre soin. Conscients que cela ne durerait pas éternellement—</p><p>« Pour l’instant, ne meurs pas, Al. »</p><p>« Compris, Kyle. »</p><p>Al s’en alla. Pour grimper, quel qu’en soit le prix.</p><p>S’il avait existé un seul moment où l’on pouvait encore tout arrêter, c’était ici, avec Al. Plus tard, Kyle le regretta. Il aurait fallu lui trancher les membres et le clouer sur place. Non, plus tôt encore, il aurait fallu l’empêcher de commettre ce qu’il avait fait—</p><p>Mais l’histoire n’admet pas les “si”.</p><p>Al continua d’avancer. Même si la route baignait dans le sang, il ne s’arrêterait plus.</p>

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Chapitre 3

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<h1>Chapitre 3</h1><p>« Où est-il maintenant ? »</p><p>Kyle se trouvait comme toujours avec Favela dans la ruelle de l’arrière-cour où ils se retrouvaient habituellement tous les trois.</p><p>« …… »</p><p>On aurait dit que Favela n’avait pas la tête à ça. Kyle ne put qu’esquisser un sourire.</p><p>« Tu deviens vraiment silencieuse quand il n’y a personne que tu connais. »</p><p>« …… Et alors ? »</p><p>« C’est tout. »</p><p>« Hm. »</p><p>La conversation s’éteignit aussitôt. Al, Kyle et Favela, qui n’arrêtaient jamais de parler lorsqu’ils étaient trois, devenaient comme ça dès qu’il en manquait un. Non, Al aurait dû être là—</p><p>« Favela, s’il revient… tu m’arrêteras ? »</p><p>« …… ? »</p><p>Favela pencha vivement la tête. Kyle fronça les sourcils.</p><p>« Je comprends. J’ai remboursé la dette que j’avais envers lui pour les cinq années où il a pris soin de moi. »</p><p>Les yeux de Favela s’abaissèrent. Qu’elle le comprenne ou non, Kyle poursuivit.</p><p>« J’ai fait appel, par ton intermédiaire, à la guilde des assassins… J’ai tué le patron et sa femme. J’ai incendié toute la boutique pour effacer les preuves. Prépare soigneusement un cadavre pour Al. »</p><p>Sans quitter Favela des yeux, à qui incomberait la responsabilité de ce meurtre, Kyle continua de parler seul. Le fait qu’elle ne proteste pas le mettait mal à l’aise.</p><p>« Je savais que, quelles qu’en soient les raisons, c’était une méthode trop indulgente. Ça m’a laissé un peu de temps libre. Si je brûle tout moi-même, que j’efface tous mes souvenirs et toutes les traces, ce sera enfin terminé, non ? »</p><p>Kyle fulminait. Favela restait d’un calme dérangeant.</p><p>« J’espère pour toi qu’ils n’étaient ni soldats ni gens de la garnison, Kyle. »</p><p>Une voix qui n’aurait pas dû se faire entendre à cet instant parvint à leurs oreilles. Surpris, tous deux se tournèrent vers la source. Là se tenait—</p><p>« Yo, vous deux. »</p><p>C’était Al, qui venait de quitter le pays et s’apprêtait à passer à l’action. Quoi qu’il ait fait, ils n’auraient jamais imaginé le voir rentrer aussi tôt.</p><p>« Pourquoi es-tu revenu, Al ? »</p><p>Même Favela avait la voix tremblante. La surprise, la joie, et diverses émotions devaient la traverser. En la voyant, Al afficha son sourire habituel.</p><p>« Qui a dit que je partais longtemps ? J’ai parlé d’un départ… temporaire, non ? »</p><p>Il descendit les marches et s’approcha d’eux.</p><p>« Désolé—la mer de merde, ce sera pour une autre fois. »</p><p>Alors qu’Al prenait une pose, satisfait de lui—</p><p>« Désolé, Al. »</p><p>Kyle lui flanqua son poing. Al fut projeté en arrière sous l’impact. Son visage se tordit de surprise et de douleur.</p><p>« Mais qu’est-ce qui te prend !? »</p><p>« Cet homme… tu disais qu’il était comme ta famille. Le successeur qui reprendrait ta boutique un jour. Puisque tu n’as pas de fils, toi, tu as… »</p><p>Kyle tremblait. Ce qu’avait fait Al était impardonnable. Moralement, éthiquement, humainement, rien ne pouvait le justifier. Cinq ans plus tôt, ce patron avait embauché un Al qui ne savait rien et ne savait même pas lire. C’était son bienfaiteur, celui qui lui avait donné le savoir. La dette était immense.</p><p>« Oui, c’était quelqu’un de bien. »</p><p>Al marmonna cela, l’air vaguement navré, en essuyant le sang au coin de ses lèvres. La main de Kyle se figea.</p><p>« C’était quelqu’un de bien. »</p><p>S’il restait en lui ne serait-ce qu’un regret, il serait encore possible de le rattraper. S’il restait une miette de remords, il pourrait expier.</p><p>« C’était quelqu’un de très… commode. »</p><p>Aucun remords—aucune conscience de sa faute. Pas même une poussière.</p><p>« Il m’a donné le savoir. Il m’a donné des connaissances. Il m’a offert un lieu où apprendre. C’était quelqu’un de très bien. Je lui en suis reconnaissant. Qu’il trouve le bonheur dans l’au-delà. »</p><p>Kyle ne reconnaissait plus l’homme devant lui. Il aurait tout accepté. Il savait qu’Al voulait venger sa sœur. Ça, il le comprenait. Mais cette créature-là, devant lui, cherchait-elle seulement encore à se venger ?</p><p>« Ma famille, c’est seulement Mlle Arlette. Mes amis, c’est seulement vous deux. En dehors de ça, rien n’a d’importance. Tout le reste m’est égal. »</p><p>Cinq ans l’avaient-ils déformé à ce point ? Cela dépassait l’entendement de Kyle.</p><p>« Même ainsi, à partir de maintenant— »</p><p>Al sortit un parchemin de sa poche. Un document. Un billet pour l’avenir.</p><p>« Ceci est… une carte d’identité de citoyen de troisième rang. Alors, comment tu te sens ? »</p><p>Citoyen de troisième rang. Du premier au troisième rang : la preuve que l’on possède la citoyenneté de ce royaume dans la capitale. Et un miracle : un document qu’un esclave ne peut pas obtenir, même sur toute une génération.</p><p>« Ah oui, vous ne savez pas lire. Ça, c’est… un transfert en votre faveur, de la part d’un certain William de Lusitania. »</p><p>Kyle ne savait pas lire. Il parvint seulement à deviner la mention « citoyen de troisième rang » d’après la forme des caractères, mais pas le nom. Il ne pouvait pas savoir que le nom inscrit n’était pas celui d’Al.</p><p>« Tu l’as volée, et ce William, alors, qui est-ce ? »</p><p>« Sans doute en train de pourrir au fond d’un trou quelconque, tu ne crois pas ? »</p><p>Al ne donnait pas l’impression d’un criminel endurci. Au contraire, il arborait ce sourire qui disait simplement : « Tu vois comme c’est impressionnant ? ». Kyle en oublia presque sa colère, pétrifié. Il ne trouvait plus ses mots.</p><p>« Sur ces cartes d’identité, il y a des détails précis, des caractéristiques physiques, des empreintes. C’est difficile à usurper. »</p><p>Favela s’étonnait, mais différemment. Elle avait déjà vu des faux papiers. Cependant, la plupart étaient repérés. Même dans les bas-fonds, obtenir une carte de citoyen parfaitement valable était ardu. Il arrivait parfois que des cartes d’autrui circulent au marché noir, mais elles étaient rarement utiles, et peu recherchées.</p><p>« Oui, exactement ! »</p><p>Al, qui n’attendait que ça, se tourna vers Favela.</p><p>« Les certificats de ce pays sont complexes, détaillés, impossibles à falsifier, inutilisables par d’autres. Il y a les empreintes. C’est pour ça que ce royaume des Sept Couronnes est si bien protégé. Mais les autres pays, eux, ne sont pas pareils ! »</p><p>Kyle regarda Al, lentement.</p><p>« J’ai vu beaucoup de certificats grâce à mon travail dans une librairie d’importation. »</p><p>Al jubilait, illuminé par sa propre ingéniosité.</p><p>« Tous les pays ont des papiers, mais aucun ne se ressemble. Certains sont plus sophistiqués qu’en Arcadia… d’autres sont simplistes. Et la Lusitania fait partie des pays plutôt simples. Nom, adresse, pays, blason, sexe, âge, statut dans le pays, c’est tout, et… ce sont des choses qui peuvent très bien changer. »</p><p>Une méthode qu’aucun habitant de ce pays n’aurait imaginée. On ne songeait pas aux cartes d’identité étrangères, à moins de travailler dans ce genre de commerce. Al le savait. Alors il l’avait fait.</p><p>« La Lusitania est un pays de montagnes, un regroupement de quelques villages. Les écarts de statut y sont faibles, beaucoup naissent et meurent dans leur village. Il existe des certificats pour les étrangers, mais ils ont peu de valeur. C’est bourré de failles. »</p><p>Al claqua la langue avec amusement. Parmi plusieurs options, la Lusitania faisait partie de ses meilleurs candidats. Et, pour Al, ce William avait été un canard sans défense. Intéressant, facile.</p><p>« Quand je suis passé par la porte principale, j’étais mort de trouille, tu sais. Au moindre soupçon, je crevais sur place. Mais une fois le remplacement effectué, cette peur s’est changée en euphorie, et maintenant, je suis sur la ligne de départ ! »</p><p>Favela applaudit sans expression.</p><p>Al avait bel et bien accompli un exploit. Un ancien esclave venait de saisir quelque chose qui aurait dû lui être à jamais inaccessible.</p><p>« Al, tu te trompes. »</p><p>Mais ce miracle avait été bâti sur le cercueil d’un homme.</p><p>« Kyle, de quoi tu te mêles ? On ne va pas pleurer sur le sort d’étrangers. »</p><p>Favela enchaîna les objections. Elle partageait l’opinion d’Al. À ses yeux, la frontière entre « eux » et « nous » était nette, le reste ne comptait pas.</p><p>La lueur qui avait traversé Kyle s’éteignit, et Favela perdit aussi de sa superbe.</p><p>« Je n’ai pas envie de te le balancer, mais toi aussi, comme gladiateur, tu as déjà tué une ou deux personnes, non ? Des voleurs, des bandits. C’est ce que tu dis. Alors, tu peux le blâmer ? Tu ne trouves pas ça contradictoire ? »</p><p>Kyle baissa les yeux. Al renifla avec suffisance.</p><p>« … Oui. Peu importe le contexte, ça reste impardonnable. Un jour, je paierai, et Favela aussi. »</p><p>Un frisson remonta le long de l’échine d’Al. L’atmosphère autour de Kyle avait totalement changé.</p><p>« Mais toi, je ne voulais pas que tu tombes là-dedans. Tu étais un esclave affranchi. Je voulais que tu vives libre, que tu restes à la librairie, que tu aies une vie droite ! »</p><p>Kyle porta la main à l’épée à sa taille. Dès que la lame apparut hors du fourreau, une intention meurtrière jaillit.</p><p>« Il est encore temps. Moi, je vivrai avec le remords et le péché. J’ai trop avancé pour m’arrêter. Mais toi, tu peux encore. Ce certificat… tu peux t’en servir pour vivre honnêtement. »</p><p>Il voulait qu’Al fasse demi-tour. La loi ne lui permettrait plus de racheter sa faute. Quoi qu’il arrive, l’unique issue serait la peine de mort. Alors Kyle se tut sur ce point. Au moins, qu’il garde un cœur humain.</p><p>« Tu plaisantes ? C’est maintenant que tout commence. À partir d’ici, je ne choisirai plus mes moyens ! Fini les détours, je piétinerai qui il faudra pour grimper ! »</p><p>En l’entendant, Kyle dégaina. Il trancha court à toute hésitation, puisa dans la force qu’il n’utilisait jamais. C’était sa façon à lui de prouver son amitié.</p><p>Al frémit. C’était une tout autre présence que lors des entraînements. Il n’avait jamais vu la Mort, mais en cet instant, Kyle s’en rapprochait.</p><p>« Jusqu’à ce que tu t’arrêtes, je te couperai. Tu ne mourras pas… mais tu auras mal. »</p><p>« Arrête, Kyle. On n’a pas à se battre. »</p><p>Favela tenta de s’interposer.</p><p>« Oh, c’est bien, Favela. Toujours à me faire la leçon… tu joues au grand frère maintenant ? »</p><p>Mais elle fut retenue, et Al dégaina à son tour. C’était une épée de Lusitania, forgée par le père de William. Un joyau qu’on voyait rarement dans ce pays.</p><p>« Belle épée. Tu l’as prise aussi ? »</p><p>« Ouais, un souvenir de William. Elle coupe bien, Kyle ! »</p><p>Al cherchait à le menacer.</p><p>« Ah oui ? »</p><p>La sensation d’être dominé d’en haut, écrasé : cette pression submergea Al. Personne ne lui avait jamais imposé une telle présence. Et l’écart d’expérience entre eux était sans commune mesure. Voilà le véritable pouvoir de Kyle.</p><p>« Même si je dois crever, je reculerai pas ! »</p><p>Al leva son épée et se jeta sur lui. Son mouvement était étonnamment vif pour un rat de bibliothèque. Raisonné, précis. C’était bien lui. Mais—</p><p>« Calme-toi… Tu ne peux pas me tuer. »</p><p>Kyle bougea bien plus vite qu’Al ne pouvait réagir—</p><p>« Guh ! »</p><p>—et lui enfonça le plat de la lame dans le ventre. Un seul coup, mais les frappes de Kyle n’avaient rien d’ordinaire. D’un tour de poignet maîtrisé, il projeta Al contre le mur. En technique pure aussi, il le surpassait.</p><p>« Renonce. Tu peux encore revenir en arrière. »</p><p>« La ferme, la ferme, la ferme ! »</p><p>Al se releva et revint à la charge. Il se croyait brillant. Au-dessus des autres.</p><p>« Ça ne sert à rien. »</p><p>Ses certitudes se fissuraient, morceau après morceau.</p><p>Chaque fois qu’Al fonçait, Kyle l’abattait sans pitié. Il le frappait avec le plat de la lame pour lui faire sentir l’écart entre eux. C’était difficile, physiquement et techniquement. Al ne l’atteignait jamais. Favela essayait de s’interposer, mais ni Kyle ni Al ne s’arrêtaient.</p><p>« Arrêtez… »</p><p>Favela pleurait. Son visage restait impassible, mais des larmes coulaient.</p><p>« Tu vas abandonner, hein ? Tu pleures. On pleure, nous aussi. On voudrait que tu sois heureux. On voudrait que tu vives droitement. On te connaît, on est tes amis. »</p><p>Le visage de Kyle était déformé par les larmes. En regardant Al gisant au sol, ses yeux vacillaient.</p><p>« Ne te fous pas de moi… »</p><p>Et pourtant, Al se releva, l’épée pointée vers lui.</p><p>« Heureux ? Vivre droitement ? Ridicule, ridicule, ridicule ! »</p><p>Al hurla. Un cri venu du fond du cœur.</p><p>Il leva l’épée et la planta vers Kyle. Kyle n’eut d’autre choix que de bloquer avec le plat.</p><p>Les deux s’affrontèrent de force.</p><p>« Qui me l’a prise en premier ? Qui me l’a enlevée ? Pourquoi je devrais tout ravaler et me taire ? Celui qui l’a tuée, ceux qui l’ont couvert, cette société entière qui les absout ! Où est ce bonheur dont tu parles !? Tu peux me rendre les jours d’avant !? »</p><p>Sa voix écrasait l’air, pétrissait l’espace. L’émotion refoulée depuis ce jour explosa enfin.</p><p>Kyle ne pouvait qu’encaisser. Il n’avait pas le droit de le nier. Il laissa filer, continua à le frapper avec le plat de la lame. Il aurait pu le mettre hors de combat, mais pas en tant qu’ami.</p><p>« Si tu ne peux pas, alors ne m’arrête pas. Ne nie pas ma vie. Il ne me reste déjà plus que vous deux. Ceux qui la connaissaient, vous deux… je ne peux pas vous laisser nier ça. »</p><p>Al sanglotait. La scène semblait revenir cinq ans en arrière. Le gamin d’alors était toujours là.</p><p>« Al, toi… »</p><p>Enfin, Kyle comprit ce qu’il y avait au fond de lui. La vengeance s’était fondue en lui. Elle avait gonflé, tout englouti, et était devenue sa raison de vivre. Ce n’était peut-être même plus de la vengeance.</p><p>« Si tu veux le nier, alors tue-moi. Tue-moi tue-moi tue-moi tue-moi tue-moi tue-moi tue-moi ! »</p><p>C’était inévitable dans sa logique brute. Sa sœur était tout pour Al. Elle occupait presque tout son être. Qu’il bascule ainsi n’avait rien d’étonnant.</p><p>« Si tu tues Al, je te le pardonnerai pas. »</p><p>Favela tira un poignard de quelque part et le braqua sur Kyle.</p><p>« On est amis… non ? »</p><p>Face aux mots de Favela, Kyle ne put qu’abaisser son épée. Peu importe ce qu’il dirait : tant qu’il ne le tuerait pas, il ne pourrait pas l’arrêter. Et Kyle ne pouvait pas tuer son ami.</p><p>« Al, je ne peux pas approuver. Mais je ne peux pas t’arrêter. »</p><p>Kyle rengaina. L’atmosphère redevint celle du Kyle habituel. À qui ressemblait-il, à cet instant ?</p><p>En le voyant, Al poussa un soupir de soulagement.</p><p>« Je ferai de mon mieux pour que tu finisses par l’accepter, Kyle. Parce qu’on est amis. »</p><p>Les mots d’Al tombaient à côté. Ils percevaient tous deux ce décalage, mais ne pouvaient rien y changer. Al était condamné à avancer, Kyle incapable de tuer son meilleur ami. Et malgré tout, ils restaient amis.</p><p>« Alors, tu comptes faire quoi maintenant ? »</p><p>À la question de Kyle, le visage d’Al s’illumina. Il rengaina et se tourna vers lui.</p><p>« Oui, oui… D’abord, puisqu’il y a la guerre, je vais au front. C’est pour ça que j’ai cette carte de citoyen de troisième rang. Je m’engage volontairement, je pars sur la ligne de front dans les territoires limitrophes. Ce sera mon tremplin pour la suite. »</p><p>Al posa sur eux un regard malicieux. S’il partait au front, il ne reviendrait pas de sitôt. Selon l’évolution de la guerre, il pourrait ne pas revenir avant plusieurs années.</p><p>« Tout ce que je peux dire, c’est que je vivrai, ou je mourrai. »</p><p>« Fais ce que tu as à faire, Al. On t’attendra ici. »</p><p>« Merci à vous deux. Je ferai de mon mieux. »</p><p>Ils étaient proches. Mais même entre meilleurs amis, tout ne peut pas être partagé. Même en comprenant, il y a des choses qu’on ne peut pas faire.</p><p>« Au fait, Al. Ton maniement de l’épée, c’était pas mal. »</p><p>Al fit une moue, peu satisfait du commentaire de Kyle.</p><p>« On s’y remettra. »</p><p>Kyle lui frotta la tête d’une main, décoiffant un Al renfrogné.</p><p>« T’es fort. Même dans l’arène, tu ferais bonne figure. Un petit prétentieux, mais pas mauvais. »</p><p>« Arrête, lâche-moi ! »</p><p>« Gahaha, pardon. »</p><p>« … Pfff. »</p><p>« Favela vient de rire ? »</p><p>Ils retrouvèrent leur dynamique habituelle. Tous trois savaient pourtant qu’ils marchaient sur une fine couche de glace. Justement parce qu’elle était fragile, ils voulaient en prendre soin. Conscients que cela ne durerait pas éternellement—</p><p>« Pour l’instant, ne meurs pas, Al. »</p><p>« Compris, Kyle. »</p><p>Al s’en alla. Pour grimper, quel qu’en soit le prix.</p><p>S’il avait existé un seul moment où l’on pouvait encore tout arrêter, c’était ici, avec Al. Plus tard, Kyle le regretta. Il aurait fallu lui trancher les membres et le clouer sur place. Non, plus tôt encore, il aurait fallu l’empêcher d’accomplir ce qu’il avait fait—</p><p>Mais l’histoire n’admet pas les « si ».</p><p>Al continua d’avancer. Même si la route baignait dans le sang, il ne s’arrêterait plus.</p>

Revision Notes

Harmonisation du ton narratif : style soutenu mais fluide, cohérent avec un light novel sombre. Clarification de plusieurs phrases ambiguës tout en respectant le sens implicite (ex. 'billet vers l’avenir', 'cercueil d’un homme'). Correction systématique des erreurs grammaticales, accords et ponctuation (espaces insécables françaises avant ? ! ; concordance des temps). Maintien et renforcement de la cohérence des relations entre personnages (amis, dette, vengeance) sans ajout d’informations étrangères. Uniformisation des termes techniques et du worldbuilding : 'citoyen de troisième rang', 'royaume des Sept Couronnes', 'carte d’identité', 'Lusitania'. Ajustement des dialogues pour les rendre plus naturels en français, en conservant le registre oral des personnages. Correction de micro-incohérences internes (épée 'ne coupe pas' / menace) pour rester fidèle à l’idée originale de menace réelle. Préservation stricte de la structure HTML fournie. If the goal is strict fidelity to this provided English source, reduce interpretative smoothing and preserve more of the jagged/emphatic style (broken phrases, repetitions, outbursts). Currently, the French reads like a revised, more polished version. Revisit emotionally charged lines to keep Al’s instability sharper. For instance, reinforce repetitions and fragmented syntax around his breakdown and the "Kill me" / "ridicule" tirades to mirror the original intensity. The line "Je savais que, quelles qu’en soient les raisons, c’était une méthode trop indulgente" could more literally echo the self-critique: e.g. « J’ai bien pensé que c’était une procédure trop douce, quoi qu’il en soit. » to keep closer to the idea of him judging it "sweet" rather than purely "indulgente" with clear logic. For "Kyle is jealous. Inconvenient favera.", consider something closer in nuance while remaining idiomatic: « Kyle bouillonnait. L’attitude de Favela le mettait mal à l’aise. » instead of "fulminait" + "calme dérangeant" if you want to avoid over-interpretation. Maintain the full force of sequences like "Kill it Kill it Kill it..." — you can intentionally lengthen and keep the obsessive rhythm ("Tue-moi, tue-moi, tue-moi, tue-moi, tue-moi…") to match the original escalation. Ensure consistency in worldbuilding terminology is backed by prior chapters. If "Sept Couronnes" or "Arcadia" are translator insertions, confirm they match established canon; otherwise, keep closer to the source wording. Where the source is obviously mistranslated (e.g. "Japan", "sea of feces"), your corrections are reasonable, but document these as deliberate fixes if this is for an official or reference-quality edition. Tighten a few expository sentences that over-explain internal logic compared to the source; maintain the balance between clarity and preserving the raw, sometimes unclear narrative voice.

Applied Recommendations
Improvement

Améliorer la fluidité tout en restant fidèle au texte source.

Improvement

Corriger la grammaire, la ponctuation et les accords.

Improvement

Assurer la cohérence terminologique et des noms propres.

Improvement

Préserver les balises et la mise en forme HTML existantes.

Improvement

Conserver le texte uniquement en français, sans traduction vers une autre langue.

Improvement

Respecter le ton et la caractérisation des personnages propres au light novel.

Revision Details
Revision Date:
Nov 13, 2025 8:02 AM
Processing Time:
N/A
Character Count:
16,043 chars
Reading Time:
~16 min